Le Testament

Chapitre 6

Quelques jours plus tard, Lilith se décida enfin à rencontrer le notaire. Pour l'occasion, ils ont décidé de louer une petite salle de réception assez modeste mais qui démontrait bien l'élégance de ses locataires, car d'après le notaire, les défunts ont bien réparti leurs richesses envers toute la famille. Pour Lilith, ce rendez-vous n'était pour elle qu'une formalité, car elle savait déjà qu'elle allait hériter du domaine, de la fortune et de la société de ses parents. Même si ces derniers l'avaient quitté, son avenir était intact. Un jour elle sera la gérante de la société Asplund, elle sera riche et portera à jamais son titre de noblesse. Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'elle avait tort.
Elle se précipita quand une domestique vint l'informer que la voiture attendait dehors avec Marthe. Après une demi heure de route, ils arrivèrent finalement. Les sièges étaient installés de sorte à ce que le notaire et le public soient face à face.
Dans la salle, Marthe montrait à Lilith les deux témoins. Deux bonhommes corpulents qui avaient certains traits de ressemblance. Les frères Smith étaient jugés assez proche des Asplund pour témoigner. Robert et Albert Smith, surnommés les frères Smith, n'étaient pas vraiment de la famille, du moins une famille très éloignée. Rick, le père de Lilith avait deux sœurs et un frère. Sa sœur aînée Roseline, qui avait huit ans de plus que lui, a épousé lors de ses vingt-deux ans, un petit commis de l'ambassade qui avait deux cousins qui se ressemblaient énormément, ils n'étaient pas jumeaux, ils avaient juste un an d'écart mais ils étaient déjà très complice malgré leur bas âge. En dépit de l'énorme distance familiale qui les séparait, Rick et les frères Smith de fréquentaient mutuellement et, au fil du temps, sont devenus très proche. Quand Roseline céda à un infarctus cardiaque, la famille jugea qu'il n'y avait plus de pont qui reliait les deux familles. Cependant, Rick, son frère Théodose, sa sœur cadette Clémence, ainsi que les frères Smith continuaient de se voir, même si les deux compères avaient une préférence pour le père de Lilith. Même après plusieurs années, ils ne coupèrent point leur relation. Lilith avait déjà entendu parler d'eux, mais c'était la première fois qu'elle les voyait en personne.
Quand la lecture commença, Lilith ne s'intéressait pas à grand chose, elle attendait seulement le moment où le notaire prononcerait son nom avec ses legs.

"Ceci est mon testament.
Je soussigné Rick Asplund, né le 25 avril 1973 à Portland, déclare révoquer par ce testament tout testament antérieur.

Je lègue à mon frère Théodose, né le 6 août 1980 à Lemmer, le terrain de 800 mètres carrés situé 15, rue de l'Aurore, SmallTown.

Je lègue à ma sœur Clémence, née le 17 février 1983 à Vevey, le studio de 20 mètres carrés situé Rue d' Onyx, SmallTown.

De sa voix timbrée, Mr. Aubin, le notaire, lisait tout en relevant les yeux vers le public après chaque nom mentionné dans le but d'identifier la personne concernée. Dans sa robe de satin noir, un peu médiévale qu'elle a spécialement commandé pour son dernier anniversaire, Lilith attendait. Ce que son père léguait jusque là ne l'intéressait pas, pour elle ce ne sont que vacuité. Quand le notaire reprit sa lecture, elle fut sorti de ses pensées.

Je lègue à ma fille Lilith, née le 7 décembre 2001 à Lochtown, la moitié du Manoir Asplund qui est en mon nom, la moitié de l'entreprise Art'Co Prod en mon nom, et toute la fortune restante en mon nom et non encore legué.

Les parents de Lilith avaient tous partagé dès leur mariage. Le manoir, l'entreprise, les richesses, les terres étaient divisés en deux parts égales. Il existait évidemment les paperasses où figurent l'accord et les signatures des deux époux qui justifiaient ce testament où les mots "la moitié en mon nom" apparaissent à plusieurs reprises. Sans que personne ne s'y attende, notre lecteur continua en fronçant les sourcils:

Elle pourra hériter de ces biens sous la condition suivante...