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Jordan Bardella se tenait devant lui, l'air inquiet et désemparé. Gabriel le fixa, incapable de parler, le regard débordant de toute l'impuissance et la panique qu'il ressentait.

En voyant ses larmes, les traits de Jordan se durcirent légèrement, traduisant le fait qu'il avait compris l'importance de la situation, quelle qu'elle fût. Une détermination ferme émergea sur son visage.

Il s'agenouilla aux côtés de Gabriel.

— Viens, lui intima-t-il d'une voix douce mais autoritaire.

Gabriel, encore sous le choc, hocha faiblement la tête. Jordan pianota rapidement quelque chose sur son téléphone avant de l'aider à se relever. Tous ses gestes semblaient empreints d'une sollicitude qu'il n'avait jamais montrée auparavant.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il d'un ton préoccupé.

Ils attirèrent quelques regards curieux en traversant les couloirs de l'Assemblée, mais Jordan n'avait pas l'air de s'en soucier le moins du monde. Toute son attention était portée sur Gabriel.

— Mon petit frère, il...

Gabriel secoua la tête, incapable finir sa phrase. La douleur et l'inquiétude lui nouaient la gorge.

— D'accord, murmura Jordan. On en parlera plus tard.

Ils arrivèrent dans le parking souterrain. Jordan se posta en face de lui, lui tint fermement les deux épaules, et ancra son regard dans le sien.

— Tu vas aller dans mon appartement, déclara-t-il d'un ton qui n'appelait pas à la négociation. Il n'est qu'à quelques minutes, tu y seras en sûreté et au calme. Je te rejoins dès que possible.

Gabriel n'avait ni la force de protester ni celle de poser des questions. Il se laissait simplement porter, s'accrochant aveuglément à la présence rassurante de Jordan.

Celui-ci déposa un trousseau dans la paume de Gabriel, puis guida précautionneusement sa main avec la sienne pour qu'il referme ses doigts autour.

— Ce sont mes clés. Je t'enverrai les codes de l'immeuble par sms.

Une berline noire se gara non loin d'eux, et Jordan quitta Gabriel quelques instants pour se pencher à sa fenêtre et échanger quelques messes basses avec son conducteur.

— Mon chauffeur va te conduire, lui expliqua-t-il en revenant vers lui. J'ai encore quelques affaires à régler ici, mais je fais au plus vite.

— Tu... La réforme..? se souvint soudainement Gabriel en levant les yeux vers lui.

Jordan haussa les épaules, un demi-sourire aux lèvres.

— Je leur ai dit que j'avais des vertiges. On m'a laissé aller prendre l'air. Mais là, il va vraiment falloir que je retourne dans l'hémicycle, dit Jordan en ouvrant la portière de la voiture.

Il l'invita à s'y engouffrer d'un geste de la main.

Gabriel monta à l'arrière de la voiture, tandis que Jordan lui adressait un dernier regard encourageant.

— Fais comme chez toi, d'accord ? Appelle-moi si tu as un problème. Je ne serai pas long.

Il claqua la portière et disparu au pas de course.

Le trajet se déroula dans un silence presque complet, interrompu seulement par le ronronnement de la berline et le léger murmure de la radio en arrière-plan. L'état de Gabriel était fantomatique.

Lorsqu'il arriva enfin à destination, Gabriel franchit la porte, les jambes lourdes et l'esprit embrumé. Il ôta machinalement ses chaussures et se dirigea directement vers le canapé qui lui faisait face, sans même jeter un regard à ce qui l'entourait.

Parti PrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant