𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟕

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Don't Blame Me - Taylor Swift

ERINE

Je me trouve à nouveau dans ce bureau hideux qui appartient au Dr. Williams. Le papier dans mes mains est froissé à cause de toutes les fois où je l'ai écrasé, mais quoi que je fasse, il ne se déchire pas. La frustration de cette bêtise me fait monter les larmes aux yeux, et tout ce que je veux, c'est lui lancer le mot, mais elle me regarde avec cette autorité qu'elle fait toujours.

Ses yeux sont comme une présence imposante, et je sens le pouvoir se déplacer vers elle alors que je deviens la patiente impuissante.

— Comment vas-tu depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ? Sa voix résonne dans mes oreilles plus fort que d'habitude.

— Bien.

J'ai l'impression que mon monde s'effondre autour de moi et que je suis coincée dans un ouragan où je ne peux aller nulle part.

Depuis ce jour au bord du lac, ma tête est plongée dans un tourbillon d'émotions horribles qui me rappellent trop mon passé. Je suis torturée par des souvenirs qui me hantent à chaque fois que je ferme les yeux, et mes cernes témoignent de mes nuits blanches. Je suis tellement léthargique que tout ce que je peux faire, c'est essayer de passer la journée avec les forces qu'il me reste.

Quand j'ai réalisé que l'institut était entouré de forêt et que tenter de s'en échapper serait un piège mortel, l'espoir s'est lentement évanoui de moi. Même si j'ai peur de mourir dans la nature, je préfère quand même rendre mon dernier souffle en plein air plutôt que dans l'enceinte de cet institut.

— Je ne te crois pas vraiment.

Je sens son regard brûlant sur moi, mais je n'ai pas envie de m'en soucier.

Ma vie était-elle toujours censée finir comme ça ?

— A quoi penses-tu en ce moment ?

Dans ma vue périphérique, je vois comment elle croise une jambe sur l'autre, faisant glisser sa longue jupe jusqu'à son genou avant qu'elle ne la redresse et clique sur le stylo.

Tic tac, tic tac.

L'horloge accrochée au mur me rappelle constamment le temps qui passe alors que je suis confinée ici sans issue.

Piégée, piégée, putain de piégée.

Ma poitrine se serre et j'entends les battements de mon cœur résonner dans mes oreilles. La fatigue m'envahit et tout ce que je veux, c'est sortir d'ici et aller dans ma chambre.

— Que je veux partir, je réponds à Abby, mes mots ponctués par le bruit du cliquetis de son stylo.

— Qu'est-ce que tu as dans la main ? Elle ne m'écoute pas ; au lieu de ça, elle dirige ostensiblement son stylo vers la feuille de papier froissée que je tiens à la main.

— Un mot de l'infirmière.

— Laisse-moi voir alors.

Je remets le message avec des gestes paresseux, non pas pour être impolie même si j'en ai envie, mais parce que je n'ai pas d'énergie. Je me sens complètement épuisée. Abby s'arrête momentanément, comme si elle était perdue dans ses pensées.

Je lève mes pieds pour m'asseoir dans une position plus adaptée sur la chaise, puis je l'observe subtilement.

J'aperçois un sourire apparaître brièvement sur son visage avant de disparaître à nouveau. Un sentiment de malaise m'envahit lorsqu'elle me montre un flacon de pilules.

𝐄𝐒𝐂𝐀𝐏𝐈𝐒𝐌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant