soleil ardent [giyûxoc]

11 - panique

Il était dix heures et Liang profitait de sa première grâce matinée depuis longtemps. Les draps étaient doux et sentaient le savon. Elle avait l'impression de s'être endormie dans de la glycine.
L'odeur était enivrante mais une autre senteur venait se mélanger à la glycine. Une odeur masculine, mais douce. C'était fruité et particulièrement agréable.

Liang se redressa immédiatement en se rendant compte que l'odeur était celle de Giyû. Elle tourna vivement la tête et découvrit le brun qui était assis sur le lit à côté du sien, en train de lire un livre. Heureusement qu'elle gardait son masque la nuit également.

Il releva la tête vers la noiraude et se leva en disant :

- On a une mission. Dépêche-toi de t'habiller, on part dans un quart d'heure pour au moins deux jours, déclara le Pilier de son expression neutre.

Le brun sortit de sa chambre et ferma la porte, Liang en profita pour changer son masque et en mît un blanc cassé cette fois-ci. Il s'accordait avec son uniforme cyan et son haori blanc.
C'était une des premières fois que Liang ne mettait pas de noir et pour raison, le ciel était bleu et affichait un grand soleil.
Liang ne voulait pas mourir de chaud alors privilégia des couleurs plus claires pour le retour du soleil.

Elle fut prête en moins de cinq minutes et sortit rejoindre Giyû devant le Domaine des Papillons avec un sac rempli d'affaires, de quoi tenir deux jours.
Le Pilier semblait surpris de voir la noiraude arborer des couleurs claires mais ne releva pas.
Quelques jours étaient passés depuis l'incident du quartier des plaisirs. Liang et Giyû s'étaient reposés jusqu'à là mais sous la demande de Kagaya, ils furent contraints d'aller en mission, étant les deux seuls Piliers proches et disponibles pour le moment.

Un démon avait pris possession d'un village et faisait des villageois ses esclaves en les terrorisant.
Le village en question se trouvait à plusieurs heures de marche du Domaine des Papillons.
Ils partirent aux alentours de dix heures vingt et entamèrent la marche avec une allure soutenue.

Les premières heures furent assez silencieuses, seul les bruits de la forêt et de leurs pas résonnaient.
Ils s'adressèrent uniquement la parole pour faire des poses et encore. Mais cela ne gênait pas Liang, elle aimait le son du vent qui parcourait les arbres. Quant à Giyû, il était perdu dans ses pensées, tourmenté par les souvenirs de Liang depuis quelques jours.

Le soleil commençait doucement à décliner et les deux pourfendeurs trouvèrent rapidement une auberge dans un village proche de celui où se déroulait leur mission.
L'ambiance était quelque peu lugubre, comme dans tous les villages des alentours en raison du manque de nouvelles personnes venues visiter les environs.

- Ça te va, cette auberge ? demanda le brun sans grande conviction.

- On n'a pas vraiment le choix de toute façon, allons-y, affirma la noiraude avec un peu plus d'entrain que le Pilier.

Ils se dirigèrent tous deux dans une grande bâtisse qui avait l'air abandonnée dans un premier temps. Puis en rentrant, une fraîcheur surprenante recouvra la peau des deux noirauds.
Un homme les accueillit et leur proposa une chambre avec deux lits simples. Les pourfendeurs ne firent pas les difficiles et acceptèrent avant que Giyû se charge de régler et Liang de faire la conversation avec l'homme. Il les guida ensuite dans l'étage supérieur.

Arrivés devant la porte, l'homme leur donna une clé et partit en leur souhaitant une bonne installation.
Les deux pourfendeurs rentrèrent et déposèrent leurs affaires avant de ressortir immédiatement de leur chambre afin d'aller dans le village où se trouvait le démon, pour inspecter les lieux.
Ils prirent chacun leur sabre et partirent sans tergiverser.

Le village était encore plus morne que celui où ils logeaient. Pas une once de bonheur dans les rues ni même un villageois. L'odeur de démon était présente partout, cela était presque déstabilisant.
Soudain, Giyû prit la parole et dit à Liang tout bas :

-   On cherche le démon et on verra où ça nous mène, déclara Giyû. Si on le trouve, on le combat cette nuit et demain nous serons rentrés. Je ne veux pas m'éterniser ici, cet endroit ne me dit rien, confia-t-il.

- Faisons ça, dit Liang, partageant l'avis de son camarade.

Il lui adressa un regard entendu et continua son chemin dans les rues désertes du petit village suivit de Liang.
La nuit était maintenant totalement installée et plus aucune lumière du soleil ne parvenait jusqu'au village. L'arrivée du démon était proche et les deux pourfendeurs se mirent en garde immédiatement après avoir entendu un bruit venant d'une des maisons.

Giyû adressa un bref coup d'œil à Liang et lui fit signe de le suivre. Elle s'approcha doucement de la maison où Giyû s'engouffrait déjà.
Une fois à l'intérieur, les deux pourfendeurs inspectèrent la pièce, sans rien voir de suspect.

- Bonsoir, prononça une voix grave.

Giyû et Liang se retournèrent vivement vers l'endroit où la voix avait résonné et un grand démon, de plus d'un mètre quatre vingt dix, se tenait là.
Son visage était affreux et n'avait aucun trait humain. Il était parfaitement hideux mais sa voix était très mélodieuse.
Liang se mit en garde et Giyû ne broncha pas.
Il lança immédiatement sa première technique qui fut esquivée par le démon.

- Je ne voulais pas en arriver là, mais si vous m'y obligez..., continua le démon.

Le démon commença à courir vers les deux pourfendeurs qui sortirent de la maison pour avoir plus d'espace pour combattre.
Giyû chuchota à l'oreille de Liang :

- Les villageois sont sûrement dans la maison donc va les libérer pendant que je l'élimine, lui dit-il confiant.

Liang se contenta d'acquiescer avant de sprinter jusque dans la maison discrètement pendant que Giyû continuait d'attirer le démon ailleurs.

Elle se rendit dans l'habitacle et s'aventura dans la maison jusqu'à ce qu'elle tombe devant des escaliers. Elle les descendit, sentant qu'elle trouverait sûrement quelque chose ici.
En bas se trouvait une cinquantaine de personne attachées et bâillonnées. Elle se précipita vers eux en leur enlevant le bâillon qu'ils portaient autour de la bouche et leur posa des questions sur ce qui venait d'arriver.

Ils lui répondirent que le démon les avait envoutés grâce à sa voix et les avait capturés puis enfermés ici.

Giyû. Il n'était sûrement pas au courant que le démon pouvait manipuler avec sa voix. Liang se dépêcha d'en détacher plusieurs avant de leur intimer de sortir d'ici et de se mettre à l'abri. Elle finit vite et remonta les escaliers quatre à quatre avant de ressortir dehors.

Elle aperçut Giyû et le démon en train de se battre.
Le démon avait l'air mal en point et le noiraud arborait toujours son visage fermé. Il n'avait pas l'air d'être réceptif au pouvoir du démon.
Il croisa le regard de Liang et elle allait lui confirmer qu'elle avait réussi mais soudain, elle sentit une présence derrière elle.

-   Derrière, Kurayami ! cria Giyû.

Elle se retourna et esquiva de peu l'attaque d'un autre démon. Giyû venait de lui sauver la vie.
Elle esquiva certes mais son masque avait été touché. Il était déchiré et son visage était entièrement exposé.

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