Bibliothèque des cités perdues.

Chapitre 16 : Re-suspect.

L'après-midi commença pour les deux elfes et leur nouvelle amie par un cours de latin (mais pourquoi le cygne noir les avait-il inscrit dans une chose pareille ?! ) Le professeur, assez épuisant à écouter, aborda les légendes de la mythologie, ce qui surprit fort les cousines. Maintes fois, Ignis dû envoyer un coup de pied sous la table à sa voisine, qui s'apprêtait à reprendre l'adulte, même si elle-même désirait lui hurler que SI L'ATLANTIDE AVAIT EXISTÉ, ET D'AILLEURS C'ÉTAIT ENCORE LE CAS !!! NON MAIS ! Heureusement, le professeur les lâcha au moment exact où sonna la pause, l'air de vouloir se débarrasser des animaux qui lui servaient d'auditoire. Magali, Ignis et Dulwene se précipitèrent hors de la classe, soufflant de soulagement d'être enfin libres.

- Bon, j'suis trop désolée de devoir vous laisser, soupira l'humaine, mais il faut que j'aille en allemand, et vu votre emploi du temps, vous n'avez pas cette matière ! Faites pas trop de bêtises en m'attendant !

La jeune fille leur fit un clin d'œil taquin, avant de repartir vers une salle de classe, plus loin dans le bâtiment.

- Euh... faut qu'on fasse quoi au juste maintenant ? finit par demander la télépathe.

- Bah... on pourrait essayer de visiter et trouver des gens suspects...

- Tu sais, je commence à penser que c'est nous les gens les plus suspects de cette école ! Et toi en premier !

Ignis tira la langue à sa cousine, qui tenta de lui asséner une tape amicale. Mais la givreuse partit en courant à travers le long couloir. Une course poursuite s'engagea, sous le regard rieur de certains élèves que les deux elfes croisèrent. Mais alors que la pyrokinésiste prenait un virage dans un dérapage à peu près contrôlé, elle jeta un coup d'œil derrière elle pour voir où se trouvait son acolyte. S'apercevant que celle-ci se rapprochait dangereusement, elle accéléra et... rentra violemment dans quelque chose.
Tombant à terre, elle releva la tête pour s'excuser, car elle se doutait que l'obstacle n'était sûrement pas un pauvre poteau. En voyant le visage de ce fameux "obstacle", elle écarquilla les yeux et balbutia un moment. Dulwene dérapa à son tour dans le virage, mais se stoppa net en apercevant sa cousine au sol, en plein milieu du couloir. Elle sourit un instant, avant d'éclater de rire en reconnaissant Cyriaque, à demi-plié en deux sous le choc.

- Mais... qu'est ce que vous faites à courir comme ça ? hurla-t-il, quand il eut repris son souffle, vous vous êtes cru sur un stade ?

- Je... mais euh je...

Ignis ne savait pas quoi répondre, et si Dulwene avait raison ? Et si le surveillant était réellement un elfe, un ravisseur de Sophie ? Il pourrait être dangereux...

- Et toi, arrête de rire ! maugréa l'adulte en dardant la télépathe qui se tenait les côtes.

Mais celle-ci ne réussit pas à cesser son fou rire, elle ne savait pas ce qui la faisait le plus rire : la tête ébahie de sa cousine, encore à terre, ou le visage rouge, dû à la colère et au manque de souffle de Cyriaque.

- Alors ? s'agaça ce dernier, c'est fini toutes les deux ?

Mais aucune ne répondit, l'une trop abasourdie, l'autre pliée en deux de rire. Le surveillant s'énerva encore plus, et finit par hurler :

- UNE HEURE DE COLLE ! VENDREDI ! TOUTES LES DEUX !

- Mais...

Mais l'homme partit sans se retourner, et les deux adolescentes préférèrent ne rien ajouter. Avec un air de chien battu, elles sortirent du bâtiment, et s'assirent sur l'étrange sol noir dans la cour. Sortant l'emploi du temps que leur avait remis leur premier professeur, elles avisèrent de ce qu'elle pourrait faire.

- Hé mais ! On a fini les cours ! s'étonna Ignis.

- Ouais ! Trop bien ! s'écria Dulwene, on reeeennnntre !!

Les deux elfes se précipitèrent vers le portail, et mirent un moment à comprendre comment le faire fonctionner. Quand elles eurent vu qu'il fallait appuyer sur un bouton, elles sortirent enfin.

- Hum... Dulwene, tu sais rentrer ?

- Euh, Ignis, on a le même sens de l'orientation !

- Oups ...

Les jeunes filles arpentèrent la ville, en se demandant où elles pourraient trouver de quoi s'orienter. Elles finirent par trouver un plan géant, avec des indications très précises.

- Alors... s'intéressa l'hypnotiseuse, on est exactement... LÀ ! Et il faut qu'on aille... euh...

- Euh... tu sais quoi ? Je crois que nous ne connaissons pas notre nouvelle adresse ! Alors que c'est l'un des seuls moyens de se repérer dans les cités interdites...

Dépitées, elles regardèrent autour d'elles, comme si un humain dans les alentours pouvait les aider à rentrer chez elles.

- Mais que faites-vous ici ? s'écria soudain une voix. Vous êtes censées être en cours !

Se retournant, Ignis reconnut Lanula, l'air horrifié de retrouver ses protégées ici. Elle leur fit signe de les rejoindre, trop occupée à porter deux gros sacs remplis d'aliments aux couleurs étranges.

- On s'est perdu ! expliqua la givreuse, mais ne t'inquiètes pas, on a fini les cours ! On n'a pas séché hein !

- J'm'appelle pas Keefe Sencen, hé ho ! ricana sa cousine derrière elle.

Bien que l'envie ne lui manque pas, Ignis ne releva pas le pique, qu'il lui était obligatoirement destinée, et sourit à sa mentor d'un air innocent.

- Bon, soupira celle-ci, venez on rentre. Et surtout, par pitié, ne vous faites pas remarquer !

Sur le chemin du retour, les deux jeunes filles racontèrent avec empressement leur première journée de cours dans le lycée humain.

- Et on a déjà un suspect ! termina fièrement Dulwene.

- Oui enfin, TU as un suspect, nuança sa cousine, c'est pas parce qu'un bel humain a des yeux bleus que c'est un elfe !

- Il nous a mis une colle ! Il a dû s'apercevoir qu'on...

- Que tu !

- ... le suspectait, et il nous a collées, pour nous avoir à l'œil !

- Vous avez déjà réussi à avoir une heure de colle ? s'affola Lanula, mais vous savez ce que ça veut dire "ne pas se faire remarquer" ?

- Mais puisque je te dis qu'il l'a fait exprès !

- Mais...

- Et puis comment veux-tu ne pas être remarquée en t'appelant Guenièvre ou Mélusine ?

- C'est vrai, sérieux, il vous est passé quoi par la tête ?

- A votre avis, c'est l'idée de qui ? marmonna la givreuse.

- D'un idiot, répondit Dulwene sur le même ton.