𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑

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She Knows - J. Cole ft. Amber Coffman

ERINE

Une sonnerie soudaine fait sursauter mon corps de surprise. Dans des moments comme celui-ci, je réalise à quel point je suis devenue paranoïaque et chaque cellule de mon corps est en pleine effervescence, attendant la tempête qui vient après le calme.

La sonnerie résonne dans ma tête, un bourdonnement sans fin. Chaque fois que j'entends ce son, mon sang se transforme en glace parce que cela ne signifie qu'une chose : il est temps pour un autre de ses jeux. J'avale l'anxiété qui monte dans ma gorge alors que l'acide la brûle, et la seule chose pour me calmer est de gratter la peau de mes doigts, essayant désespérément d'en enlever une partie.

C'est la seule façon que je connaisse pour me calmer, la seule chose qui fonctionne vraiment.

La cloche sonne plus fort à chaque seconde et me transperce les oreilles comme des couteaux tranchants.

En regardant autour de moi, je vois les enfants se lever, mais les cernes sous leurs yeux suggèrent un manque de sommeil.

Je scrute la foule à la recherche de mon amie aux cheveux bruns, mais je ne parviens pas à la repérer, et je suis de plus en plus anxieuse. Nous n'avons pas d'autres choix que de nous rejoindre, et pourtant elle a plus peur que moi de ne pas jouer le jeu.

Où es-tu, bon sang ?

Tandis que mon cœur bat plusieurs battements supplémentaires par seconde, je me plaque contre un mur du salon, hors de vue du maître. Puis il apparaît devant, sa présence remplissant la pièce de grandeur. Ses vêtements sont loin de sa vraie nature, une façade de sophistication qu'il ne pourra jamais maintenir.

Je reste à l'arrière, regardant les enfants former avec hésitation deux lignes distinctes, les garçons d'un côté et les filles de l'autre, les visages effrayés et incertains.

Après avoir crié pour attirer l'attention de tous, il s'éclaircit la gorge et je m'approche du mur pour me faire la plus petite possible.

Encore quelques secondes avant que je puisse faire un pas vers la gauche et me faufiler hors du salon, sans être détectée.

Mon regard se pose sur le groupe de filles, toutes ressemblantes à de vraies poupées immobiles, comme si elles n'avaient pas de volonté propre.

Lorsque je n'arrive pas à localiser celle que je cherche, je me gratte le poignet de manière agressive, le faisant progressivement rougir à chaque égratignure successive. Après avoir finalement repéré ma colocataire – Isis – je peux sentir la tension quitter mon corps.

Elle se tient debout, rigide, les épaules douloureusement retroussées et la colonne vertébrale courbée maladroitement. Quand je sais qu'elle est en sécurité, ma respiration se calme et je peux enfin respirer sans souci.

Bien que les bleus sur son bras me montrent qu'elle est tout sauf en sécurité, ils n'étaient pas là la veille, je ressens une douleur brûlante dans mon ventre à l'idée que le maître lui fasse du mal.

— Mes poupées, sortez et attendez des instructions supplémentaires.

Un frisson se propage sur mon corps. La voix de cet homme, si rauque et si sombre à cause de toutes les années qu'il a vécu, porte des promesses de torture.

Les grandes portes s'ouvrent et l'air froid de la cour envahit tout le monde. Je me précipite dans un coin. Je n'ai pas d'autre choix que d'agir maintenant, et si il m'aperçoit, je suis morte.

Je me précipite dans le couloir derrière moi, menant à un passage caché où toutes les pièces sont verrouillées pour des raisons privées. Ce couloir est caché au fond du manoir avec une porte verrouillée devant, ce qui rend presque impossible pour les enfants de le trouver puisqu'aucun d'entre eux ne fouille.

𝐄𝐒𝐂𝐀𝐏𝐈𝐒𝐌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant