Chapitre 3

87 24 31
                                        


Il était jeune.

Pourtant, il n'avait jamais véritablement osé se diriger vers une demoiselle. Non pas qu'il ne les trouvât pas captivantes, mais simplement parce qu'il n'osait pas.

Innocemment, il les trouva ravissantes, sans chercher à toucher leurs secrets.

Dans la plupart des cas, en temps ordinaire, il aurait poursuivi son chemin en se demandant : qu'aurait-il pu se passer s'il avait fait l'inverse ?

Néanmoins, dans le cas présent, il y eut quelque chose d'atypique qui cria et s'étouffa dans la même seconde.

Cette jeune femme abordait une expression loin d'être de la sérénité. Un homme se tenait devant elle, parlant avec insistance, envahissant son espace personnel. Et il n'y avait pas d'autres passants à proximité.

Pourrait-il demeurer ainsi à cet instant ? Pourrait-il être un souvenir heureux lié à cette jeune femme ?

Et si, pour une fois, il devenait le héros de quelqu'un en cette fin de journée ?

Dans ses livres, il trouva que les héros étaient instinctivement des imposteurs. Les véritables héros ne réclamaient nullement la lumière. Ils vivaient perpétuellement sous l'ombre de quelqu'un en trouvant cela plaisant, car ils avaient une nature silencieuse.

S'il s'avançait maintenant vers elle, serait-il de trop ? Aurait-elle véritablement besoin de lui ?

Néanmoins, en croisant son regard, il comprit qu'il devait la rejoindre.

Dans son regard, il vit de la grâce. Elle le constata à son tour. Ce fut bien la première fois qu'il sentit dans les yeux de quelqu'un qu'il était bien reçu.

Un regard franc, nu, démuni d'imposture.

Il n'avait pas l'habitude de voir de tels yeux, une telle expression.

Il sut à présent qu'il ne pouvait demeurer à sa place.

Il s'avança vers eux, son cœur battant plus fort, sans réfléchir davantage. Et tel un petit vent léger, frais, il lui prit finement la main en l'emportant marcher à ses côtés.

L'autre homme marmonna quelque chose d'inintelligible et s'éloigna lui aussi à son tour.

Cela parut féerique. Voilà maintenant qu'ils marchèrent pendant plusieurs minutes sans rien dire. Elle fut étonnamment silencieuse. Elle n'avait toujours pas tenté de retirer sa main.

Quant à lui, c'était la première fois qu'il tenait la main d'une femme. Il ignorait qu'elle était aussi petite.

Ses doigts furent fins et gracieux, presque fragiles, comme si un geste trop brusque aurait pu les briser.

Il rougit en pensant qu'il vivait une expérience intime.

En refermant doucement ses doigts autour de cette main, il ressentit une chaleur attrayante qui se propagea de la paume à tout son corps. C'était une transmission silencieuse d'émotions.

Il y eut également une certaine vulnérabilité dans cette main. La tenir, c'était comme tenir un secret.




À suivre

Le rêveurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant