Chapitre XIX.

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PDV LESTAN:


     Un silence pesant s'était installé dans le bureau de  "Lucifer". Assis sur mon trône derrière l'immense bureau, le coude sur celui-ci et la tête posée sur la main, je regardais autour de moi. Devant le bureau, mon équipe était disposée en demi-cercle sur des chaises rouges à haut dossier, d'un côté ma famille et de l'autre nos amis guerriers. Mon père rompit le silence en tapant des mains. Il se leva et un tableau blanc apparut face à nous. Il commença a écrire, ou à dessiner, énergiquement. Je me mis droit sur mon trône, les mains croisées. Tous attendaient. Même Darwell, qui dévorait une pizza pliée en deux, avait les yeux rivés sur mon père. Lucian se retourna.

- Tintiiiiiin! Cria t-il en écartant les bras.

     J'avançais le buste en plissant les yeux. On aurait dit un dessin d'un enfant de cinq ans avec des bonhommes bâtons. Du marqueur, il désigna un bonhomme à gauche. Une fille me semblait-il vu la chevelure qu'il lui avait faite.

- Objectif, Kalia. (Il avança le marqueur le long de sortes de vagues) Là c'est flou, on doit trouver. Hop! (Fit-il en arrivant sur un groupe de bonhomme, plus grand que le second à droite entouré de rouge) Là c'est nous. Les gentils. (Puis, il tapa plusieurs fois sur le groupe à droite) Les méchants (Il crispa les mains et déforma son visage. Il me fit penser au personnage de monstre qui apparaissait avant un épisode de Buffy), une bataille, on les défonce, on les défonce et ON-LES-DEFONCE. (Articula t-il en tapant une dernière fois). Sauf toi mon amour, tu n'es pas dans la bataille.

         La mine de son marqueur était enfoncée, il la regarda, haussa les épaules et jeta le marqueur au dessus de son épaule.

- T'es sérieux? Demandais-je.

- Bah quoi? Il faut bien commencer quelque part. Je ne sais pas vous, mais je suis toujours excité comme une puce avant une bataille. En plus, ça fait longtemps que je n'ai pas dégommé des culs blancs.

     Darwell acquiesça de la tête, la pizza levée. Il me la tendit. Je lui jetai un regard ahuri. Il enfuit la fin dans sa bouche. Bon, c'était sûr que c'était le flou total, que nous démarrions de zéro. Cependant, ce n'était pas le moment de blaguer. Enfin, je ne savais pas si Lucian était sérieux ou s'il voulait détendre l'atmosphère.

- Dans tous les cas, le début et la fin est bonne. Intervint Illias.

- Merci mon pote. Répondit Lucian en lui faisant un clin d'oeil.

     Je sentis la rage grondait en moi. C'était une perte de temps.

- Je ne prendrai pas part à la bataille, je ne suis pas inconsciente mais je peux vous aider pour les origines. (S'immisça Yris) Je peux vous raconter ce qu'ils m'ont fait quand j'étais captive...

- Non mon amour. Interrompit Lucian.

      Yris le stoppa de la main.

- Tu m'empêches à chaque fois d'aborder le sujet car selon toi, cela va raviver des souvenirs douloureux. Sauf que c'est important que je le fasse car Kalia est certainement dans la même situation. Nous devons en savoir le plus possible sur nos ennemis.

     Lucian détourna le regard. J'adressai un sourire tremblotant à ma mère pour lui insuffler du courage. Elle baissa la tête sur ses mains et se mit à les tortiller.

- A peine arrivée là-haut, plusieurs personnes en toges blanches m'ont entourée. Ils se sont mis à me pousser en m'insultant de tous les noms, dont celui de "catain".

     Mon père se tourna vers la tableau et se tint la tête.

- Puis, ils m'ont emmenée dans une petite pièce blanche, l'unique couleur de cet endroit dans tous les cas. Ils se sont mis à me frapper, surtout dans le ventre. Car comme ils le disaient, j'avais copulé avec Lucifer et je lui avais donné des héritiers.

    Je m'affaissais sur mon siège. Les odeurs de tristesse et de colère imprégnaient la pièce. Personne n'osait parler. Mon père toujours de dos, tremblait comme une feuille. Chaque parole me donnait l'impression d'être un couteau qu'on me plantait. Je visualisais parfaitement ce qu'elle avait vécu. J'avais envie de me boucher les oreilles tel un enfant. Sauf que je devais rester impassible et attendre. Ma mère avait toujours la tête baissée. Après un court silence, elle reprit.

- Cela a duré des heures. Je m'évanouissais et ils recommençaient... (Un sanglot la força à interrompre son récit). Ils voulaient que j'avoue mon crime, mais je refusais car ça n'était pas un crime de t'aimer! (Cria t-elle en regardant mon père. J'entendais les pleurs de celui-ci). Ensuite, ils me frottèrent avec de l'eau et du savon pour me laver, de mes péchés, tellement fort, avec une brosse aux poils si rêches, que je saignais de partout et me mirent une robe blanche. Je n'ai jamais vu leurs visages.

       Mon père se précipita vers une poubelle à côté du tableau, s'accroupît et vomit. Il s'essuya la bouche et se releva sans nous regarder. Il donna un coup de poing dans le tableau, pile à l'endroit des ennemis et l'envoya valser à l'autre bout de la pièce. Il posa ses yeux rouges sur ma mère. Ils redevinrent normaux. Doucement, il s'approcha d'elle et s'assit à sa place. Il lui attrapa la main et la serra si fort que ses phalanges devinrent blanches. D'un signe de tête, il lui demanda de continuer.

- Puis, ils m'attrapèrent par les cheveux et me tirèrent jusqu'à une immense pièce ou des dizaines de capsules étaient présentes. Grâce aux hublots, j'ai aperçu qu'elles contenaient des personnes. L'une était ouverte. Ils me jetèrent dedans, dans une eau bleue, très  froide... J'ai pensé à vous, encore plus, à cet instant. Expliqua Yris, en pleurant et en nous regardant ma soeur, mon père et moi.

      A mon tour, j'avais envie de vomir. Je n'avais pas réussi à retenir les larmes de couler. Jamais je n'avais imaginé qu'elle ait subi ça. Je ne l'aurais pas supporté. Et puis, si j'avais su qu'elle était vivante pendant toutes ses années, j'aurais mis le feu là-haut dès son arrivée.

- Ils ont refermé la capsule, des câbles sortirent et vinrent se poser sur mes tempes. J'ai été plongée dans le coma. Parfois, ils me réveillaient et me laisser sortir dans une cour fermée, aux hauts murs et avec un filet entre le ciel et moi. Une dizaine de minutes. Ils voulaient vérifier si j'étais en vie. Et surtout, ils voulaient me maintenir en vie. J'étais une captive trop précieuse... (Elle se tourna vers moi). J'ai du réussir à t'appeler lorsque j'étais dans le coma ou alors tu as reçu mes pensées quand j'étais réveillée. Quoi qu'il en soit, je suis persuadée que Kalia vit la même chose.

     Kalia. J'imaginais parfaitement ce qu'elle vivait, j'allais m'évanouir. Ses pensées, je ne les entendais pas. Nous n'avons pas de temps à perdre. Je me levais d'un bond et fit les cent pas.

- Sauf que contrairement à moi, je pense qu'ils lui ont effacé la mémoire et formatée à leur façon.

      Je donnai plusieurs coup de pieds dans le mur jusqu'à ce que ma jambe s'y enfonce. Je la retirai et revint m'asseoir. Je poussai un long soupir afin d'essayer de diriger ces informations. Je devais retrouver les idées claires.

- Il faut la sortir de là. Déclarai-je.

        Andréas toussa.

- Si je peux me permettre, si on étudie les faits, les deux fois où elle est apparue sur terre, tu étais seul.

- Oui.

- Le plus simple serait de provoquer une troisième rencontre au lieu de réfléchir à une façon d'entrer à nouveau là-haut.

    Je plissai les yeux afin de réfléchir à sa proposition. J'avais envie d'aller de suite tout exploser là-haut mais je ne devais pas agir sur un coup de tête.

- Donc mon pote, tu n'as plus qu'à partir en voyage et attendre que la proie te trouve. Continua Darwell.

- Nous veillerons sur toi de loin, au cas où elle serait accompagnée d'une troupe de connards. Ajouta Marius.

- Et qu'est-ce que je fais si elle me trouve?

- Tu la kidnappes. C'est un point commun chez les hommes de la famille. Proposa Livia qui tentait de reprendre doucement ses esprits.

        J'hochai doucement la tête.

- Et si ça dure des mois ? Questionnais-je.

- Si c'est le cas, crois-moi, nous n'attendrons pas aussi longtemps pour aller faire un coucou là-haut. C'est l'objectif final. Déclara Lucian, le regard rouge étincelant.

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