10 - Futur

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" Quand je l'ai rencontré pour la première fois, je n'aurais jamais imaginé que cet homme deviendrait si important pour moi. J'ai tenté de l'empoisonner comme je le faisais toujours avec les pirates. Il ne s'est pas laissé avoir, évidemment. Marco était différent des autres pirates que j'avais croisés. Calme, serein, mais avec un petit quelque chose de spécial. Je me souviens de son regard, si paisible et de ses sourires. Je ne savais pas que ce jour-là, mon destin était scellé. "

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Une unique larme coula silencieusement sur la joue d'Aiko alors qu'elle tenait fermement le carnet de sa mère entre ses mains tremblantes. Elle avait décidé de le lire pour mieux comprendre, pour percer les mystères de ses origines, pour découvrir la vérité derrière les ombres qui avaient toujours plané sur sa vie. Chaque mot inscrit sur ces pages, vieilli par le temps, semblait résonner en elle comme une douce mélodie d'un passé oublié. Sa réalité, tout ce qu'elle croyait savoir, venait d'être bouleversée en un instant.

Elle avait tant de mal à faire face à toutes ces révélations. Le père qu'elle avait cru mort vivait, quelque part dans l'immensité des mers, un pirate redouté que personne n'avait jugé bon de lui présenter. Et sa mère... Hanayo, cette femme forte et douce à la fois, avait porté tant de secrets avec elle. Comment avaient-ils pu lui cacher tout cela ? Une colère sourde bouillait en elle, dirigée contre tout le monde — contre Gemmei, contre Genji, contre ce village qui avait pris soin d'elle sans jamais lui révéler cette vérité.

Mais au fond d'elle, Aiko comprenait. Elle comprenait pourquoi ils avaient dû se taire, pourquoi la vérité était restée enfouie. À dix ans, elle n'aurait pas pu encaisser un tel poids. Dire à une enfant que son père était un pirate, un homme traqué par la marine, alors qu'une base se trouvait à quelques kilomètres à peine... c'était tout simplement suicidaire. Elle se sentait partagée entre la colère et la compréhension.

Avec un soupir lourd de résignation, elle tourna lentement la page suivante. Chaque nouvelle ligne était une fenêtre ouverte sur les pensées les plus intimes de sa mère, sur ses espoirs, ses peurs, ses moments de bonheur. Aiko se sentait avide de ces fragments d'histoire, comme si ces mots pouvaient combler les vides qui existaient en elle.

Les passages décrivant les rires, les aventures, et même les disputes entre ses parents la faisaient sourire à travers les larmes. Elle pouvait presque entendre la voix de sa mère à travers ces pages, et imaginer son père, un homme dont elle ne se rappelait plus mais qui semblait si vivant dans ces récits.

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" J'aime Marco plus que je ne l'aurais cru possible, mais parfois, je me demande si nous serons capables de surmonter ce qui nous sépare. Être avec lui, c'est accepter la réalité de sa vie de pirate, son devoir envers l'équipage de Barbe Blanche. Je comprends sa loyauté, mais il y a des nuits où je me réveille en sueur, terrifiée à l'idée qu'il ne revienne jamais. Est-ce égoïste de ma part de vouloir plus ? De vouloir qu'il reste à mes côtés ?"

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" Il me parle parfois de ses batailles, de ses frères d'armes, Satch notamment. Je crois que j'aimerai le rencontrer un jour. Son Père aussi. Je peux voir dans ses yeux qu'il ne choisira jamais entre eux et moi. Et je ne lui demanderai jamais de le faire. Pourtant, cette vie m'effraie. Être la compagne d'un pirate, c'est vivre dans l'incertitude. Mais je l'aime, et cet amour me pousse à accepter l'inconnu."

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Aiko fixa le carnet, perdue dans ses pensées, alors que mille questions se bousculaient dans son esprit. Pendant un instant, elle se demanda si elle aussi pourrait rencontrer ces personnes que sa mère mentionnait. Des compagnons d'équipage, ces hommes et femmes qui avaient été comme une famille pour son père.

Les larmes du phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant