𝚇𝚅𝙸𝙸 | 𝙲𝚞𝚙𝚒𝚍𝚎

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"J'ai beaucoup appris sur le fait d'être un ami
quand j'étais seule."


Chicago, 23h12, 6 octobre


   Je fais les cents pas dans ma chambre, mes pieds glissant sur le sol en parquet comme si je cherchais à échapper à cette tempête intérieure qui me secoue. Chaque tour de pièce me ramène aux souvenirs de la soirée, cette soirée qui était censée être légère mais qui s'est transformée en un tourbillon d'émotions incontrôlables.

   Je ravale mes larmes, me sentant stupide de pleurer autant. Je me sens ridicule, noyée dans une marée d'émotions dont je ne comprends pas l'origine. Je prends une grande inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Les larmes continuent de couler, malgré moi, et je me demande pourquoi il est si difficile de lâcher prise.

   Qu'est-ce que j'ai cru ? Que cette soirée aurait pu être une bouée de sauvetage, une échappatoire à la morosité quotidienne ? Non, tout s'est avéré encore plus décevant que ce à quoi je m'attendais. Je me demande ce que j'ai pu espérer, à quel point j'étais naïve pour croire que tout ça aurait pu changer quelque chose.

   Les marques sur mes poignets, ces coupures qui racontent des histoires que je préfère oublier, me semblent maintenant encore plus grotesques. Pourquoi est-ce que je me suis fait ça ? Pourquoi est-ce que j'ai autant de mal à supporter ?

   Je regarde autour de moi, et tout semble se fissurer sous le poids de mes pensées. Mes parents, avec leurs attentes irréalistes et leur situation infernale. Tout est devenu stupide. La soirée, Elliot, mes marques, même cette pièce dans laquelle je fais les cents pas comme une âme perdue. Tout semble si dénué de sens. Chaque pas que je fais ne fait qu'accroître ce sentiment de vide qui me consume.

   Je m'arrête un instant, essuyant une larme tenace, et je me demande comment je vais pouvoir éteindre cette voix intérieure qui me dit que tout est futile. Je suis perdue dans ce tourbillon de pensées désordonnées, incapable de trouver une échappatoire, incapable de me réconcilier avec ce que je ressens. Tout semble ridicule, tout semble tourner en dérision, et je reste là, seule, à chercher une lueur dans cette obscurité.

   L'écho de chaque pas me semble presque cruel, me rappelant à quel point je suis prise au piège dans cette spirale d'émotions sans fin. Mes doigts, impatients et agités, commencent à arracher la peau de mes paumes, comme si cette douleur physique pouvait d'une manière ou d'une autre alléger la souffrance qui me tourmente. Chaque petite déchirure de peau devient un exutoire temporaire, mais je sais qu'en réalité, cela ne fait que masquer l'angoisse plus profonde.

   Je ne peux pas m'empêcher de mordre l'intérieur de mes joues, la douleur vive me ramenant au présent. C'est presque un soulagement, ce petit picotement brûlant, comme si le simple fait de me concentrer sur cette douleur pouvait m'éloigner des souvenirs insupportables qui défilent devant mes yeux, se superposant à ma réalité. Les images de ce soir, de Dustin, de la soirée ou ma mère avait enfin pris son rôle de maman, des remarques continuent auquel j'ai le droit au lycée, tout ça s'entremêle dans ma tête, un film en boucle que je n'arrive pas à éteindre.

   Je me frotte le visage avec vigueur, comme si je pouvais effacer les souvenirs en grattant ma peau, en frottant mes yeux encore et encore. Le geste devient frénétique, presque désespéré. Je m'accroche à chaque mouvement, espérant que le simple fait de me frotter le visage puisse calmer cette cacophonie intérieure, apaiser cette douleur persistante qui semble se nourrir de chaque émotion que je ressens.

   Les larmes recommencent à couler, se mélangeant à la sueur de mon front, et je les essuie brutalement, mes mains tremblantes se heurtant aux parois de la chambre. Tout semble s'effondrer autour de moi. Les murs, les objets, les ombres – tout devient un dédale confus et menaçant.

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