Hélios
Après avoir ramené Elena chez elle, je file chez moi, afin de prendre une bonne douche bien méritée. Entre le sel de la mer, et celui de ma transpiration, Arès n'arrête pas d'essayer de me lécher. L'eau douce me fait du bien, rinçant les dernières traces d'eau de mer, et me permet de réfléchir à la journée que l'on vient de passer.
Je n'avais pas prévu de base d'aller chez elle ce matin, mais en me réveillant je n'avais qu'une seule envie, aller lui montrer cet endroit si cher à mon cœur. J'ai senti, dans sa joie de vivre, son émerveillement, et sa douceur, que cet endroit lui plairait énormément, malgré sa peur. Et ça n'a pas loupé, elle n'a pas manqué une miette du spectacle visuel qu'offre le phare sur l'océan. C'est ma grand-mère qui m'a fait découvrir cet endroit, il y a de cela 20 ans. Elle aimait ce lieu, car il lui rappelait son mari, mort d'une crise cardiaque à 50 ans. Elle n'avait pas pu profiter assez de lui, alors elle se rattrapait sur le temps qu'elle passait avec ses enfants et petits-enfants. Elle a toujours pris soin de nous, surtout quand nos parents se déchiraient. Elle a pris le temps, de nous transmettre la culture grecque de notre grand-père, dont nous tenons nos prénoms, mes sœurs et moi. Hélios dieu du Soleil, Séléné déesse de la Lune, et Éos, déesse de l'Aurore. Je ne vous raconte pas l'enfer à l'école pendant les cours sur la mythologie grecque, tous les regards étaient toujours sur nous, forcément.
Par beaucoup d'aspects, Elena me fait penser à ma grand-mère. La joie de vivre, l'amour pour la lecture, le rire, son respect des animaux, sa culture, et son émerveillement constant. J'avais besoin qu'elle voit cet endroit, comme pour la tester. Et j'ai été heureux de voir à quel point elle était réceptive à la beauté des lieux. Elle respirait le bonheur, et ses yeux brillaient d'éclat. Un moment parfait, mais j'ai été complètement idiot de la laisser seule si longtemps au bord de l'eau. Même si elle me dit que ce n'est pas grave, je m'en veux terriblement. Elle doit être vraiment stressée, et elle avait déjà fourni un immense effort en descendant jusqu'au ponton, j'en ai trop demandé. J'espère qu'un jour elle parviendra à apprécier de nouveau l'eau, car c'est un véritable paradis ici.
Une fois sorti de la douche, je prends ma tablette et descend dans mon bureau. J'ai encore un peu de temps devant moi avant de retourner chez elle, alors je vais en profiter pour étudier le contrat que mon patron m'a donné concernant le boulot à Londres. Je m'installe dans mon fauteuil, où Arès vient me rejoindre en posant délicatement sa truffe sur mes jambes, pour tenter de gratter quelques patouilles sur la tête pendant que je lis. J'essaie de me plonger dans la compréhension de ce contrat, mais j'ai l'esprit tout embrumé. Je pense à Elena, la peur qu'elle a ressentie un peu plus tôt, le contact de son corps contre le mien, l'odeur de ses cheveux, un léger parfum de vanille. Alors là, je n'apprécie pas du tout ce qui est en train de m'arriver. Ok elle est gentille. Elle est douce, bienveillante, belle, drôle, incroyable et j'en passe. Mais de quel droit parvient-elle à rentrer dans ma tête comme ça, alors que je pensais avoir mis mon cœur sous-vide ? Se pourrait-il qu'après ce temps tout seul, mon esprit, mon cœur et mon corps aient à nouveau besoin de quelqu'un ? Non, il ne faut pas que je me mette à penser comme ça, le fait de vouloir se rapprocher de quelqu'un n'est qu'un sentiment primaire. Celui que possédaient les hommes préhistoriques à l'époque où la reproduction était primordiale pour assurer la survie de l'espèce. Aujourd'hui, vivre en couple, avec des enfants, ne doit plus être une obligation. Je devrais réussir à convaincre mon esprit de bloquer la porte à Elena, pour me protéger. Mais cela risque d'être compliqué si l'on se voit tout le temps.
Vers 19h, je pars de chez moi, toujours Arès sur les talons, pour aller la rejoindre pour le repas. J'ai pris deux bouteilles de vin, un blanc et un rouge, car je ne sais pas encore ce qui lui plaît. Une bonne odeur s'échappe de la fenêtre de la cuisine, lorsque j'arrive dans son jardin. Cela me rappelle l'époque où ma grand-mère cuisinait des bons plats pour nous. Je toque pour m'annoncer, mais entre sans attendre de réponse, Elena laissant toujours sa porte ouverte. Je la trouve de dos dans la cuisine, à touiller la louche dans la casserole. Je toussote pour qu'elle m'entende, car elle a l'air perdue dans ses pensées. Elle se retourne en sursautant.
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J'attends la vague
DragosteL'amour arrive toujours lorsque l'on s'y attend le moins. Elena a toujours été une grande romantique. Elle est amoureuse de l'amour avec un grand A. Elle le connaît , car elle l'a vu dans les films, dans les livres ou même dans les chansons d'amour...