Epouse moi

Pourquoi ne pas attendre un peu ?

- J'ai fait pire que cela. Je suis tombé amoureux.

Le silence s'installe entre nous. Je suis incapable de laisser passer le moindre son, comme si je venais de me prendre un coup. J'entends distinctement ses paroles résonner dans ma tête, mais je n'arrive pas à leur donner un sens.

Puis, je prends conscience des couleurs sur ses joues. Je n'aurais jamais cru voir cela un jour. Le regard intense qu'il fait peser sur moi termine de me faire comprendre sa sincérité. Ou bien, cela m'achève tout court.

- P-Pardon ?

Je deviens cramoisi à mon tour. La flèche de ses mots finit enfin par frapper ma poitrine, réduisant mon cœur en miette. Face à la violence de mes réactions, Katsuki détourne les yeux, soudain gênés. Je ne peux que le comprendre. Ses paroles ressemblent cruellement à une déclaration.

- M-Mais enfin... je bégaye, paniquant à moitié. On ne tombe pas amoureux au premier regard ! J-je...

- Tu crois que je ne le sais pas ?! me coupe Katsuki, s'énervant à son tour. Ces abrutis d'Eijiro et Denki n'ont pas cessé de le répéter, et je ne parle même pas de leurs moqueries ! Mais je sais très bien ce qui s'est passé et ce que je ressens !

- Ho seigneur... je gémis, venant cacher mon visage derrière mes mains. Mais, cela ne se peut pas. N-Nous ne nous connaissions même pas...

- Remets-tu en doute ma parole ?!

- B-Bien sûr que non ! Mais mettez-vous à ma place ! Vous êtes en train de m'expliquer que quand vous m'avez vu, vous... vous êtes...

- Vas-tu le dire à la fin, au lieu de bégayer ainsi ?!

J'essaye de reprendre mon souffle, le cœur battant à vive allure, et plonge mes yeux dans les siens.

- Es-tu réellement tombé amoureux de moi ce jour-là ? D'un simple regard ?

J'hésite à ajouter : « comme dans les contes de fées », mais je suis presque certain que cela ne ferait qu'ajouter de l'huile sur le feu, donc je m'abstiens. De toute façon, Katsuki ne me laisse pas le temps de renchérir :

- Quel autre choix avais-je ?! Ses pupilles rougeoyantes se font encore plus orageuses, alors qu'il s'agace comme s'il souhaitait m'accuser du poids de ses propres sentiments. Avec tes joues dodues et tachetées ! Tu étais si léger, et... fragile ! Pourtant, tu osais parler à mon dragon sans aucune crainte ! Et quand tes grands yeux stupides se sont posés sur moi, je...

- Mes grands yeux stupides ?

- Tu avais l'air tellement fasciné malgré l'embarras. Comment étais-je sensé réagir ? La plupart des gens me redoutent, me respectent, ou m'observent avec dédain. Mais toi... tu...

- Mais je tremblais de peur dans vos bras...

- Crois-moi, je sais reconnaître quand quelqu'un est terrifié, et ce n'était pas ton cas ! La seule personne qui t'effrayait réellement, c'était ton stupide roi.

Je reste muet, tentant de me remémorer notre premier échange. Il est vrai qu'à cet instant, la réaction de Son Altesse m'avait bien plus inquiété que celle de messire Bakugo et de ses compagnons. Néanmoins, j'ai le souvenir clair d'avoir été affolé par le fait d'être si proche d'un autre homme.