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Jordan était assis à son bureau, plongé dans la lecture de ses notes de campagne, lorsque son téléphone vibra. Il décrocha distraitement et mis directement l'appel sur haut-parleur, le regard toujours fixé sur ses documents.

— Allô, Jordan Bardella à l'appareil.

— Bonjour Monsieur Bardella, ici Thomas Sotto, de France 2. J'espère ne pas vous déranger.

Jordan redressa la tête, subitement intrigué.

— Bonjour Monsieur Sotto. Que puis-je faire pour vous ?

— Nous aimerions vous inviter à discuter de votre campagne et de vos perspectives pour les prochaines élections. L'émission sera diffusée en prime time, ce serait une excellente occasion pour vous de présenter vos idées directement aux français qui la regarderont. Elle aura lieu vendredi à 20h, et vous disposeriez de 20 minutes de temps de parole.

Jordan ne prit qu'une seconde pour réfléchir. Il ne pouvait pas passer à côté de cette opportunité.

— Avez-vous invité d'autres candidats ?

— Monsieur Faure et Monsieur Attal nous ont confirmé leur présence.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Il n'aurait pas pu rêver mieux.

— Vous pouvez compter sur moi. Je viendrai, merci pour votre invitation.

— Parfait. À bientôt, Monsieur Bardella.

— À vendredi.

Jordan raccrocha. Il réfléchissait déjà à la manière dont il allait aborder cette interview. Plus qu'une simple présentation de sa campagne, c'était aussi une nouvelle occasion de croiser Gabriel. Et cette fois, il comptait bien pousser le jeu un peu plus loin.


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La maquilleuse poudra le teint de Jordan alors qu'il relisait pour la énième fois les fiches qu'il avait préparées avec Marine. Il n'en était pas à sa première apparition télévisée, mais les enjeux de celle-ci étaient particulièrement cruciaux. Le trac commença lentement à se faire une place au creux de son estomac.

L'équipe de préparation ayant terminé son travail, ils quittèrent la pièce afin que Jordan puisse se préparer dans des conditions optimales avant de monter sur le plateau. Cet instant de solitude était commun à tous les invités, le représentant du RN le savait. Et c'est exactement pourquoi après s'être assuré d'un silence total dans le couloir, il entreprit de sortir discrètement pour atteindre la porte voisine où était affiché "ATTAL Gabriel".

Il frappa, entra sans attendre de réponse, et referma la porte derrière lui dans le même temps. Le Premier Ministre était debout, au milieu de la pièce, fiches à la main. En quelques secondes à peine, son visage fut traversé par de multiples expressions : d'abord la stupeur, causée par l'interruption inattendue dans sa loge. Puis, la perplexité, devant le visage qui incarnait ladite interruption. Mais finalement, l'exaspération l'emporta.

— Non seulement vous avez la sale manie de couper la parole en permanence, mais en plus vous entrez dans des espaces privés où vous n'êtes pas invité. Votre savoir-vivre laisse réellement à désirer, Jordan Bardella.

Ouch. Attal était plus rancunier que ce qu'il n'aurait cru. Pas de salutation, pas de tutoiement, et encore moins de sourire. La tâche s'annonçait ardue.

— Bonjour, Gabriel.

— Je n'ai pas de temps à vous consacrer, Bardella. Vous feriez mieux de vous concentrer sur la présentation de votre campagne. Il me semble que votre dernière apparition à la télévision laissait clairement deviner que vous manquiez de préparation en amont.

Parti PrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant