Chapitre 1 - Le chevalier de la forêt

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Des larmes avaient coulé sur mes joues. J'avais l'impression que l'on m'avait arraché quelque chose dans la poitrine, je me sentais si vide, si seule. Rien que repenser à leur mort me donnait la nausée. Mes épaules se mirent à tressauter et mes genoux lâchèrent. Mon chagrin était si intense que j'ai dû attendre une bonne dizaine de minutes avant de réussir à me calmer. Après cela, je me suis relevée, grimaçant sous ma blessure.

Je ne me souvenais de rien d'autre après ça. Certes je savais ce qu'il s'était passé avant de me réveiller dans cette forêt, mais je ne savais pas comment j'y étais arrivée. La dague n'était peut-être plus plantée dans mon corps mais son œuvre était bien visible. Si quelqu'un m'avait bien aidée, il n'avait sûrement pas eu le temps de me guérir. Ou la possibilité.

Mais, comment pouvais-je être encore en vie ?

Passant outre cette question dont la réponse semblait être de l'ordre de l'impossible, je posais les mains sur la plaie afin d'y appliquer une pression. Cela faisait horriblement mal mais je devais surmonter cette douleur insupportable. La lame n'avait pas l'air d'avoir touché d'organes vitaux, sinon je serais morte sur le coup, et j'en fus soulagée. Cet horrible assassin n'avait pas fait correctement son boulot. Étrange...

Je perdais cependant toujours du sang et, si l'on ne me soignait pas au plus vite, j'allais mourir. Des sueurs froides traversaient mon corps et mes jambes étaient lourdes.

Il me fallait partir d'ici.

Si je me trouvais bien dans la forêt qui bordait mon village et que ma mémoire ne me faisait pas défaut, celui-ci se trouvait à l'Est, là-bas je trouverai des personnes capables de me soigner. Malheureusement, je ne savais pas vraiment où était l'Est alors je pris une direction au hasard, espérant au moins pouvoir sortir de cet endroit où il était certain que je ne croiserais personne. Je fis donc un pas.

Puis deux.

Puis trois.

Mon souffle était court et j'avais l'impression de bouger au ralenti mais j'étais soulagée. Ma blessure à l'abdomen me faisait peut-être souffrir intensément mais je ne m'écroulais pas. Ce qui était une victoire pour moi.

Confortée sur le fait que j'arrivais à marcher, avec beaucoup de peine mais j'y arrivais, je me mis en route vers un village où j'espérais trouver de l'aide.

Plus le temps passait, plus je me demandais pourquoi les arbres étaient aussi feuillus et la végétation aussi touffue. Lorsque l'assassin avait tué tous les membres de ma famille nous étions en octobre et l'anniversaire de mon frère approchait. Peut-être étais-je morte ? Et j'étais montée aux cieux. Cela expliquerait bien des choses. Mais je ne pensais pas qu'il s'agissait de ça. D'après les membres des temples, la douleur n'existait pas après la mort. Ce qui ne laissait que deux autres possibilités. Soit je me trouvais à l'autre bout de la Terre. Soit plusieurs mois s'étaient écoulés depuis ma présumée mort. Je reconnaissais que le fait de me retrouver à loin de chez moi était possible, mais que six mois s'étaient écoulés, l'était bien moins. Et puis il y avait cette entaille sur mon front, lorsque je m'étais évanouie ma tête reposait sur mon oreiller. Comment avais-je pu me faire mal à cet endroit ?

Alors que je réfléchissais à tout ça, un arbre se dressa sur ma route. Le prenant de plein fouet dans la tête, un son métallique retentit et je tombai par terre. Je levai les yeux pour jurer contre cet obstacle, mais ce que je vis n'était pas un grand pin de forêt, c'était un homme. Celui que j'avais pris pour un arbre était grand et baraqué, des cheveux châtains et de petits yeux vert clair. Un air bienveillant se dessinait sur son visage âgé. Il portait une armure de chevalier et, d'après ma supposition, il devait faire partie de ceux d'un village alentour que je cherchais. Il semblait être plutôt digne de confiance. Après tout, c'était le rôle des gardes de protéger les citoyens du royaume, n'est-ce pas ?

Gardiens des Magies - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant