Les pieds dans le sable, la chaleur de l'été, la douceur du Coffee Shop familial, il n'en faut pas plus à Jimin pour se convaincre qu'il va passer ces quelques semaines de repos forcé dans l'insouciance et oublier la mission qu'il vient de vivre.
Ma...
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— Maman, je te dis que tout va bien. Papa, dis-lui quelque chose ! dis-je derrière mes lunettes de soleil Ray-Ban Aviateur, alors que nous montons dans la voiture.
J'étouffe déjà depuis que je suis descendu sur le tarmac. Pourtant, je suis habitué aux pays chauds.
Je me doutais bien que ma mère, un petit bout de femme aussi petite que son mari, mais aussi vive que lui est calme, serait aussi excitée à l'aéroport. Elle a trouvé toute la force en elle pour me serrer avec l'immense amour contenu dans son cœur, tout en faisant attention à moi. Je sais que mille questions l'assaillent sur ma santé et les séquelles sur mon corps ou mon mental. Mais elle sait aussi que certaines resteront sans réponse.
— Si tu savais Mimi...
J'avais oublié combien ce surnom dans la bouche de mon papa pouvait autant m'émouvoir. J'en suis encore capable, n'est-ce pas ?
Je sens certains regards sur moi dans l'aéroport puis quelques gloussements. J'ose lever les yeux et vois deux jeunes femmes coréennes me regarder avec insistance. Je fais semblant de les regarder par-dessus mes lunettes en penchant la tête vers l'avant, je me mords la lèvre inférieure en leur souriant ensuite, puis les salue comme un militaire, en posant mon index et mon majeur sur ma tempe. Elles sourient aussi largement que possible en se trémoussant sur place, avant que je passe devant elles avec mes parents.
Même si je ne porte qu'un pantalon cargo kaki, un t-shirt noir moulant à manches courtes et mes rangers, mon allure et mes cheveux courts doivent certainement faire leur effet. Ou est-ce peut-être mon port de tête. Même quand je m'incline pour saluer et remercier les gens, je veille toujours à rester sur mes gardes, toujours un œil partout, un air grave au visage ou au contraire avenant et séducteur, quand je dois user de mes charmes pour avoir ce que je veux.
Ce n'est certainement pas pour rien qu'on m'a surnommé Playboy.
Bien sûr, ce n'est qu'une façade. Bien sûr, j'en souffre à l'intérieur quand j'ose réfléchir sur moi et je me noie de larmes de mes mensonges, dans cette couverture qui m'aide à garder mon métier, dans ce monde hétéronormatif et homophobe qu'est le mien. Bien sûr, j'ai toujours feinté les autres pour ne pas me dévoiler, pour que personne ne sache - en dehors de mon meilleur ami - que charmer les filles me permet de cacher ma véritable nature. Je n'ai même jamais fait mon coming out à mes parents.
— ...Depuis que tu as dit "oui" à ta mère pour venir, elle est intenable ! Elle a déjà prévenu tout le quartier, mis une banderole de soutien devant le Café - tu sais comme on fait pour les idols ? - et a prévu la semaine prochaine un apéritif dinatoire en ton honneur.
Oh non la honte, pas ça.
— Maman, tu n'as pas fait tout ça ? gémis-je en fermant deux secondes les yeux.
— Bien sûr que si ! Je suis fier de mon fils et de ses blessures de guerre, tout le monde doit le savoir. Tu reviens pour l'été dans ta famille pour te reposer, on va tout faire ton père et moi pour être aux petits soins. Tu vas pouvoir poser tes pieds en éventail sur la plage du Café, lire, profiter des vagues et moi je vais profiter de mon fils ! Tu sais ce que m'a dit mémé Choi ?