Chapitre XXV.

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     Je fixais Kalia, hébêté. Qu'est-ce qu'elle venait de dire? Elle me jaugea du regard et haussa les épaules. Elle ouvrit la bouche. Oh non, elle allait continuer sur sa lancée de la connerie! Qu'elle se taise bon sang!

- Si je dois partir, autant vous aider. 

     Quoi? Quoi? Quoi? Elle était en train de s'enfoncer. De rendre possible l'ineptie que m'avait annoncé la bande des trois. J'allais galérer à leur faire renoncer à cette idée débile si Kalia s'opposait à moi.

- Ferme ta gueule et entre dans la chambre! Lui criais-je en tendant le bras vers l'intérieur de la chambre.

     Puis je secouai négativement la tête en fronçant les sourcils afin de leur prouver qu'elle avait perdu la tête. 

- Toi ferme ta gueule!

     Je tournai vivement la tête vers elle. Elle me pointait du doigt.

- J'ai encore le droit de décider par moi-même ! Je veux vous aider. Point barre.

- Mais putain, ta gueule! On a pas besoin de toi, on trouvera un autre moyen!

    J'étais conscient que je lui parlais extrêmement mal. Cependant, je n'avais qu'une seule envie: Me boucher les oreilles pour ne pas entendre ses paroles. Avant qu'il ne soit trop tard. Hors de question de la mêler à ça. Jamais je ne me servirais d'elle pour sauver ma mère.

- C'est le seul Les... Tenta Andréas.

- Boucle-la ou je te démolis la mâchoire! Le menaçais-je.

    Mon pote croisa les bras et leva les yeux au ciel. Quant à Darwell et ma sœur, ils me lançaient des regards moralisateurs. Ils me faisaient parfaitement comprendre que j'abusais. Moi? Pour une fois, c'était moi la voix de la raison ici! Kalia se plaça devant moi et posa son petit doigt sur mon torse. Je baissai la tête vers cette petite brune. 

- Cette fois, ça n'est pas toi qui décide. Vous vous accrocherez à mon âme et tu récupéreras ta mère.

      Outre de la colère, je vis dans son regard de la détermination. Elle ne changerait pas d'avis. Je déglutis. Je ne voulais pas me servir d'elle. Je ne voulais pas qu'elle soit impliquée dans cela. Je voulais que sa vie dans l'au delà ne démarre pas dans la guerre. Où est-ce que son âme irait par la suite? Impossible que ce soit en enfer. Elle risquerait d'errer dans les abîmes. Hors de question. Je déglutis.

- Je ne veux pas me servir d'un amour pour en récupérer un autre. Lui murmurais-je.

    Elle me sourit tendrement et m'entoura le visage de ses mains.

- Ne le vois pas dans ce sens. Mon dernier cadeau sera de ne pas te laisser seul ici. 

- Sans toi, je serai toujours seul. Où que j'aille ou avec qui je suis.

     Je me mordis la lèvre inférieure et tournai le regard pour ne pas craquer. Par ailleurs, elle appuya plus fermement ses mains contre mes joues pour me forcer à la regarder.

- Ta maman Lestan... Laisse-moi te la ramener. Laisse-moi faire ça pour toi...

      Son regard larmoyant me suppliait. Je lui avais promis de la laisser partir le moment venu. Elle voulait m'aider une dernière fois. Sans elle, trouverons-nous un autre moyen? Si oui, quand? Est-ce qu'il serait trop tard? Est-ce que je les perdrais définitivement toutes les deux? Ils étaient tous contre moi et ils attendaient ma réponse. J'avais le couteau sous la gorge. Je poussai un long soupir, levai la main et la laissai retomber en signe de défaite.

- Allez tous vous faire foutre.

   Puis, je pénétrai dans la chambre et fermai la porte. J'avançai, les épaules voûtées comme si je portais tout le poids du monde et me laissai choir sur le bord du lit. Les mains sur les cuisses. Kalia entra à son tour et s'assit à mes côtés. Elle me prit la main et enlaça ses doigts aux miens. Je posai la tête contre son épaule. Elle me caressa la nuque. Je relevai la tête et me frottai le visage. C'est alors que je remarquai son sourire triomphant. Mon abandon semblait la rendre très heureuse. Ça me saoulait.

Lestan.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant