UNSTABLE

𝚇 | 𝙴𝚕𝚕𝚒𝚘𝚝

"Je ne suis personne.
Juste une autre personne dans la vie de
tout le monde."

   Le son résonne dans mes oreilles comme une vague incessante, pulsant avec chaque battement de mon cœur. Les lumières scintillent, dansant à travers mes paupières mi-closes, transformant la piste de danse en un tableau de couleurs hypnotiques. Je suis là, dans cet état entre rêve et réalité, mon esprit flottant dans un océan de sensations.

   La chaleur oppressante de la boîte de nuit se mêle aux vertiges que la poudre résidant au bout de mon nez me procure. Chaque souffle est un défi, chaque mouvement une décision prise par mon corps sans mon plein consentement. Mes jambes semblent agir de leur propre chef, me propulsant vers la masse des corps en mouvement.

   Les lumières stroboscopiques clignotent en rythme avec les battements frénétiques de la musique, créant des éclats de couleur qui transpercent la brume épaisse de la fumée et de la sueur.

   Je perçois à peine les visages autour de moi, flous et déformés par l'ivresse collective. Les mains anonymes se frôlent, les sourires s'échangent sans parole, et je sens une pression constante sur mes épaules, comme si le poids de l'air m'écrasait peu à peu. La piste de danse est une mer en furie, chaque onde de son poussant les corps à des déhanchements incontrôlables, des mouvements désarticulés.

   Soudain, une douleur lancinante commence à émerger derrière mes yeux. C'est comme si ma tête avait été submergée par une vague de douleur soudaine, me rappelant à la réalité de mon état d'ébriété. Je serre les dents, essayant de l'ignorer, mais elle ne fait que s'intensifier, menaçant de gâcher cet instant de pur abandon.

   Je m'accroche à une table, essayant de retrouver un semblant d'équilibre. Mes doigts glissent sur le bois collant de boissons renversées, et mon regard cherche désespérément un point fixe dans ce tourbillon. Mes pensées sont brouillées, chaque idée se dissout avant d'avoir pu émerger pleinement. Je tente de me souvenir pourquoi je suis venu ici, ce qui m'a poussé à me plonger dans cet enfer scintillant et assourdissant.

   Je fouille dans ma poche pendant plusieurs secondes avant d'en extraire un petit sachet en plastique. Je verse quelques cachets dans le creux de ma main et les avale grâce à un fond de vodka qui se trouvait sur la table, ne me posant pas vraiment de questions sur son appartenance.

   Après plusieurs minutes à tituber au milieu de la foule en transe, le cacheton commence enfin à faire son effet. Une vague de chaleur traverse mon corps, comme un incendie interne qui se propage lentement. Les battements de la musique semblent résonner directement dans ma poitrine, synchronisés avec les pulsations de mon cœur. Les lumières prennent une intensité nouvelle, chaque flash de couleur créant des traînées lumineuses qui dansent devant mes yeux.

   Je sens une euphorie monter en moi, un sentiment d'invincibilité qui me pousse à me fondre encore plus dans la masse en mouvement. Les visages autour de moi deviennent des mosaïques de joie et de délire, des inconnus qui semblent soudain partager une connexion inexplicable entre eux. Chaque contact, chaque sourire, chaque éclat de rire provenant des personnes autour de moi résonne comme une confirmation que je suis le seul à ne pas parvenir à être heureux, même dans cet environnement qui nous donn toutes les clés pour l'être.

   Au loin, je perçois des fragments de conversations, des éclats de voix qui se mêlent à la mélodie incessante. Les mots n'ont plus vraiment de sens, ils ne sont que des sons qui se fondent dans l'ambiance générale.

    Puis soudainement, je sens des bras chauds se poser délicatement autour de mon cou. Lentement, j'ouvre les yeux que je ne me rappelle plus avoir fermer et croise le regard d'une inconnue, un sourire espiègle aux lèvres, ses yeux brillants d'une lueur suggestive.