𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 8 🤍

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"Fix You" par Coldplay

Pov Gabriel Attal

La nuit avait été longue et sans sommeil. Les paroles de Jordan résonnaient encore dans mon esprit, tranchantes et cruelles. "Une erreur", avait-il dit, réduisant ce moment intense et inattendu à quelque chose de futile et insignifiant. Je m'étais tourné et retourné dans mon lit, incapable de trouver le repos, les larmes aux yeux. Les mots homophobes qu'il avait crachés avaient ravivé des souvenirs douloureux que j'avais enterrés depuis longtemps.

Au matin, je me levai avec une lourdeur dans le cœur, me préparant pour une nouvelle journée à l'Assemblée. En me regardant dans le miroir, les souvenirs de mon harcèlement scolaire me frappaient comme un coup de poing. Les insultes, les moqueries, les regards méprisants. Toute cette souffrance que j'avais vécue en raison de ma sexualité remontait à la surface. J'avais cru que ces démons étaient derrière moi, mais les mots de Jordan avaient rouvert des plaies que je pensais guéries.

À l'Assemblée, les débats se succédaient, mais mon esprit était ailleurs. Mes collègues semblaient ne pas remarquer mon absence mentale, heureusement.

Mais alors que je tentais de me concentrer sur les discussions, la fatigue et le stress m'entraînèrent dans un état de semi-sommeil. C'est alors que, les yeux fermés, un cauchemar particulièrement cruel s'imposa à moi, aussi vif que réel.

Je me retrouvais de nouveau au collège, les couloirs semblaient interminables et oppressants. Autour de moi, des groupes de garçons se moquaient, leurs voix lourdes de mépris. Leurs mots étaient des flèches, transperçant chaque espace sécurisé que j'avais construit. "T'es qu'un pédé ! Va te cacher !" Les insultes fusaient, chaque mot s'infiltrant dans mes entrailles, me faisant sentir comme un étranger dans ma propre vie.

Je m'avançais lentement, le cœur battant, la peur m'enserrant. Les regards méprisants des autres élèves se faisaient de plus en plus insistants, presque palpables. Puis, tout à coup, la scène changea. Je me retrouvai dans une ruelle sombre, mes jambes se sentant comme du plomb, comme si chaque pas était un fardeau insupportable.

Les garçons, ceux qui me harcelaient quotidiennement, m'entouraient. Leur hostilité était palpable, leur colère dirigée contre moi, comme une marée déchaînée. Ils me poussaient contre le mur, les visages déformés par la haine. Je pouvais sentir leurs mains brutales, leur violence physique, et la douleur fulgurante de leurs coups. Leur mépris se manifestait dans chaque coup porté, dans chaque insulte criée avec une cruauté inouïe.

Leurs voix devenaient de plus en plus sourdes et menaçantes, se confondant avec le battement de mon propre cœur qui semblait vouloir exploser. Je pouvais sentir chaque coup, chaque insulte comme une attaque directe contre mon âme. Les mots étaient aussi tranchants que les coups. "Tu es qu'un fardeau pour nous ! On ne veut pas de toi ici !"

Je criais, mais aucun son ne sortait de ma bouche, mes cris se perdaient dans le néant. La douleur, la honte, la terreur se mélangeaient en un tourbillon chaotique, une expérience qui semblait durer une éternité. Le sol se dérobait sous mes pieds, et chaque mouvement était un effort surhumain.

J'émerge de mon semi-sommeil en sursaut, le cœur battant la chamade. Les échos de la violence du rêve résonnaient encore dans ma poitrine, et je me sentais tremblant. Je me redresse sur mon bureau, essayant de calmer ma respiration. Les émotions du cauchemar s'entremêlaient avec celles de la veille, faisant naître une vague de tristesse et de colère qui menaçait de me submerger.

À la fin de la journée, je me retrouvai enfin seul dans mon bureau, le silence pesant autour de moi. Je pris une grande inspiration et relus les messages de Jordan. Il semblait sincère dans ses excuses, mais la blessure était encore trop fraîche. Chaque mot semblait résonner avec une ironie mordante, comme si les excuses ne pouvaient pas réparer les dégâts causés.

Je me surprenais à repenser à nos échanges, à la tension palpable entre nous lors des débats, aux regards furtifs et aux sourires en coin qui avaient commencé ce jeu étrange. Ce qui avait commencé comme une simple stratégie politique s'était transformé en quelque chose de beaucoup plus complexe et déroutant. Et maintenant, je ne savais plus quoi en penser.

En rentrant chez moi, j'essayai de me changer les idées. Je m'installai sur le canapé et allumai la télévision, mais rien ne retenait mon attention. Je pris mon téléphone, par habitude, et ouvris TikTok. J'avais besoin de quelque chose pour me distraire, ne serait-ce que quelques minutes.En faisant défiler les vidéos, je tombai sur un montage de moments partagés entre Jordan et moi pendant nos débats. Les créateurs de contenu avaient clairement remarqué notre jeu de regards et de sourires en coin, le transformant en une sorte de romance improbable. Je ne pus m'empêcher de sourire à la créativité de ces internautes, même si cela me rappelait douloureusement la situation actuelle.

Je continuai de regarder ces vidéos, les commentaires se succédant, certains pleins de soutien, d'autres se moquant de la tension entre nous. Une partie de moi voulait envoyer ces vidéos à Jordan, lui montrer à quel point notre relation avait capté l'attention des gens. Mais je savais que ce n'était pas le moment.

Finalement, épuisé par les émotions de la journée, je posai mon téléphone et m'allongeai sur le canapé, fixant le plafond. Les paroles de Jordan continuaient de résonner dans ma tête, mais je ne pouvais pas ignorer les sentiments contradictoires qui montaient en moi. La blessure était profonde, mais il y avait aussi une partie de moi qui voulait croire qu'il y avait encore de l'espoir.Alors que je fermais les yeux, une dernière pensée me traversa l'esprit : et si cette rencontre fortuite, ce baiser inattendu, n'était que le début de quelque chose de plus grand ? Peut-être, malgré la douleur et la confusion, cela valait-il la peine de donner une chance à Jordan de s'expliquer.

Mais avant que je ne sombre dans le sommeil, une autre pensée s'imposa, plus sombre et déterminée. Pourquoi devrais-je lui donner cette chance après ce qu'il m'avait dit ? Pourquoi devrais-je lui permettre de se racheter si facilement ? La colère montait en moi, chassant peu à peu la tristesse et la confusion. Jordan m'avait blessé profondément, et il n'était pas question de le laisser s'en tirer à si bon compte.

Je me redressai sur le canapé, le cœur battant. Si Jordan voulait jouer à ce jeu, alors j'allais répondre. Lors du prochain débat, je serais prêt. Je mettrais en lumière ses contradictions, je pointerais du doigt ses faiblesses, et je le détruirais publiquement, politiquement. Je n'avais plus l'intention d'être conciliant. La colère serait mon bouclier, et je l'utiliserais pour protéger mon cœur de la douleur.

Avec cette résolution, je me sentis plus calme, plus maître de moi-même. Et alors que je me préparais enfin à fermer les yeux pour de bon, je savais que le prochain round serait décisif

Jordan Bardella avait réveillé un côté de moi qu'il n'était pas prêt à affronter.

A suivre...

ℛ𝑒𝓁𝒶𝓉𝒾𝑜𝓃 𝓈𝑒𝒸𝓇𝑒𝓉𝑒 - 𝒜 ℬ𝒶𝓇𝒹𝒶𝓉𝓉𝒶𝓁 𝓈𝓉𝑜𝓇𝓎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant