Epouse moi

Tu t'apprêtes à gâcher ta vie stupidement

- Mais enfin, je ne comprends pas... En es-tu bien certain ?

- Absolument, Votre Altesse.

Je m'incline légèrement, cherchant la meilleure façon de formuler mes prochaines phrases. Son Altesse a le pouvoir de tout arrêter et le moindre faux pas pourrait réduire à néant tous mes espoirs.

- J'ai longuement réfléchi et soupesé chacun de vos mots, comme vous me l'aviez conseillé. Après mûre réflexion, il me semble dommage de refuser cette proposition. Je pense au contraire que nous avons tous à gagner si j'accepte.

- Là n'est pas la question ! s'emporte-t-elle brusquement. Ce... Katsuki est brutal et violent ! As-tu vu comment il t'a traité ?! De quelle façon ses mains impies t'ont touché ! Et qui plus es, c'est un homme ! Un homme ! Quel blasphème ! elle s'empresse de faire le signe de croix.

Je me mords la lèvre inférieure, mais laisse la reine Camie faire éclater sa colère. Je me doutais qu'il en serait ainsi. À ses yeux, cela ne peut que paraître hâtif. Elle n'a pas forcément tort, mais si je lui disais que c'est messire Bakugo qui m'a convaincu, elle risquerait de défaillir. Pire, c'est Tenya qui en subirait les conséquences pour avoir failli à sa tâche. Cela, je ne peux le permettre.

- Peu importe les belles promesses de ce rustre ! insiste-t-elle. Ce ne sont que des mensonges et des calomnies ! Et ilest si vieux !

Vieux ? Je surélève un sourcil. Certes, nous avons quatre ans d'écart, mais quand je constate la différence d'âge entre Ochaco et son futur époux, je ne vois strictement pas en quoi cela peut constituer un argument valable. Il y a tout de même onze ans qui séparent Ochaco de son promis !

Mais Camie enchaîne et s'agace, sans connaîtrele fond de ma pensée à ce sujet. Voyant que sa tirade est loin d'être finie, jeme pince les lèvres. Autour de nous, les courtisanes les plus motivées ne peuvent s'empêcher de témoigner leurs soutiens auprès de Son Altesse.

Mes pensées divergent et se remémore ma courte nuit. Bien qu'il se soit parfois montré insistant, Katsuki m'a parlé de son royaume sans réserve. Nous avons peu échangé, mais il a su m'éclaircir et cela m'a rassuré. Sa seule demande, lorsque nous nous sommes quittés, était de lui donner une réponse. Et c'est justement mon objectif à présent.

Maintenant, je n'ai plus le sentiment de délaisser une prison pour une autre ou de n'être que la énième conquête d'un homme. Ochaco dirait probablement que je suis trop influençable, peut-être a-t-elle raison d'ailleurs. Pourtant, je reste persuadé que le dégoût de Katsuki à l'idée de tromper son époux n'était pas feint et que ses promesses de m'emmener n'étaient pas fausses. Tout ceci me semblait sincère.

J'ignore encore de quoi sera faite ma vie, mais c'est un risque que je suis prêt à prendre à présent. Comme cela était le cas avant qu'on insinue le doute dans mon crâne. J'ose même me demander et imaginer sa réaction, quand il apprendra qu'il a obtenu ce qu'il voulait. Est-ce que le message qui lui a été porté va lui faire comprendre ma décision ? Il semble vif d'esprit, alors cela ne m'étonnerait pas.

Mais tout d'abord, je dois gagner l'approbation de Son Altesse. Je suis à son service après tout. Mais il s'agit également de ma mère de substitution et j'aimerais avoir sa bénédiction.

- Tu es bien silencieux tout à coup, Izuku.

Je me remets à observer Dame Camie. Elle a enfin cessé de remuer. Ses joues sont un peu rouges et elle respire vite. Elle me fait penser à son fils ainsi, même si avoir une telle pensée est déplacée.