Chapitre 16

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09:30 am
Elle sentait la tendre chair de ses jambes se déchiqueter petit à petit. Au fil des pas, elle croyait que ses deux voûtes plantaire allait s'ouvrir dans ses petits talons à bout carré. Elle montait les escaliers, les descendait, servait des dames facilement irritable, débarrassait les tables et accueillait les visiteurs. La vie de bonne à tout faire n'était pas complaisante. En même temps, après quelques marches, elle s'efforçait à tirer sa robe-tablier jusqu'aux genoux. Car selon Charlotte, une séraphine devait être charmante, belle, intelligente et en particulier enviée de toutes et elle en était stricte. Lilith n'était pas à plaindre, elle avait toute les qualités et l'étiquette d'une demoiselle bien élevée; cependant elle n'aimait pas cette uniforme qui cachait à peine la moitié de ses cuisses.

Durant l'une de leur habituel dîner, Mme Johnson a expliqué que la vie de séraphine n'était pas simplement une fonction, c'était aussi une sorte d'éducation spéciale pour que chaque femme puisse vivre, se défendre, travailler, se sentir sans danger et être épanoui face aux hommes:
"Une séraphine se doit d'être séduisante en toute circonstance sans se faire abusée. Ainsi, les hommes seront plus faciles à manipuler."
La coiffure, c'était du pareil au même: un chignon coiffé décoiffé où des lianes et des lianes de mèches rebelles se suspendaient.
Pour synthétiser, rien était à mettre en balance avec son jadis élégance.

Comme si cela ne suffisait pas, les séraphines pratiquaient chaque jour d'étranges mœurs. Une fois, elle aidait Vali avec la vaisselle du soir, celle-ci lui demanda de rincer l'argenterie dans une cuvette d'eau où elle a incorporé une étrange poudre dont l'effluve était âcre. Quand Lilith lui demanda le nom de ce substrat fort saugrenu, elle eu comme unique réfutation: " Mets-toi donc à la place de Mme Johnson, tu ne voudrais pas prendre le risque de te faire voler de si précieux objets!"
Un autre jour, alors qu'elle jardinait dehors avec Iris, elles enterrèrent les mauvaises herbes autour de la grande propriété. Elle lui expliqua que c'était pour protéger la maison des aigrefins pendant la nuit. Le portail, lui, n'avait ni vachette ni serrure; les murs avides de barbelés.

-" Vous faites donc confiance à des herbes sèches pour vous protéger?"
-" Mais pas que ma chérie! Tu ne peux pas encore comprendre mais je vais faire de mon mieux: si par malheur des brigands parvenaient à pénétrer dans notre propriété, jamais ils ne trouveront la sortie et se feront prendre au petit matin, grâce à ces soi-disant herbes sèches."

Lilith savait qu'on lui cachait quelque chose, mais qu'est-ce que cela pouvait être? Une nouvelle pièce du puzzle venait de s'ajouter à sa collection mais avec laquelle l'assembler? Beaucoup de questions mais pas assez de réponse.
En fin de journée, elle réfléchissait seule. Assise devant sa coiffeuse, elle nettoyait désespérément son visage graisseux. Chaque jour sans exception, elle se fardait les yeux et décorait ses ongles contre son gré. Elle devait rester ainsi jusqu'à ce qu'elle soit seule dans sa chambre, loin du regard des clients et ne sentait plus la laiterie.
Des habitudes douteuses, elle hésitait à rester. Mais que faire? Cela ne faisait même pas un mois. Elle était encore à la merci de Mme Johnson et de ces étranges séraphines. Elle était comme un vassal qui dépendait de son maître.

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