Chapitre VIII.

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    Est-ce que c'était Yris que Kalia voyait dans ses visions? Ou plutôt qu'elle entendait? Est-ce que cela signifiait... Je n'osais même pas le formuler en pensées... Que ma mère était vivante? Pris d'un élan d'espoir ainsi que de panique, j'attrapai Kalia aux épaules et la secouai.

- Est-ce que c'était ma mère? Est-ce qu'elle est vivante? Putain, réponds-moi! Provoque une autre vision merde! Criais-je en la secouant tel un pommier.

- Arrête! Lestan, stop! Paniqua Kalia en essayant de sortir de mes griffes.

- Il faut que tu m'en dises plus! Est-ce qu'elle va bien? Est-ce qu'elle souffre? Kalia... (Je la relâchai et me passai la main dans les cheveux) Est-ce qu'elle est en vie?

     Cette dernière question n'était qu'un murmure. Je le sentais, j'allais fondre en larmes. J'étais totalement perdu et pourtant j'avais tant d'espoir. Mon cerveau commençait déjà à s'emballer. La peur m'enserra le ventre. Si elle était vivante, j'espérais de tout mon cœur qu'elle aille bien. Kalia souffla longuement en remettant en ordre ses vêtements.

- De un, j'ignore qui est ta mère, jusqu'à sa voix, donc impossible de répondre. De deux, je t'ai déjà expliqué, ce n'est pas moi qui contrôle mes visions. Et de trois, pourquoi je t'aiderais alors que tu me retiens prisonnière? Dit-elle en comptant avec ses doigts.

     Quoi? Alors là j'hallucinais! La seule personne qui m'apportait un peu d'espoir depuis toutes ses années, refusait de m'aider. Si je ne me retenais pas, je la giflerais une seconde fois. Surtout que je voyais dans son regard qu'elle était déterminée à ne pas m'aider. Je m'avançai vers elle et posai le doigt contre son thorax.

- Ecoute ma petite, tu n'as pas le choix, je t'ordonne de m'aider.

      Kalia se mit sur la pointe des pieds.

- Tu n'es pas mon roi. Relâche-moi et je le ferai.

      La rage grimpa en moi. Hors de question que je subisse du chantage. Je sautai du lit et avançai vers la double-porte. Je l'ouvris et sans me retourner, je lui balançai:

- Sois prête dans 10 min.

      En fermant la porte, je l'entendis crier comme une hystérique. Quant à moi, je me promis d'obtenir ses informations. Même si je devais utiliser la ruse ou jouer avec les sentiments de la brunette pour arriver à mes fins. Ma mère passait avant tout et je n'avais aucun scrupule à ça.

     Comme depuis un quart d'heure, je remuais discrètement sur ma chaise au bout de la table. Kalia se tenait à ma droite face à ma sœur. L'humaine portait une longue robe en soie émeraude, ce qui rendait dingue le titan dans mon boxer. Et pourtant mon esprit ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour la jeune-femme. En effet, elle n'avait pas touché à son assiette et elle restait la tête baissée. Si elle comptait faire la grève de la fain, cela ne suffirait pas à me faire céder. Enfin, peut-être. Nous dinions donc à trois et seuls les bruits des couverts brisaient le silence. Livia semblait elle-aussi inquiète. Elle ne cessait de jeter des regards à ma prisonnière. Je posai les yeux sur la longue nuque de Kalia, que l'une des servantes avait dégagé avec un chignon sur le côté. Lorsqu'elle tourna la tête vers un serviteur qui entrait pour débarrasser, j'aperçus un tatouage. Deux petits symboles qui semblaient anciens. Tant de sensualité... Cette fille était un mystère à elle-même. Elle m'intriguait et des questions me brûlaient les lèvres. Après tout, je ne connaissais rien d'elle. Je perdis le fil de mes pensées, lorsque mon regard s'attarda sur son décolleté. Je me retins de me lécher les lèvres et enfuie dans ma bouche ma fourchette. Je mastiquai machinalement et me concentrai sur Livia. Je fus surpris de voir qu'elle me regardait. Son regard vert était teinté de reproches.

Lestan.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant