Le rêveur

Chapitre 10

Le ciel, d'un bleu éclatant, parut plus vaste et prometteur que jamais. Sans plus patienter, il s'engagea dans une course foudroyante, laissant son vieil ami derrière lui.

Son cœur battait à un rythme effréné, non pas à cause de la course, mais à cause de l'espoir qui l'animait. Malgré la fièvre qui brûlait encore son corps, chaque pas lui semblait léger. Ses pieds frappaient le sol avec une détermination renouvelée, le paysage défilant autour de lui dans un flou indistinct. Tout ce qu'il voyait, c'était le bâtiment au loin, là où elle se trouvait.

Il se blâma de l'avoir fait attendre.

L'idée qu'elle l'attendait, qu'elle existait encore, qu'elle respirait quelque part là-bas, lui donnait une force inépuisable.

Finalement, il atteignit les portes du bâtiment, le souffle court mais l'esprit exalté. Il s'arrêta un instant, reprenant son souffle, le cœur battant. Il aperçut devant le bâtiment un vieil homme, modeste, discret. Ce dernier l'observait sans détourner le regard, en conséquence, Matvey décida de le questionner :

_ Monsieur, y aurait-il une grand-mère accompagnée d'une jeune femme qui vivent dans ce bâtiment ? demanda-t-il, le souffle encore irrégulier.

Le vieil homme le contempla de plus belle de la tête aux pieds avant de lui répondre d'une voix frémissante :

_ Oui... oui, effectivement, jeune homme.

Après avoir entendu sa réponse, il monta les marches sous le regard de ce vieil homme. Il se concentra sur sa respiration, décidément soulagé de constater que ce n'était pas un rêve.

Il leva une main tremblante et toqua doucement. Trois coups résonnèrent dans le silence du couloir. Il attendit, et chaque seconde s'étira en une éternité.

Instantanément, il entendit des pas légers de l'autre côté, et la porte s'ouvrit lentement, lourdement, révélant Talya.

Elle se tenait devant lui, plus belle que dans ses souvenirs. Ses yeux, aussi profonds et brillants que la mer, et ses cheveux sombres encadraient son visage avec une douceur qui semblait irréelle.

En croisant son regard, Matvey se sentit émerveillé. Quant à elle, elle plaqua une main tremblante sur sa bouche, les yeux écarquillés de stupéfaction.

_ Matvey...

Elle semblait incapable de parler. Une larme solitaire coula lentement le long de sa joue.

_ Je pensais que vous m'aviez délaissée, vous aussi...

Sans hésiter, il fit un pas en avant et la prit dans ses bras. Il la serra contre lui, sentant la chaleur de son corps et l'odeur familière de ses cheveux. Sa main caressa tendrement ses cheveux sombres, comme pour apaiser toutes les terreurs et les incertitudes.

_ Je ne me suis toujours pas présenté à votre grand-mère, murmura-t-il à son oreille.

Ses bras entourèrent Matvey avec une force désespérée. Elle sanglotait doucement, les larmes mouillant ses vêtements.

Après quelques minutes de silence, elle recula légèrement en posant son regard sur lui.

_ Mais vous êtes malade ! constata-t-elle.

_ Talya, ma fille, qui est donc ce jeune homme ?