Chapitre 39

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KALE

J'avais besoin de prendre l'air le temps d'une soirée et Kaira en avait bien besoin aussi. Alors, je n'avais pas réfléchi une seconde avant de l'emmener dans l'un des parcs les plus grands de Chicago.

Mon père avait demandé ma mère en mariage dans ce parc, c'était celui qu'elle préférait. D'une part parce qu'un tas de fleurs entourait la fontaine au milieu du parc mais aussi parce qu'on pouvait voir des écureuils se balader à n'importe quelle heure de la journée. C'était l'animal préféré de maman.

Luigi avait mis une nappe sur l'herbe où reposait un panier en paille contenant deux verres et une bouteille de champagne ainsi qu'un plateau de fruits et d'un pot de chocolat fondu. J'espérais faire plaisir à Kaira, ces dernières semaines avaient été compliquées pour elle. Je voulais la voir heureuse le temps de quelques heures.

—Il n'y a personne de ce côté du parc, tu compte me tuer et me découper en morceau, plaisanta-t-elle.

Je ris en m'asseyant à ses côtés.

—Mon père a acheté ce bout de parc, avouai-je en la regardant, des arbres derrière toi jusqu'au lampadaire près du banc dans le fond appartient à mon père, enfin à moi maintenant.

—Vraiment ? C'est génial mais comment on peut acheter un morceau de parc, demanda-t-elle les sourcils froncés.

—Mon père est un Meyer, pour lui c'est possible. C'est dans ce parc que mon père a demandé la main de ma mère, alors quand elle est morte il a décidé de l'enterrer là. Personne n'est autorisé à venir ici, Luigi est là pour s'assurer que c'est respecté, racontai-je en fixant les étoiles.

Emilie et moi n'emmenions jamais personne dans ce coin, c'était notre endroit à nous. Personne ne méritait de poser les pieds sur ce qu'on décrivait être l'histoire de notre famille.

Mon père est enterré à côté d'elle, ils se sont mariés là et Emilie et moi avons passé des jours entiers assis sur l'herbe à penser à eux, à se ressourcer.

Kaira était là, j'avais envie qu'elle soit là avec moi. Je lui faisais confiance et j'avais envie de partager ça avec elle, je ne savais même pas pourquoi, il y a encore un mois de ça je ne pouvais pas la blairer et maintenant on était que tous les deux dans un endroit presque romantique. En réalité, je crois que j'étais en train de tomber amoureux d'elle.

Et ça avait commencé juste après qu'on ait sauté du pont pour semer les hommes de Tom. En plein milieu de la route, quand elle avait avoué avoir tenté de se suicider, c'était comme si on m'avait planté un couteau droit dans le cœur. Je m'étais juré de ne plus jamais la faire souffrir comme j'avais pu le faire à nos débuts. J'avais soudainement eu un besoin de la protéger même si au fond je savais qu'elle était assez forte pour se protéger seule. Je voulais le faire pour elle.

J'ai su que je tombais amoureux d'elle quand elle s'est faite enlevée et que cette nouvelle avait fait mal comme si mon cœur avait été arraché de ma poitrine à mains nues. J'ai su quand la simple pensée de la perdre pour toujours m'angoissait parce que si je la perdais, le cœur qu'elle avait réussi à réchauffer redeviendrait congelé comme la glace.

C'est drôle dans un sens.

Son père était un meurtrier psychopathe qui avait assassiné mon père devant moi. Son nom de famille était celui de l'auteur de cette absence de bonheur dans ma vie et pourtant, même si cette histoire entre nous semblait interdite et même s'il fallait à tout pris que je réfléchisse avec mon cerveau et pas avec mon cœur. Je savais que j'étais incapable d'arrêter de l'aimer.

Heart fell first Où les histoires vivent. Découvrez maintenant