chapitre 23: traîtrises

3.1K 141 49
                                    

Fred ne savait pas trop quoi faire de sa carcasse meurtrie par deux fois -sa chute de la Tour d'Astronomie et le sortilège qui l'avait envoyé valser sur les dalles de cette salle de classe, ravivant toutes ces blessures-. Hermione restait prostrée face contre terre après l'avoir furtivement regardé et elle n'avait pas répondu lorsqu'il lui avait demandé si elle allait bien. Si lui pouvait se vanter d'avoir fait un sacré vol plané, ce n'était rien comparé à l'expédition aérienne qui avait amené la jeune fille à s'étaler lamentablement sur le sol de pierre. Aussi le rouquin avait-il peur qu'elle ne se soit fait mal.

« 'Mione ? »

Un élan de fureur fit écho à l'appel timide dans le cœur de la brune qui réprima de plus une plainte de douleur intérieure en se mordant la lèvre inférieure.

« 'Mione ?, tenta à nouveau Fred qui parvint à se mettre à quatre pattes sans trop avoir mal.

-... comme ça.

-Quoi ? »

Elle était plus que fatiguée, mal en point à tous les niveaux. Elle avait sommeil de ces dernières nuits sans dormir parce qu'elle s'inquiétait, s'interrogeait sur l'état physique de Fred. Ses genoux avaient violemment heurté les dalles et ses paumes étaient râpées, ses pensées la torturaient et pour finir son pauvre cœur n'arrivait plus à rien, compressé par quelque chose d'invisible et d'invincible. On avait tort de dire qu'un cœur brisé ou serré n'était qu'une métaphore sous prétexte qu'un organe ne fonctionne que physiquement et que les sentiments n'ont rien à y voir. La douleur qui lui vrillait en cet instant la poitrine, Hermione la ressentait pleinement, elle était réelle.

Et la brune ne souhaitait à personne de la ressentir comme elle le faisait. C'était atroce, la sensation horrible que plus rien ne pouvait vous empêcher de sombrer au sens propre comme au figuré. Son organe vital le plus précieux saignait d'une hémorragie qui n'était pourtant que dans sa tête, il envoyait des messages de détresse dans tout son être et son système nerveux irradiait de douleur. Plus rien ne marcherait dans son organisme après cette attaque, plus rien et c'était tant mieux. Son cœur ne battrait plus, son sang arrêterait de circuler, son cerveau ne serait plus irrigué. Elle allait crever d'avoir le cœur brisé et c'était tant mieux.

Bientôt elle ne ressentirait plus rien.

« Ne... m'appelle plus... comme ça... », répéta Hermione dans un sanglot qui fit trembler ses épaules.

Fred sourcilla, perplexe.

« On ne joue plus... d'accord ? Arrête maintenant, s'il te plaît... Arrête de jouer avec moi.

-Je ne joue pas, bredouilla le rouquin en constatant des larmes qui commençaient à couler et dont il n'en voyait que les gouttes épaisses qui s'écrasaient sur la pierre grise dans des tâches sombres.

-Si, tu joues. On n'a pas a-arrêté de jouer... Un jeu stupide mais je peux plus. Tu... T'as pas le droit de continuer à jouer. Ne me dis pas que tu ne joues pas... »

Leur jeu qui au final n'avait rien d'enfantin ne s'était jamais complètement achevé, quand bien même Hermione en aurait enfreint une règle. Fred était revenu, elle avait refoulé ses propres résolutions, ils avaient continué à jouer ce jeu dangereux de sorte de séduction et leur fameuse rupture de contrat n'avait rien changé. Ils avaient juste supprimé les règles et chacun n'en avait fait qu'à sa tête. S'embrasser, s'envoyer des coqmails, sourire, essayer de comprendre, Hermione n'en pouvait plus.

Elle avait été soulagée à la lecture du dernier message reçu avant que Seamus ne récupère le Coqtable. Oui elle l'avait été. Sincèrement, parce que c'était une fin. Cette demande d'oubli, Hermione en avait eu besoin. Elle ne voulait plus l'aimer, elle ne voulait plus y croire. Plus d'espoirs. Elle avait été soulagée devant ce message qui lui avait fait mal mais qui l'avait libérée. De jouet elle était redevenue Hermione et son maître lui avait ouvert la porte de la cage dorée où elle s'était elle-même enfermée. Elle avait été libre et c'était inhumain de devoir entendre Fred l'appeler par un surnom comme avant. Comme si rien ne s'était passé, comme s'il la remettait en cage.

Ce que l'on n'apprend pas à poudlardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant