Chapitre 5 : Une affaire en or

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Hélios

Le réveil sans Arès est compliqué, je n'ai pas l'habitude d'être séparé de mon chien la nuit. Cela fait quatre ans qu'il est à mes côtés, depuis ma rupture avec Noélie, car je n'arrivais pas à rester seul. J'avais vu passer une annonce sur un refuge qui venait de recevoir beaucoup de chiots, et mon coeur a fondu quand je l'ai vu. J'ai su que c'était lui. Depuis, malgré toutes ses bêtises, il ne m'a plus jamais quitté. Alors, son absence me laisse toujours un grand vide.

Je me prépare rapidement, pantalon fluide, chemise aux manches retroussées et chaussures cirées. Couché tard suite aux évènements de la veille, j'ai tenté de grappiller des minutes de sommeil, mais là je me suis complètement mis en retard. J'attrape mes clés de voiture, ferme la porte derrière moi. Chaque fois que je vois ma voiture, c'est un grand bonheur. La dernière Golf GTI, en rouge, tout simplement magnifique. Après une enfance passée à me faire trimballer entre mes parents, et à galérer à chaque fin de mois, je suis heureux de pouvoir enfin me payer des choses comme ça, par moi-même. Je roule vite, soucieux de ne pas arriver en retard, car nous bossons sur un gros projet. Je passe la porte à 10h02, ce qui est déjà 2 minutes de trop pour mon patron. Il se téléporte à mes côtés instantanément.

"—Oh gamin, me dit-il. Depuis que tu sais que c'est toi qui gères cette affaire, tu te permets des folies. Tu crois qu'avec du retard tu vas faire du bon boulot ? Non, non, non et non. Continue comme ça, et tu perdras ton job.

Je le regarde en levant un sourcil, avec mon petit sourire moqueur. Lui comme moi, savons très bien que si je ne suis plus dans cette entreprise, les potentiels acheteurs me suivront. Il ne peut pas se permettre de me perdre. Et puis je sais que dans le fond, il m'aime bien depuis le temps.

Bon...peut-être pas perdre ton job, mais perdre mon estime attention ! se reprend-t-il. Dépêche-toi, l'acheteur arrive d'ici une dizaine de minutes, retourne lire le dossier une fois avant qu'il ne soit là. On ne peut pas se permettre d'erreurs sur des projets comme celui-ci. Au fait après ton rendez-vous, il faudra que je te parle"

Je le remercie d'un signe de tête, tout en me demandant de quoi il veut bien pouvoir me parler et fonce dans mon bureau. Comme chaque jour, un dossier m'attend sur mon bureau, à côté d'un café bien chaud, déposé par la secrétaire un peu plus tôt. Je commence à relire les nombreuses pages, lorsqu'une vibration m'interrompt. Cela me rappelle que je n'ai pas consulté mon téléphone depuis hier soir, et que je ne sais toujours pas qui a essayé de me joindre lorsque je suis rentré. Peu de personnes ont mon numéro de téléphone fixe. Mais je m'en inquiéterais plus tard. Pour l'instant, je consulte rapidement mon portable, et remarque que le dernier message reçu vient d'un numéro inconnu. Je l'ouvre, et tombe sur une photo d'Atlas, en train de se régaler avec des omelettes. Je souris à cette photo, répond un bref message, avant d'entendre toquer à la porte. JE range mon téléphone, et ouvre la porte à ma prochaine poule aux œufs d'or.

Ces nouveaux riches sont tous les mêmes. Ils montrent leur argent à tout bout de champ, pour diverses raisons plus douteuses les unes que les autres, mais flippent de le perdre dès qu'il s'agit d'un investissement durable. Mais ils finissent toujours par craquer, portés par le désir d'avoir la plus grosse. La plus grosse voiture, la plus grosse villa avec vue sur la mer, la plus grosse quoiqu'il arrive. Et ce nouveau client n'échappe pas à la règle. J'ai reçu un mail de sa part il y a quelques jours, aux alentours de trois heures du matin, ce qui en dit long sur son état. J'imagine très bien le scénario : un peu trop bourré au whisky coca avec ses amis, scrollant sur les réseaux sociaux, et trouvant une jolie maison à plusieurs zéros. Un défi, un pari, un jeu d'alcool, et le voilà, face à son échec, à devoir m'envoyer un mail. Il croise les doigt, espérant que ce mail passe à la trappe dans ma boite, mais je ne les rate jamais ceux-là, ces cibles faciles. Pour rester professionnel, je lui réponds le matin même, aux horaires de bureau, afin de lui proposer un rendez-vous. Le voilà pris dans mes filets, et il ne risque certainement pas de s'en dépêtrer. Je compte bien vendre cette villa, et au prix fort évidemment. Effectivement, c'est un jeune homme, environ mon âge qui entre, avec un air gêné. L'air de celui qui va s'excuser de refuser la vente. Mais je ne lui laisserai pas l'occasion de le faire. Je l'invite à s'asseoir, et l'enchaîne sans m'arrêter : pression sociale, taux d'intérêt, avantages, bénéfices, haut statut. Tant de mots qui lui mettent des étoiles dans les yeux, et qui rallument sa flamme. En quelques minutes, je sais déjà que l'affaire est conclue. Nous signons tous les papiers, et le voilà propriétaire, afin d'en mettre plein la vue à ses amis. C'est dingue de voir ce que peut faire l'ego d'une personne sur sa raison. Les êtres humains sont faibles, je ne cesserai jamais de le répéter.

J'attends la vagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant