Je n'ai pas choisi un pleutre pour époux

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Pour la troisième nuit consécutive, je n'ai presque pas fermé l'œil et je sens le poids de mes cernes peser sur mes joues. Je vais finir par m'écrouler à ce rythme...

Je n'ai pas pu m'empêcher de ressasser en boucle ce qui s'était passé. Je sais pertinemment que je me suis emporté à cause de ma candeur. Duhaut de ses trente-et-un an, je suppose que messire Bakugo a naturellement plusde connaissance en la matière que moi. Mais je reste persuadé que la scène se reproduirait si j'avais à nouveau le choix. La peur qui m'a envahi n'était que la légitime matérialisation de mes craintes et de mon inexpérience. Je frissonne encore du malaise qui m'a traversé à l'idée de perdre mes vêtements.

Je sais bien pourtant que j'y serai confronté tôt ou tard. Mais jusqu'à présent, tout euphorique que j'étais, je ne m'y étais pas attardé. Quel sot je suis.

J'ai le sentiment d'être dans une impasse.


Je ne me sens pas capable de dévoiler ma nudité devant le regard d'un autre homme. Pourtant, il le faudra bien tôt ou tard. Mais comment faire ? J'ai le désagréable sentiment que je ne pourrais pas m'empêcher de chercher le jugement dans ses yeux, alors qu'il représente l'archétype d'un idéal que j'aurais rêvé d'atteindre plus jeune.

Je soupire doucement tout en essuyant mon visage humide. J'ai l'impression que ma situation devient chaque jour plus difficile à appréhender. Les voix d'Ochaco et de la reine accroissent mes doutes. J'aimerais qu'elles se taisent. Elles reviennent à la charge dès que j'ai un moment de faiblesse. Pourtant, je n'ai pas besoin de plus de crainte que celles que j'ai déjà en ma possession...

Je repose ma serviette sur le bord de la bassine. Pensif, je regarde mon reflet dans l'eau. L'image est trouble, mais mes cernes et mon air soucieux ne peuvent duper personne.


Tôt ou tard, il me faudra faire face à mon futur époux. Je mentirais si je disais que je ne redoute pas notre entrevue, même si je sais qu'elle est nécessaire et inévitable. Il est évident que je l'ai froissé. Il est donc de mon devoir de chercher à améliorer la situation entre nous. De plus, du peu que j'ai appris de ce guerrier, je doute qu'il enterre son égo pour ma personne. C'est à moi de faire le premier pas.

J'espère malgré tout qu'il s'agit d'un simple malentendu facile à résoudre. Katsuki a peut-être seulement été blessé que je le repousse ? Peut-être que cela ne lui était jamais arrivé auparavant ; après tout, il est bel homme. À moins qu'il ne pense que je ne veuille pas de lui ?

Pourtant, c'est tout l'inverse. Mon cœur fait une embardée. Ses lèvres m'ont retourné le ventre d'une façon qui m'était inconnu jusqu'à présent. J'ai honte de l'admettre, car je sais que le malin se rit à mes dépens, mais je ne regrette pas le contact que nous avons partagé.

Coupable, j'essaye de me débarrasser de ces vilaines pensées en m'aspergeant d'eau une nouvelle fois. Je ne dois pas me détourner de mes objectifs. Il nous faut discuter calmement de nos différences de coutumes. Si nous n'arrivons pas à les appréhender, alors notre mariage, aussi politique soit-il, est voué à l'échec.

Cette pensée me fait pâlir. Et si Katsuki ne voulait plus de moi ? Et s'il avait enfin réalisé le fossé qui séparait nos deux royaumes et conclu que c'était trop pour lui ? Je commence à m'alarmer sans pouvoir m'en empêcher. Le souvenir de son visage enflammé par la colère suite à mon rejet danse devant mes pupilles.


On toque soudainement à la porte de mes appartements. Je fais un bond. Mon cœur s'agite puis le soulagement me gagne. Est-il revenu... ?

Epouse moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant