Ava(en pause)

Mail

Iria

Assise à mon bureau, j'observe les nouveaux tissus qu'on a reçus. Les motifs et les textures m'inspirent, et je commence à imaginer les vêtements que je pourrais créer avec eux. Je prends quelques notes sur mon carnet, puis continue à inspecter les échantillons.

Tout à coup, Cora, une de mes collègues, dépose des dossiers sur mon bureau. Je décolle les yeux de mon ordinateur et regarde ce qu'il y a écrit.

- C'est les nouvelles réactions, je te laisse voir ce qui te plaît, dit-elle en souriant.

- Mmh, merci, dis-je, toujours les yeux rivés sur les documents. Je feuillette rapidement les premières pages, repérant quelques éléments intéressants.

Cora reste debout quelques instants, comme si elle hésitait à dire quelque chose d'autre.

- Ah oui, et tu feras attention à vérifier tes mails. Hier soir, t'en avais une tonne, ajoute-t-elle finalement.

- Ouais, merci, je réponds, en essayant de paraître détendue malgré la pile croissante de tâches.

Elle s'en va et je continue à feuilleter les documents. Parmi eux, je remarque une veste qui me tape à l'œil. Son design est moderne et élégant, avec des détails subtils qui la rendent unique.

- J'aime bien... murmurai-je pour moi-même.

Je mets de côté les documents, posant délicatement la feuille avec la veste en évidence. Reprenant mon souffle, je repose mes yeux sur l'écran de mon ordinateur. J'ouvre une nouvelle page et consulte mes mails. Effectivement, j'en avais une tonne. La liste interminable de messages non lus me donne un léger vertige.

Je fais glisser la souris en essayant de voir si quelque chose m'intéresse et je m'arrête sur un mystérieux mail. Le sujet du mail attire immédiatement mon attention.

Il y avait écrit : "Ancien élève du lycée Bellwood High School."

Je clique et commence à lire le texte. Il explique que les anciens élèves ont décidé d'organiser une grande réunion. Les souvenirs de mes années au lycée me reviennent en mémoire. Les amis, les professeurs, les événements marquants...

- Ça pourrait être intéressant, pense-je à voix haute.

Je continue à lire, découvrant les détails de l'événement. La réunion se tiendra dans quelques jours, dans notre ancien lycée. Je ne peux m'empêcher de me demander qui d'autre y sera. Peut-être reverrai-je des visages familiers, des amis perdus de vue, ou même des camarades avec qui je n'étais pas particulièrement proche, mais que le temps a peut-être changés.

En réfléchissant à tout cela, je décide de répondre au mail. J'écris quelques lignes pour confirmer ma présence, puis envoie la réponse. Cela me fait quelque chose de penser à revoir ces personnes après toutes ces années.

Reprenant mes esprits, je me tourne de nouveau vers mes mails professionnels. La journée est loin d'être terminée, et il y a encore beaucoup à faire.

Brusquement, alors que je suis absorbée par mon travail, mon téléphone se met à vibrer avec insistance, signe évident de l'arrivée d'un nouveau message. Un soupir d'agacement m'échappe et je pivote mon téléphone pour vérifier l'expéditeur : « nouveau message de "Jarden.". »

Je soupire à nouveau, un mélange de frustration et de curiosité me pousse à ouvrir la conversation.

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Jarden: Je pourrais pas aller récupérer Ava, je dois aller voir des potes.

Mais il se fout de ma gueule !?

Vous: Mais je m'en fous de tes potes, moi. Tu vas chercher Ava, un point c'est tout !

Jarden: Non. Et c'est plus un bébé elle peut rentrer a pied.

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À la lecture de sa réponse désinvolte, une vague de contrariété monte en moi, faisant légèrement crisser mes dents. Mes mains se serrent autour du téléphone, mes doigts cherchant un exutoire à ma frustration croissante. Je sens la colère monter, une sensation de trahison pointant son nez.

Dans un geste impulsif, j'éteins mon téléphone avec une telle force que l'écran semble presque résonner. La pièce résonne du silence lourd de ma déception et de ma colère mal contenue. Mes pensées se bousculent, mes émotions me submergent.

Après quelques instants à essayer de retrouver mon calme, je respire profondément et reprends le travail.

Ava

16h

Assise sur un banc en attendant mon père, je regarde mes camarades s'éloigner peu à peu. Oncle Caleb m'a proposé de me déposer, mais j'ai refusé. J'aurais pu rentrer à pied, mais...

J'aurais voulu qu'on vienne me chercher.

Soudain, j'entends des bruits de pas qui se rapprochent. Je lève la tête et aperçois le même garçon, Brandon, qui s'avance vers moi. Il a toujours ce sourire malicieux sur le visage, celui qui le rend si intriguant.

- Ça va ? Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il, sa voix douce contrastant avec le brouhaha de l'école qui se vide.

- Ah, euh, j'attends mon père. Il ne va pas tarder, enfin je crois, dis-je, essayant de paraître détachée.

- Il vient te chercher ? Tu peux rentrer seule, non ?

- Je sais, mais... laisse tomber.

Brandon s'assied à côté de moi, ses yeux marrons me scrutant avec une attention qui me fait presque rougir.

- Ah, euh, au fait, désolé pour tout à l'heure. Brittany est un peu trop souvent sur la défensive, dit-il, en se passant une main dans les cheveux.

- Oh, c'est pas trop grave, dis-je en essayant de cacher mon embarras.

- Si tu veux, pour me faire pardonner, je peux te raccompagner. Comme ça, on redémarrera sur un bon pied pour ce début d'année, propose-t-il avec un sourire qui fait battre mon cœur un peu plus vite.

- Non, c'est bon, c'est pas la peine, mais merci quand même.

Je me demande si je devrais accepter son offre. Après tout, il est gentil et peut-être que passer du temps avec lui ne serait pas si mal. Alors que je m'apprêtais peut-être à changer d'avis, un klaxon retentit, attirant mon attention.

- Ava !

- Oh, c'est ma mère, je dois y aller ! dis-je en me levant précipitamment.

- Ah... euh, rentre bien ! s'exclame Brandon en me saluant.

Je marche rapidement jusqu'à la voiture de ma mère et m'installe à l'intérieur.

- Désolé pour le retard, ma puce. J'ai dû aller chercher ton petit frère et ton p... père, il...

- Il voulait pas, c'est ça ? la coupai-je, sentant la frustration monter en moi.

Elle hésite un instant avant de reprendre.

- Oh non, non, c'est pas ça... il... il a eu une urgence au travail.

- Mmh...

Je sais qu'elle ment. L'excuse est trop souvent la même pour que ce soit une coïncidence. Tandis que nous roulons en silence, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de déception et de tristesse. Pourquoi est-ce si difficile pour lui de venir me chercher, même une seule fois ?

Ma mère essaie de faire la conversation, parlant de tout et de rien, probablement pour alléger l'atmosphère, mais je n'écoute qu'à moitié. Mes pensées sont tournées vers l'absence constante de mon père.

Arrivées à la maison, je sors de la voiture en traînant les pieds. Ma mère m'embrasse sur le front avant de me laisser entrer. Je monte directement dans ma chambre, essayant de trouver un peu de réconfort dans mes affaires et mes pensées.