Chapitre 1 - Le Cactus Bleu

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(La scène se passe juste après la fin du premier livre "Montez !")

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Après le discours "historique" de François aux Urgences, Mamie et Papi rentrèrent chez eux en embrassant leur petit-fils et leur "future belle-fille" en leur souhaitant "plein de bonnes choses à venir !"

Les agents Ponce et Rafeu saluèrent les grands-parents et donnèrent rendez-vous aux deux tourtereaux le lendemain à 8h30 au commissariat, pour s'acquitter de leur amende et les libérer définitivement de leurs bracelets électroniques. Rafeu les informa qu'ils n'avaient qu'une heure pour rejoindre leurs domiciles respectifs sinon ils dormiraient en cabane ! Toujours très sympathique ce Rafeu !

Anna et François se retrouvèrent tous les deux devant le hall bondé et bruyant de l'hôpital.

- Mon chéri, dit-elle avec des yeux brillants, pleins de fierté mêlée de désir, on doit rentrer chez nous chacun de notre côté ce soir. Mais demain... demain c'est la fin !

- Oh non ! Tu refais le coup du médecin !

- Quoi ? Non ! La fin de tous nos soucis ! C'est le début notre nouvelle vie ! Et de notre "nouvelle librairie" aussi ! Demain on sera libres !

- Oui Anna, certes, on sera libres, lâcha froidement François, mais ce soir je vais rentrer tout seul... Je vais manger seul, me coucher seul...Et demain je vais me lever encore seul...

- "Ça fait quand même beaucoup de solitude" ! Plaisanta Anna pour le détendre, avec une référence à "L'âge de Glace". C'est ce que Ponce aurait dit pour nous faire rigoler avec sa voix de crécelle ! Il me manque déjà l'agent du LGBT !

- T'inquiète pas Anna ! On le retrouvera demain ! Dit-il d'une voix glacée.

Elle croisa son regard triste et fut aussitôt refroidie.

- Oh pardon mon pauvre chéri ! Oui on va être seuls cette nuit, chacun de son côté, mais c'est juste pour ce soir ! Promis mon amour ! Après je te lâcherai plus ! Je serai un vrai pot-de-colle ! Un molosse sur son nonos ! ...Oups ! ... Désolée ! C'est pas une très belle image !

Il y eut un moment de flottement. un silence gênant.

- Sérieux ?! Pensa tout haut François en levant les sourcils et en esquissant un début de rictus. Tu seras avec moi "comme un molosse sur son os" ?!? C'est bizarre comme expression ! Ça laisse une image horrible ! Tu es très flippante parfois tu sais ?! Du coup là, je t'imagine, la bave aux lèvres, avec un os à moi entre les dents ! C'est ... surréaliste ! ... ubuesque !

- "Ubuesque ?" Releva Anna, amusée de ce terme désuet.

Un sourire commença à apparaître sur le visage de François puis sur celui d'Anna. Ils éclatèrent finalement de rire ensemble, à gorge déployée, sans retenue.

L'ubuesque chien rongeur d'os avait frappé !!

Mais ils en avaient oublié où ils étaient et que le temps leur était compté pour retourner chez eux.

Leurs éclats de rires étaient très déplacés devant les pauvres malades de l'hôpital qui avaient tous l'air de souffrir le martyr.
Ils eurent alors un peu honte de leur bonheur. Elle lui fit un bisou éclair et lui dit avec énergie :

- À demain mon coeur ! 8h30 devant le commissariat !

- Mouais ... OK ! 8h30...J'y serai.
marmonna mollement François, qui avait retrouvé très vite sa morosité et tournait déjà les talons.

Il baissa la tête, s'engouffra comme un fantôme dans le premier bus qui arriva, et fit juste un dernier sourire crispé à l'amour de sa vie quand il recroisa son regard. On aurait dit un condamné à mort.

MONTEZ ! Niveau 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant