Les larmes du phénix

7 - Présent

Image : じん sur Pixiv

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[Présent]

[Île de Mancollia]

Marco passa la journée suivante en silence, assis face à la tombe de Hanayo. Le vent marin, habituellement apaisant, lui semblait aujourd'hui cruel, comme s'il cherchait à emporter les derniers fragments de bonheur qu'il avait partagés avec elle. Chaque souffle d'air, chaque bruissement de feuilles semblait porter l'écho de sa voix, un murmure doux et lointain qu'il ne pourrait plus jamais entendre. Le poids de sa perte pesait lourdement sur ses épaules, l'écrasant sous une chape de douleur insondable.

Il avait besoin de se retrouver seul, de faire le point sur le chaos intérieur qui le rongeait. Mais à mesure que les heures s'égrenaient, la fatigue s'insinuait en lui, le rendant plus vulnérable à ses propres pensées. Il était épuisé, non pas physiquement, mais mentalement et émotionnellement. Il avait fait couler le sang de plusieurs dizaines d'hommes, mais au lieu de le libérer, cet acte n'avait fait qu'accentuer son tourment. Pire encore, il se sentait souillé, comme si la violence avait entaché ce qu'il restait de pur en lui. Hanayo, sa douce Hanayo, aurait détesté ce qu'il était devenu en son nom. Elle aurait été horrifiée de voir qu'il s'était laissé consumer par la vengeance au point de perdre son humanité.

Mais que pouvait-il faire d'autre? La douleur l'avait englouti comme une marée noire, une vague de désespoir si écrasante qu'il n'avait pas su comment s'en protéger. Il n'avait jamais ressenti une telle violence intérieure, une tempête d'émotions négatives si dévastatrice qu'elle menaçait de l'anéantir. Dans sa détresse, il avait cherché à se libérer, à exorciser cette douleur en la projetant sur ceux qui avaient causé la mort de Hanayo. Pourtant, même après avoir assouvi sa vengeance, il ne ressentait aucun apaisement. Au contraire, il était hanté par la honte.

Ses pensées dérivèrent vers son équipage, vers ceux qui avaient toujours vu en lui un leader fort, un phare inébranlable dans les tempêtes les plus féroces. Père, surtout. Celui en qui il voyait un père, un modèle et qu'il s'était juré de ne jamais décevoir. Comment pourrait-il affronter le regard de cet homme, après s'être montré si vulnérable, si destructeur ? Et Satch, son frère de toujours, qui avait partagé avec lui les épreuves les plus dures, qui avait toujours compté sur son calme et sa lucidité... Que penserait-il en voyant ce frère, autrefois serein, se transformer en une bête furieuse, dévastant tout sur son passage ?

Et les autres commandants, ses camarades, ses amis... Comment pourraient-ils encore lui faire confiance après l'avoir vu céder à une rage si pure, si effrayante qu'elle avait laissé des marines aguerris et de jeunes recrues dans des mares de sang indistinctes ? Ils étaient des pirates, oui, mais Père leur avait toujours enseigné de respecter la vie de leurs ennemis, de ne tuer que par nécessité, et seulement lorsque la survie en dépendait. Mais lui, Marco, avait tout ravagé, aveuglé par sa colère, incapable de maîtriser le pouvoir qui sommeillait en lui. Les plumes de feu bleue, autrefois symbole de protection et de guérison, étaient devenues des plumes noires, des instruments de destruction.

Il frissonna en se rappelant de ces plumes, noires comme la mort, qui avaient remplacé le bleu éclatant du Phénix. Ce pouvoir, synonyme de vie, était devenu un cauchemar. Serait-il capable, un jour, de libérer à nouveau ce pouvoir sans craindre de tout détruire sur son passage, sans perdre de vue ses alliés parmi ses ennemis ? Rien ne le prouvait. Peut-être, sans même s'en rendre compte, avait-il blessé ceux qu'il aimait, ceux qu'il avait juré de protéger. Cette pensée lui était insupportable, elle serrait son cœur comme un étau.

Les larmes qu'il avait si longtemps retenues franchirent enfin la barrière de ses cils, glissant sur ses joues comme des lames brûlantes. Il enfouit son visage dans ses bras, le corps secoué de sanglots silencieux. Une part de lui craignait d'avoir tout perdu : Hanayo, son amour, et sa famille, son équipage. Il avait été leur protecteur, et maintenant, il se demandait s'il méritait encore leur confiance, leur amour.