13 - Futur

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Lorsque Marco posa le pied sur l'île de Sphinx, après plusieurs semaines de voyage depuis Wano, un poids invisible pesait sur ses épaules. Il n'était pas seulement blessé physiquement ; son esprit était accablé par une nouvelle perte. Izo, son frère d'armes, avait succombé dans les derniers combats. Chaque perte rouvrait une plaie ancienne, et même le Phénix avait des limites. L'épuisement se lisait sur son visage, et son fruit du démon, sur lequel il s'était tant reposé, peinait à lui rendre ses forces.

Dès son arrivée au village, il fut accueilli avec chaleur, comme à chaque fois, mais cette fois-ci, leur enthousiasme ne parvenait pas à allumer la petite étincelle habituelle en lui. Les villageois, pleins de bienveillance, remarquant sa fatigue et ses blessures, s'abstinrent de leurs habituelles demandes de soin. Marco leur offrit un sourire fatigué en retour, appréciant leur retenue.

- Quelle joie de te revoir, Marco ! s'exclama un vieil homme, une main sur l'épaule du Phénix.

- Ton voyage s'est bien passé ? demanda une villageoise, jetant un regard inquiet vers ses bandages.

Les enfants, comme à leur habitude, accoururent pour lui poser mille questions, tournoyant autour de lui comme des oiseaux impatients. On lui tendit des plats de nourriture et des vêtements propres, les offrandes de ceux qui souhaitaient montrer leur reconnaissance et leur affection. Mais Marco, encore trop ébranlé par tout ce qu'il venait de vivre, leva une main apaisante.

- Pas maintenant, j'ai besoin d'un peu de repos, dit-il doucement.

Ils reculèrent respectueusement, bien qu'un léger malaise sembla traverser la petite foule. Marco, à l'écoute, fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. L'un des plus vieux villageois s'avança, son visage trahissant une légère gêne.

- À ce sujet... commença-t-il, hésitant.

Marco s'immobilisa. Il connaissait cette expression. Quelque chose s'était produit durant son absence. Il se redressa, soudainement sur ses gardes.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il en scrutant leurs visages. Des pirates ? Des marines ?

L'idée que des marines puissent être venus aussi près de son sanctuaire, de cet endroit où il venait se ressourcer et où son passé devait rester enterré, le fit frissonner d'inquiétude. Le vieil homme secoua la tête rapidement.

- Non, pas vraiment... Juste deux personnes. L'un est déjà reparti, mais l'autre... Elle s'est installée dans ta maison.

Le phénix resta figé. Quelqu'un avait osé s'accaparer sa maison ? Il sentit une pointe de frustration monter en lui, accompagnée d'une sourde inquiétude. Il avait laissé des affaires personnelles là-bas, dont un carnet contenant des informations qui ne devaient en aucun cas tomber entre de mauvaises mains.

- Nous n'avons pas osé l'y déloger, ajouta un autre villageois, mal à l'aise.

- Mais... la dame est gentille, s'exclama un enfant. Elle a aidé Phi qui était coincé dans un arbre, et elle a soigné Pitt.

Marco se tourna brusquement vers lui, les yeux plissés.

- On vous avait interdit d'aller là-bas, gronda sa mère.

L'enfant se ratatina sur lui-même, regrettant d'avoir parlé. Marco soupira et, d'un geste rapide, il quitta le village pour rejoindre sa demeure. Il devait voir par lui-même qui avait osé s'installer chez lui. Il n'était pas d'humeur.

En approchant de la petite maison, il fut accueilli par une odeur douce et réconfortante de nourriture. Il fronça les sourcils. Le squatteur avait visiblement pris ses aises. Il entendit un léger chant s'élever à travers la porte entrouverte, un murmure de voix douce et apaisante qui lui donna une étrange sensation de déjà-vu. Cela ne ressemblait pas à une intrusion hostile, mais Marco ne pouvait se permettre d'être imprudent.

Les larmes du phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant