Heart Scars

PROLOGUE

- Il est huit heure Maximo alors dépêche toi où je pars sans toi !

Ça c'est mon père : Harold Blake. Pour changer il nous fait le plaisir de hurler dans toute la maison après mon frère.

- Attends papa, je trouve pas mes crampons putain !

Ça, c'est mon frère : Maximo Blake. Pour changer il perd ses affaires et va ensuite le reprocher à maman qui a certainement dû les ranger quelque part parce que ça devait traîner en plein milieu du salon. Et elle va encore s'en prendre plein la gueule par mon insolent de frangin âgé de quinze ans. 

- Oh, Jess, t'as pas vu mes crampons ?

Il frappe plusieurs fois contre la porte et même si j'avais envie de l'ignorer en faisant semblant de dormir, avec le boucan qu'il fait je ne serais même pas crédible. Il a même dû réveiller les voisins.

- Je touche pas tes crampons qui puent les pieds moi !

Et puis j'entends ses gros bruits de pas qui s'éloignent et son sac de sport qui cogne contre le mur du couloir.

- Maximo, les murs !

Et elle, c'est ma mère : Maria Blake. La femme que j'admire le plus de ce monde. Elle porte toute notre famille à bout de bras et serait prête à donner sa vie pour Maximo et moi.

Son amour pour nous est si fort. Et si différent de ce que nous donne papa. C'est comme si elle voulait compenser et rattraper les conneries de mon père.

Mon papa, je l'aime. Mais son absence me blesse à chaque fois un peu plus. Son abandon pèse sur ma poitrine et le pire c'est que je ne me sens même pas légitime de dire que mon papa m'a abandonné.

Parce que moi j'ai la chance de le voir. De le connaître. Parce que le mien il est présent physiquement mais absent mentalement.

On ne partage plus rien. On se dit à peine bonjour le matin, et bonne nuit le soir. Même quand il essaie de s'intéresser à ma vie j'ai l'impression qu'il se force. Puis le pire c'est qu'il m'écoute même pas de toute façon vu qu'il a les yeux rivés sur son portable pendant que je lui parle.

Je me sens vraiment nulle. Pas assez intéressante pour qu'il puisse me regarder au moins dans les yeux quand je parle.

C'est si rabaissant.

Mais maman est là. Maman rattrape les bêtises de papa. Maman m'écoute quand je parle, s'intéresse à moi bien plus qu'il ne le faut, m'encourage dans tout ce que j'entreprends sans jamais ne juger mes choix et me faire passer pour une idiote.

Maman panse les blessures que me fait papa.

Mais qui panse ses blessures à elle que papa lui fait quand il rentre bien trop tard du travail, qu'il part des jours pour des voyages d'affaires, que même quand il est là, ne parle que de foot avec mon frère et que les deux s'absentent pour voir des tournois et aller à leur entraînement.

Moi aussi j'essaie de réparer les bêtises de papa. Mais ça fait bien trop de poids sur mes si petites épaules.

Mais maman ne se pose pas la question du poids qu'elle porte sur ses épaules. Parce qu'elle pourrait soulever le monde pour mon bonheur.

Alors je me dois d'en faire de même pour elle.

J'entends la porte d'entrée de la maison claquer. Même essayer d'être discret pour ceux qui dorment, ils ne savent pas faire.

J'attrape mon oreiller et enfonce ma tête dedans. Il est bien trop tôt pour se lever. En pleine vacance d'été en plus.

Enfin...il ne reste qu'une semaine avant la rentrée. Mais rien que d'imaginer ça, de m'imaginer dans cette école pour la deuxième année consécutive créer une boule d'angoisse dans mon estomac.