Quel heureux hasard

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Katsuki était de mauvaise humeur. En fait, pour être tout à fait exacte, il était d'une humeur exécrable. Et alors que son regard assassin parcourait l'ensemble des silhouettes présentent autour de lui, le guerrier ne pouvait s'empêcher de penser que cette journée était un désastre.

Tout lui rappelait constamment que rien ne s'était déroulé comme il l'avait escompté en se levant ce matin-là. La main sur le pommeau de son épée, il incendia en particulier l'échine du juvénile tandis que ce dernier progressait doucement dans les allées du couloir.

Sa mâchoire se contracta en voyant la petite bête hésiter à un embranchement. Pourtant, cela ne dura que quelques malheureuses secondes, rien de quoi s'agacer. Mais aux yeux du chef de guerre, c'était déjà bien trop. Cette satanée histoire commençait très sérieusement à dépasser les bornes.


Katsuki ne cessait de se répéter encore et encore cette phrase : tout était la faute de cette affreuse marieuse ! Et tout le monde savait ici-bas à quel point il le pensait. Il était persuadé que tout cela ne serait jamais advenu, s'il n'avait pas été obligé de se lancer à la poursuite de cette bonne femme caractérielle ! Comme pouvait-on agir sur un tel coup de tête et se dire garant de l'amour entre deux êtres !

Faisant craquer ses articulations, le guerrier porta la main à son visage. Il frotta la cicatrice sur sa joue, espérant presque naïvement que cela allait lui permettre de décrisper sa mâchoire. Sans succès. Il était trop tendu.


- Si tu continues de fixer le Juhyo ainsi, tu vas finir par l'effrayer.


L'ironie qui résonna dans la voix de son ami d'enfance ne fit qu'aggraver l'état d'exaspération de Katsuki. La tête haute, l'expression peu amène, le guerrier lança à son camarade un regard menaçant, tandis qu'Eijiro, pas inquiet pour deux sous, le dévisageait avec un sourire en coin. Il connaissait bien l'homme blond et sous cette bonne dose de mauvaise foi, Katsuki était quelqu'un de bien trop bienveillant pour se permettre d'attaquer qui que ce soit à vue. Même lorsqu'il vociférait le contraire.

Comme pour confirmer ses pensées, le chef claqua sa langue contre son palais en un signe évident de désaccord avant de détourner les yeux de cette tête agaçante.


- Ne me fournis pas d'autre raison de t'enfermer à l'infirmerie pour les dix prochains jours, Eijiro. menaça-t-il pourtant, faisant ricaner le guerrier qui n'en avait cure.


Il devait pourtant se contenir.

Plus loin devant eux, dans un costume bleu impeccable parsemé de dorure, la silhouette svelte, mais pleine de prestance du roi, s'imposait. Son Eminence Todoroki.

Qui aurait cru qu'il se donnerait la peine de les accompagner ? Pas Katsuki en tout cas. Le monarque faisait rarement l'honneur de sa présence. Même messire Bakugo, qui faisait partie de l'élite des chevaucheurs, à sa plus grande fierté, ne l'avait vu que six fois. Son Altesse n'était guère sociable et préférait déléguer ce genre de mission à la garde, ou à son chancelier. Certains disaient même qu'il passait plus de temps à travailler à son bureau, qu'à assister aux nombreuses soirées fastes pour les nobles.

Pourtant, lorsqu'Itsuka avait réclamé une audience urgente, le roi Todoroki n'avait pas tardé avant de répondre positivement à sa demande, via son recteur. Plus surprenant encore, c'est l'ensemble du petit groupe qui avait eu l'honneur considérable de pénétrer ses appartements privés pour pouvoir lui expliquer la situation. Preuve en est que cette histoire de Juhyos était devenue un sujet de la plus haute importante pour la cour.

Epouse moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant