Le troisième jour après son départ, Thalion revint.
Je déjeunais avec Lisabeth, Léandre et Léoni. Liane ayant un rendez-vous important et Liam étant rentré pour affaires avec son père, Siméon de Dvareine. Nous étions donc en comité réduit lorsqu'un homme, simplement habillé et doté d'une épée, vint informer la duchesse de l'arrivée de Thalion.
Apparemment, aussitôt rentré, il s'était rendu dans ses quartiers en demandant à ce que personne ne le dérange pendant quelques heures. A moins que le palais ne soit envahit, la capitale attaquée ou le monde sous les flammes.
Lisabeth, ma tante, avait ordonnée que ses souhaits soient respectés et protégés. Ainsi, malgré sa présence au sein du palais, je n'avais pu le voir avant le soir.
— Que dirais-tu de prévoir une sortie en ville dans les jours prochains ? avait demandé le prince sur ce qui semblait être un pur coup de tête, après un combat sur notre habituel terrain d'entraînement.
— Non mais t'es idiot ou quoi ? avait immédiatement crié Léoni en le frappant à l'arrière du crâne.
— Léo ! Ça fait déjà presqu'une semaine que vous êtes arrivés et ils n'ont pas pointé le bout de leur nez. Vous n'allez quand même pas rester enfermés ici indéfiniment ! Si ce sont vraiment des chasseurs payés, ils doivent avoir d'autres contrats, répliqua l'initiateur de l'idée.
Il n'avait pas complètement tort. Je commençais également à fortement m'ennuyer dans la routine qui s'était installée. Mais j'assumais qu'il pouvait encore être dangereux de sortir. Thalion l'avait peut-être fait mais il était fort et, seul, il n'avait eu personne à se trimballer.
— Moi aussi, j'aimerais bien sortir mais ce cher Jegal a demandé à tout le monde de ne pas me confier de mission en dehors du palais. Alors, ce prince va la fermer et patienter.
Personne ne dit plus rien après ça. Léoni n'était pas énervé mais sûrement plus saoulé par la situation qu'aucun autre. Il devait, d'après ses dires d'un air toujours aussi dramatique, se contenter d'entraînements sans pouvoir profiter d'alcool et de jolies filles que l'on ne trouve qu'en dehors des murs de cette prison.
— Léoni, je vais t'assassiner dans ton sommeil, entendis-je résonner derrière moi.
Je me retournai brusquement en même temps que les deux autres et mes yeux se posèrent sur mon frère, quelques mètres plus loin. Ses cheveux en bataille et ses sourcils froncés. Il avait une égratignure sur le front. S'était-il battu ? Avait-il eu des ennuis en ville ? La jeune femme rousse peut-être ?
Cela m'importait pourtant peu, il me fixait d'un regard perçant et quelque peu furieux, mais c'était le sien et je le reconnaîtrais entre mille.
— Vous m'expliquez ce que vous foutez ici ? fulminait-il en s'avançant dans notre direction.
Heureuse de le revoir j'avais un peu oublié où nous nous trouvions et surtout ce que nous avions chacun entre nos mains. Je tentais de dissimuler la mienne avec ma jambe. Malheureusement, c'était déjà trop tard.
— Thal, on peut tout...
Parvenu jusqu'à moi, il soupira bruyamment, interrompant ma tentative de nous défendre.
— Désolé. J'aurais simplement préféré être au courant avant que vous ne commenciez quoi que ce soit.
Il posa une main sur ma tête et m'attira contre lui.
Une odeur de bois et de poussière parvint à mes narines. Ce n'était pas l'odeur habituelle de mon frère mais cela m'indiquait qu'il avait passé ses journées à l'intérieur et me rassurait quelque peu. Il conservait cette odeur familière de fer que je lui avais trouvée après nos retrouvailles. Sûrement venait-elle de la forge mais je l'appréciais beaucoup. Je me sentais en sécurité. Et là dans ses bras, j'étais bien.
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Gardiens des Magies - Tome 1
FantasyDans un monde pourtant pas si différent des autres, règne la Magie. Anthéa Valberton avait seulement douze ans lorsque sa famille a été assassinée. Après un an et huit mois, elle s'est réveillée, seule, sans souvenir de ce qu'elle a pu faire depuis...