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Gabriel sirotait son café à la table de la cuisine, les yeux encore à moitié clos, fixant un point imprécis devant lui. La chaleur de la tasse entre ses mains était réconfortante, et son esprit encore brumeux divaguait vers les préoccupations de la journée à venir.

Stéphane le rejoignit en silence, un sourire amusé aux lèvres, et déposa un baiser léger sur sa tempe.

— Tiens, regarde ça, dit-il en jetant nonchalamment un journal sur la table.

Gabriel fronça les sourcils, encore engourdi par le sommeil. Mais la première page du Figaro attira immédiatement son attention. On y voyait le visage de Jordan, encadré par un titre accrocheur :


"Jordan Bardella : Un Rendez-Vous avec une Journaliste Soulève des Questions sur ses Méthodes"


Sa curiosité attisée, il survola rapidement les premières lignes de l'article :


"Des informations récentes révèlent que Jordan Bardella aurait orchestré une rencontre, annoncée initialement comme un rendez-vous professionnel, avec l'une de nos journalistes. Selon des sources fiables, cette rencontre se serait finalement conclue par une relation personnelle, ce qui suscite des interrogations sur les intentions de Bardella.

Il semblerait que ce dernier ait cherché à influencer la couverture médiatique en manipulant la journaliste, dans le but d'améliorer son image publique. Cette révélation met en lumière des pratiques controversées dans le milieu politique et soulève des questions sur les méthodes utilisées pour restaurer une réputation après plusieurs récentes polémiques. Bien que l'information n'ait pas été officiellement confirmée, elle attire déjà l'attention et provoque des réactions dans le milieu."


Gabriel relut plusieurs fois l'article, en peinant à intégrer les informations.

Il avait beau être conscient des méthodes parfois douteuses de Jordan, une vague de malaise persistait en lui. Quelque chose ne collait pas. Peut-être faisait-il preuve d'une naïveté excessive, mais le Jordan dépeint dans cet article semblait tellement en contradiction avec celui qui l'avait empêché de sombrer la nuit où son petit frère avait été hospitalisé, qu'il était difficile pour Gabriel de concilier cette image avec la réalité qu'il avait connue.

Le soutien et la prévenance dont Jordan avait fait preuve prenaient désormais une dimension troublante. L'attention et la douceur de cette nuit-là semblaient empreintes d'un sens nouveau, comme si elles n'avaient servi qu'un but caché, ou si elles n'avaient été que l'extension du jeu que Jordan avait initié entre eux. Il se demandait s'il s'était finalement laissé duper, en ne percevant que ce qu'il avait profondément voulu croire.

Gabriel porta machinalement sa tasse à ses lèvres, confus, sans même remarquer que son café était devenu froid.


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Gabriel sortit de la salle d'archives de l'Assemblée, où il avait passé la dernière heure à éplucher des documents qui lui semblaient de moins en moins pertinents. Malgré ses efforts, il avait le sentiment que ses recherches n'avaient abouti à rien de concret. Son esprit était toujours préoccupé par ce qu'il avait lu ce matin, et il peinait à se concentrer.

En empruntant le couloir menant à la cour intérieure, Gabriel ralentit son pas, perdu dans ses réflexions. Alors qu'il s'approchait de la porte vitrée, il aperçut Jordan de l'autre côté, seul et apparemment absorbé par son téléphone. Son expression était marquée par une contrariété palpable : ses sourcils étaient froncés, et sa mâchoire serrée. Il semblait profondément préoccupé, et Gabriel pouvait aisément deviner qu'il ne souhaitait pas être dérangé. Il détourna la tête pour continuer sa route, dossiers en main, décidé à ne pas se laisser déconcentrer.

Parti PrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant