𝚇𝚅𝙸 | 𝙴𝚕𝚕𝚒𝚘𝚝

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"Il n'y a rien dans la nature
qui fleurisse toute l'année, donc ne vous
attendez pas à le faire."





Chicago, 18h07, 6 octobre





   – Là. J'ai mal là, murmure-t-elle doucement.

   Elle pointe son doigt vers ma poitrine, et le monde semble s'arrêter. Ses paroles résonnent en moi comme un écho douloureux. Tous mes muscles se contractent, un frisson glacé parcourt mon échine. C'est comme si j'avais reçu un coup de poing en plein estomac, me laissant sans souffle, l'esprit embrouillé par une douleur inattendue.

   Mon cœur se serre davantage, l'émotion m'envahit, et je me sens coupable d'une douleur que je ne comprenais pas jusqu'à cet instant. Je l'observe, ses yeux rivés sur le sol, ses épaules affaissées comme si elles portaient le poids du monde. Ses mots résonnent encore dans ma tête : "J'ai mal là.". Je comprends maintenant que ce n'est pas une douleur physique dont elle parle. C'est son âme qui souffre, écrasée par les épreuves incessantes que la vie lui impose.

   Au fur et à mesure que cette révélation s'installe en moi, je sens une boule se former dans mon estomac. Un mélange de tristesse et d'impuissance m'envahit. Je l'attire doucement contre moi, mon étreinte se fait plus ferme, mais avec une infinie douceur. Je crains de la briser, comme si elle était faite de verre. Mon cœur bat plus fort, résonnant dans ma poitrine comme un tambour.

   Alors, je ferme les yeux et tente de me rappeler les moments où ma mère me consolait. Sa voix douce, ses mots réconfortants. Que disait-elle toujours dans ces moments-là ? Je creuse dans ma mémoire, cherchant les bribes de réconfort qui pourraient m'aider maintenant.

   Alors que je continue à la tenir contre moi, les souvenirs de ma mère me reviennent avec une clarté douloureuse. Les pleurs et les cris, l'enterrement, ces jours sombres où tout semblait perdu. Le poids de ces souvenirs m'écrase soudainement, comme un violent coup de marteau. La douleur revient, brutale et implacable, ravivant des blessures que je croyais guéries.

   Les souvenirs de ce jour funeste, de la famille Anderson et de tout ce qu'ils ont causé. La présence de Cupide, si proche de moi, rend ces souvenirs encore plus vifs. C'est leur famille qui m'a pris ma mère, qui a transformé ma vie en un enfer. Et maintenant, c'est leur fille qui pleure dans mes bras.

   Mon cœur se serre, partagé entre la compassion pour la douleur de Cupide et la haine profonde pour ce que sa famille a fait. Je lutte pour rester présent, pour ne pas laisser ces sentiments me submerger.

   Je ferme les yeux, serrant les dents pour repousser ces pensées intrusives. Ce n'est pas le moment de penser à ma propre souffrance. Je suis ici pour aider quelqu'un qui a du mal à survivre, quelqu'un qui a besoin de moi. Ce n'est pas Cupide Anderson, c'est simplement une âme en détresse, une personne brisée qui pleure dans mes bras. C'est simplement Cupide, pas Cupide Anderson.

   Je prends une profonde inspiration, essayant de chasser ces pensées sombres. Ce n'est pas le moment de ressasser le passé. Elle a besoin de moi maintenant, et je ne peux pas la laisser tomber. Je ne peux pas abandonner quelqu'un qui cherche de l'aide, même si c'est la famille de cette personne qui est à l'origine de ma propre détresse.

   La lutte en moi s'intensifie, chaque souvenir douloureux de ma mère essayant de submerger la compassion que j'essaie d'offrir à Cupide. La douleur physique devient presque insupportable, comme si mon esprit et mon corps se rebellaient contre l'idée même de consoler quelqu'un lié à tant de souffrance.

   Je serre les dents, tentant de chasser ces souvenirs, de ne pas les laisser me dominer. Ce n'est pas Cupide qui a causé cette douleur, ce n'est pas elle qui a pris ma mère. Elle est une âme brisée, tout comme moi, et elle a besoin de moi en ce moment. Et j'ai peut-être aussi besoin d'elle d'une certaine manière.

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