𝙸𝙸 | 𝙴𝚕𝚕𝚒𝚘𝚝

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"La seule raison pour laquelle vous n'arrivez pas
à vous aimer est que vous êtes
le produit de deux personnes qui ne pouvaient pas s'aimer
non plus."





Je suis assis sur un banc près du coin fumeur du lycée, observant le déluge qui s'abat avec intensité sur le campus. Les gouttes martèlent le sol avec une force presque violente, créant des ondulations sur les flaques d'eau déjà formées.

   Je ressens une étrange tranquillité en observant la furie de la pluie. Chaque goutte qui frappe le sol semble emporter avec elle un peu de mon propre tumulte intérieur. Je laisse mon esprit vagabonder au rythme des éléments déchaînés.

   À travers le rideau de pluie, je vois des silhouettes pressées se frayer un chemin vers l'abri du lycée. Des éclats de rire, mêlés à des cris et des discussions animées, me parviennent comme des fragments de vie dans un tableau mouvant. Pourtant, même au milieu de cette agitation, je me sens isolé, comme si un invisible parapluie me séparait du reste du monde. Les pensées tourbillonnent dans ma tête, comme les feuilles emportées par le vent.

   Je m'interroge sur ma place dans ce monde, sur la signification de ma présence parmi ces ombres qui se pressent, qui rient et qui semblent si sûres d'elles. Des gouttes d'eau déferlent sur mon visage, mêlant leur froideur à celle de mes pensées.

   Je repense à tous ces moments où j'ai essayé de m'intégrer, de me fondre dans la masse, mais où je me suis senti comme un étranger dans ma propre vie. Les visages souriants autour de moi deviennent flous, tandis que ma solitude devient plus nette, plus palpable. Je me demande si quelqu'un, quelque part, ressent la même chose, s'il y a quelqu'un qui comprend ce que je traverse.

   Je me retrouve souvent à errer dans les rues animées, les regards des passants glissant sur moi comme si j'étais transparent. Chaque interaction sociale semble être une façade, un masque que je porte pour dissimuler le vide qui creuse en moi. Chaque sourire échangé, chaque conversation entendue, semble être un écho lointain d'une réalité à laquelle je peine à me connecter. Parfois, je me demande si je suis le seul à me perdre dans ce labyrinthe de faux-semblants, si je suis condamné à errer sans jamais trouver un véritable lien avec autrui.

   Je m'interroge sur le sens de tout cela, sur la nature même de l'existence. Sommes-nous tous condamnés à naviguer à travers ce dédale de faux-semblants, à chercher désespérément un fragment de vérité dans un océan d'illusions ? Ou existe-t-il quelque part, caché dans les méandres de cette ville agitée, un véritable lien humain qui puisse dissiper le sentiment de solitude qui me consume ?

   Mais peut-être que la solitude n'est pas si terrible après tout. Peut-être que je suis destiné à être seul, et cela ne me déplaît pas vraiment. Alors, peut-être que je vais simplement continuer à errer dans cette ville, observant les gens passer, mais sans jamais vraiment m'attacher à eux. Et peut-être, dans cette indifférence tranquille, je trouverai une forme de paix que je n'avais jamais imaginée possible.

   La pluie éteint encore une fois ma cigarette entre mes doigts, me faisant froncer les sourcils et pousser un soupir exaspéré. Je jette un regard vers le ciel gris, les gouttes s'écrasant avec détermination sur le pavé mouillé. Un frisson me parcourt alors que le froid de cette journée d'automne s'insinue sous mes vêtements.

   Je me surprends à contempler les reflets argentés des flaques d'eau sur le trottoir d'en face. La pluie semble effacer les contours, adoucir les angles, comme si elle tentait de laver le monde de ses soucis et de ses tourments.

   Pourtant, même dans ce décor mélancolique, il y a une certaine beauté à trouver. Les rues désertes prennent une atmosphère mystérieuse. Les lumières des lampadaires se reflètent dans les flaques, créant des miroirs éphémères où se perdent les images de la ville endormie.

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