Au laboratoire, le chercheur fit part à son ami de l'intrusion de la veille.
– Et ta tête de mort-vivant, tu l'expliques comment ?
– Malori était tétanisée. C'est dans ce genre de situation que je me réjouis d'avoir Julia à la maison. C'est elle qui a géré autrement, je l'aurais emmenée à l'hôpital.
– À ce point ?
– Oui et crois-moi, ce n'était pas de la comédie. Je ne l'avais jamais vue dans un tel état.
– Comment va-t-elle ?
– Elle dormait encore lorsque je suis parti. J'espère qu'elle pourra vite oublier ce qu'il s'est passé et pour son bien-être et pour nous.
– Il serait fâcheux qu'elle pose des questions indiscrètes. Si tu as besoin de n'importe quoi, je suis là.
– Merci mon ami.
La journée débutant, les deux compères ne perdaient pas une minute avec les banalités. Au fils des jours et épuisé par le manque de résultats concluants, Basile regagna l'une des cellules. Sa veste retirée, il remonta les manches de sa chemise et craqua ses doigts. Au cours de son interrogatoire, il fut rejoint par son ami qui se tenait en spectateur de la scène. Voyant que la tournure des événements dérapait, il attrapa le bras que le duc avait levé.
– Tu ne penses pas que tu vas un peu loin, là ?
D'un coup d'œil, Valentin fit comprendre à son intercepteur, qu'il devait le lâcher. De nouveau libre de ses mouvements, il récupéra un torchon et s'essuya grossièrement les mains.
– Je ne te reconnais plus. Ces dernières années, tu sembles t'éloigner du but que nous avions dans notre jeunesse. Tu n'es plus le frère qui se tenait fièrement à mes côtés. Puis-je encore te faire confiance ?
D'un coup d'œil envers le démon qui était retenu sur la chaise, Basile demande au duc de quitter le lieu. Une bonne demi-heure plus tard, le prisonnier expira une ultime fois dans la douleur.
– Si j'en juge par ton expression, je présume que tu as laissé un puzzle de l'autre côté.
– Retour aux sources. Le prince va récupérer son trône et mettre hors course, toutes les personnes qui ont joué un rôle dans l'histoire.
– Dans ce cas, il serait avisé de changer de chemin et de reprendre contact avec les provinces étendues à la suite de l'effondrement.
– Ça va nous occuper, mais au moins on avance. S'ils ne sont pas bêtes, ils accepteront un nouvel accord sans problème.
– La machine redémarre.
Ravi de la tournure des événements, Basile rentra d'excellente humeur. Son sourire s'effaça vite lorsqu'il découvrit les sacs posés dans l'entrée. Julia revint peu après avec un dernier pour la route.
– Ma puce, que fais-tu ?
La surprise qu'il montrait contrastait avec son attitude de l'après-midi.
– Je pars ! Je ne sais pas dans quoi tu traînes, mais ce qui s'est passé hier, je ne souhaite pas le revivre. Tu as vu l'état dans lequel Malori s'est retrouvée ? Tu mets ta fille en danger, tu trouves ça normal ? Je refuse de rester aux côtés d'un homme inconscient ! Je te quitte. Toi et moi, c'est fini.
Perchée sur ses talons, Julia fit semblant de galérer à rapporter ses affaires jusqu'à son véhicule. Pris au dépourvu, Basile referma le coffre qu'elle venait d'ouvrir.
– Je t'en prie, reste. Pas forcément pour moi.
– Pour qui dans ce cas ?
– Tu sais très bien...
Au pied du mur, il n'avait pas d'autre choix.
– Pour Malori. S'il te plaît. J'ai conscience de son entêtement, qu'elle répond et qu'elle se montre insolente, mais j'ai vu que tu comptais beaucoup pour elle. Tu as réalisé avec elle des choses que je suis incapable d'atteindre malgré mes tentatives. Même la sortie la plus simple au fast-food s'achève dans une ambiance pesante. On ne se comprend pas...
– D'accord. Par contre, toute demande comporte ses conditions.
– Tout ce que tu voudras.
– Pas crac-crac et on fait chambre à part.
– Entendu
– C'est bien pour la petite que je fais ça.
Retournant à l'intérieur avec ce qu'elle avait sorti, Julia afficha un sourire vainqueur. Le rangement dans sa nouvelle chambre effectué, elle s'en alla. Le chef des démons se tenait assis dans un coin du bar. Sans se cacher, elle le retrouva.
– Bonsoir majesté.
– Bonsoir à toi. L'idée d'avoir un lieu privé nous permet d'échanger en toute tranquillité. C'est bien joué.
– Je peux te demander quelque chose ?
– Je t'écoute.
– Comment va Malori ? À la suite de l'attaque, elle semblait vraisemblablement effrayée et depuis, elle est très calme ; ce qui n'est pas dans son caractère.
– Je lui ai expliqué la situation. Si vous pensez tous qu'elle est encore affectée pour ma venue soudaine, c'est que tout se déroule à la perfection.
– Elle joue la comédie ?
– Tout à fait.
– Je n'en reviens pas... Je m'inquiète pour elle depuis que c'est arrivé alors que madame se porte comme un charme ! Elle va m'entendre, ça va barder !
– Vexée ?
– Avouer que je le suis légèrement ne serait qu'un euphémisme. Bon, si elle va bien, je suis soulagée.
– Il n'empêche que je l'ai réellement effrayée.
– C'est pour ça que rien n'a abouti.
– Lors de notre rencontre, elle m'a aidé sans hésitation et pour ça, je lui dois la vie. Si je souhaite que notre relation évolue dans le sens que je convoite, je me dois d'agir en conséquence et je refuse de la blesser, surtout volontairement. J'ai l'impression de voir dans tes yeux une sorte de soulagement. Tu l'apprécies également.
– Oui. Lorsque je l'ai rencontrée, je pensais que j'aurais du mal avec elle et que sa présence me compliquerait la tâche, mais ça a été tout le contraire. Malori est la preuve qu'il ne faut pas se fier aux apparences.
– Avec ce que tu me racontes, je suis de plus en plus fier de la désirer. Avant tout, un bon coup de ménage s'impose pour rétablir l'ordre qui autrefois a été rompu.
– Nous sommes beaucoup à te soutenir. Lors de ta première évasion, tu as réussi à réunir de nombreux alliés supplémentaires et regarde où nous en sommes aujourd'hui. Ils sont tous prêts à donner leur vie pour le prince qui leur a rendu la liberté. Nous comptons sur toi et tu peux compter sur nous.
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Déchéances T1
ParanormalAu beau milieu de son enfance, Malori se retrouva à vivre en compagnie de son père avec qui elle ne s'entend pas vraiment, engendrant bien souvent des conflits entre les deux. Désireuse de prendre son envol, elle mettra tout en œuvre pour s'échapper...