Epouse moi

J'ai fait pire que cela

— Que t'est-il arrivé pour que tu sois si agité, tout à l'heure ?

— Tout à l'heure ?

Blotti contre le torse de Katsuki, je relève la tête pour tenter d'apercevoir son visage. Nous avons remis un peu de bois dans la cheminée et le feu crépite bruyamment, illuminant la pièce de ses couleurs chaudes. La félicité de nos instants nous entoure comme du coton et il me faut quelques secondes de plus pour pleinement me concentrer sur ses mots. Il est tellement agréable de profiter d'un moment de légèreté avec Katsuki, loin du tumulte de ce qui nous attend en dehors de notre chambre que j'aimerais que cet instant dure pour toujours. Sa peau chaude est douce contre la mienne.

— Étais-je si bruyant ? Je m'inquiète.

— Tu étais assourdissant ! Même moi j'ai pu t'entendre et pourtant, tu sais à quel point mon sommeil est lourd !

Un rire nerveux franchit mes lèvres.

— Je suis désolée, je ne voulais pas t'empêcher de dormir.

— Ha, mais cesse donc de t'excuser !! Dis-moi plutôt ce qui occupe tes pensées.

Le bras épais qui m'entoure remonte pour venir frotter le haut de mon dos. Je reste silencieux un court instant. Cela fait plus de deux mois que nous nous côtoyons et même si certains jours ont été plus compliqués que d'autres, j'apprécie les efforts quotidiens de Katsuki. Il essaye d'agir au mieux malgré son mauvais caractère.

Je sais aussi qu'il m'avait reproché ma promptitude à cacher ce que je ressens pour éviter les conflits. Mais alors que sa question retentit dans mon esprit, j'hésite. Mon futur époux est encore fatigué et tiraillé par la pression des créatures à nos portes. Dois-je vraiment lui imposer mes craintes ?

Le silence s'éternise. Son palpitant bat sourdement contre mon oreille, puis un lourd soupir résonne. Je sens Katsuki bouger, et je dégage ma tête lorsqu'il se redresse. Il frotte son visage de sa main avant de s'asseoir sur le lit. Mon cœur se serre en le voyant agir ainsi, l'imaginant déjà se lever pour reprendre le cours de nos vies. Mais il n'en fait rien.

Quand son regard se pose sur moi, ses éclats sont ternis par un voile et pourtant, ils ne m'ont jamais paru aussi ardents.

— Katsuki... ?

— Crois-tu vraiment que je n'aperçois pas tes inquiétudes ?

J'ouvre la bouche puis la referme, tout autant pris au dépourvu, qu'incapable de répondre quoi que ce soit. Je me redresse sur mes coudes.

— Pourquoi ne me parles-tu pas ? Est-ce parce que tu ne me fais pas confiance ?

— Quoi ? Mais bien sûr que si !

— Alors pourquoi est-ce qu'il est si difficile de t'entendre dire ce qui te tracasse ?! s'énerve-t-il.

— Je...

Le temps paraît se suspendre à mes lèvres, les mots coincés tous au fond de ma trachée. Je sens son regard sur moi, et le début d'une terrible colère qui crispe son corps. Après un instant infiniment trop long, je le suis et m'assois à mon tour, laissant le drap descendre sur mes hanches. Ma gorge est un peu sèche quand je reprends la parole, hésitant sur ce que je dois dire :