𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 11🖤

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"Demons" par Imagine Dragons

POV Jordan Bardella

La nuit avait été interminable. Les images de Gabriel, de notre altercation, de ses yeux remplis de colère et de douleur, tournaient en boucle dans mon esprit. Je n'avais pas fermé l'œil, hanté par la culpabilité et l'incertitude. Mes paroles, tranchantes et cruelles, avaient creusé un fossé entre nous que je ne savais pas comment combler. En me levant ce matin-là, j'avais l'impression d'avoir vieilli de dix ans en une seule nuit.

Assis dans mon bureau, une tasse de café à moitié vide devant moi, je tentais de me concentrer sur les dossiers en attente. Mais mon esprit n'était pas là. Il était resté avec Gabriel, quelque part entre les regrets et les souvenirs douloureux. J'avais envoyé plusieurs messages, chacun plus désespéré que le précédent, mais ils restaient tous sans réponse. Mon téléphone était devenu un poids dans ma poche, un rappel constant de mon échec.

Je revis encore et encore notre dernière conversation, ses mots me perçant le cœur à chaque fois. "Tu as assez fait de dégâts." Comment avais-je pu en arriver là ? Comment avais-je pu blesser quelqu'un que je respectais, quelqu'un qui comptait pour moi, à ce point ?

La matinée s'écoula lentement, chaque minute semblant s'étirer à l'infini. Mes collègues semblaient remarquer mon absence mentale, mais personne n'osa m'interroger. Peut-être que les rumeurs avaient déjà commencé à circuler, ou peut-être que mon attitude décourageait toute tentative de conversation. Quoi qu'il en soit, je me retrouvais seul avec mes pensées, incapable de trouver la moindre échappatoire.

Vers midi, je décidai de sortir prendre l'air. J'avais besoin de m'éloigner, ne serait-ce que quelques minutes, de ce bureau étouffant. Je déambulai dans les rues, mes pas me conduisant sans but précis. La ville continuait de vivre, indifférente à ma tourmente intérieure. Les gens allaient et venaient, chacun pris dans son propre monde. Je me sentais déconnecté, comme si j'observais tout cela à travers une vitre.

Je trouvai un banc dans un parc et m'assis, essayant de mettre de l'ordre dans mes pensées. La vérité, c'était que je ne savais pas comment réparer ce que j'avais brisé. J'étais perdu. Une partie de moi voulait aller trouver Gabriel, le forcer à m'écouter, à comprendre à quel point je regrettais. Mais une autre partie, plus rationnelle, savait que ce n'était pas aussi simple. Je ne pouvais pas effacer ce que j'avais dit. Les mots avaient été prononcés, et ils avaient fait leur chemin.

Le temps passait, et je me rendis compte que je n'avais pas mangé. Mon estomac grondait, mais je n'avais pas faim. La culpabilité avait étouffé toute autre sensation. Je décidai de retourner au bureau, espérant que le travail pourrait me distraire, au moins temporairement.

En arrivant, je croisai Jean-Philippe Tanguy dans le couloir. Il s'arrêta, me regardant avec une expression de préoccupation.

"Jordan, ça va ? Tu as l'air épuisé," dit-il, sa voix pleine d'inquiétude.

Je soupirai, sentant le poids de mes émotions me submerger. "Jean-Philippe, est-ce que je peux te parler ? En privé."

Il hocha la tête, m'invitant à le suivre dans son bureau. Une fois à l'intérieur, il referma la porte derrière nous et s'assit en face de moi.

"Qu'est-ce qui se passe, Jordan ? Tu sais que tu peux tout me dire."

Les mots me vinrent difficilement, mais je savais que je devais me confier. "C'est... c'est Gabriel. On s'est disputés, et j'ai dit des choses horribles. Maintenant, il ne veut plus me parler, et je ne sais pas comment réparer ça."

Jean-Philippe fronça les sourcils, visiblement surpris. "Gabriel... Attal ?" demanda-t-il, cherchant confirmation.

"Oui," répondis-je, sentant le poids de mon aveu.

Il resta silencieux un moment, assimilant l'information. Puis, un léger sourire apparut sur ses lèvres. "Je me disais bien que tes regards n'étaient pas que de rivalité ou de respect. Même Nolween n'avait pas droit à ce genre de regard."

Je ne pus m'empêcher de sourire, malgré la situation. Jean-Philippe avait toujours eu un don pour détendre l'atmosphère. Mais son commentaire me ramena à la réalité de mes sentiments pour Gabriel, une réalité que je ne pouvais plus ignorer.

"Qu'est-ce que tu lui as dit exactement ?" demanda-t-il, redevenant sérieux.

Je pris une profonde inspiration, les souvenirs douloureux remontant à la surface. "Je lui ai dit que notre baiser était une erreur, que je suis hétéro et que je ne sais pas ce qui m'a pris. Mais en réalité, je... je ne sais pas ce que je ressens. Et maintenant, je l'ai blessé, et je ne sais pas comment le réparer."

Jean-Philippe resta silencieux un moment, réfléchissant. "Jordan, tu dois être honnête avec toi-même. Si tu as des sentiments pour Gabriel, tu dois les accepter, même si c'est difficile. Et tu dois lui montrer que tu es sincèrement désolé. Parfois, les mots ne suffisent pas, il faut des actions."

"Mais comment ?" demandai-je, désespéré. "Il ne veut même pas lire mes messages."

"Il faut que tu trouves un moyen de lui parler en face-à-face. Montre-lui que tu es prêt à te battre pour réparer ce que tu as brisé. Mais surtout, sois honnête avec lui et avec toi-même."

Les paroles de Jean-Philippe résonnèrent en moi. Il avait raison. Je devais arrêter de fuir mes sentiments et affronter la situation de front. "Merci, Jean-Philippe. Je vais essayer de lui parler, vraiment."

Il posa une main rassurante sur mon épaule. "Je sais que tu peux le faire, Jordan. Et souviens-toi, quoi qu'il arrive, je suis là pour te soutenir."

En sortant de son bureau, je me sentis légèrement apaisé. Jean-Philippe m'avait donné la force et le courage dont j'avais besoin pour affronter Gabriel. Je savais que ce ne serait pas facile, mais je devais essayer. Pour Gabriel, et pour moi-même.

"Jordan, est-ce que tu es... enfin, bi ? Il n'y a pas de honte à ça, tu sais." Jean-Philippe ajouta cela d'une voix douce, ses yeux remplis de compréhension. "Moi-même, je suis gay et je l'assume ouvertement."

Je restai silencieux, réfléchissant à sa question. Je n'étais pas encore prêt à affronter cette réalité, mais ses paroles m'apportaient un certain réconfort.

Jean-Philippe sourit avec une pointe de malice. "Putain, Gabriel Attal... tu as tapé le gros lot." Il éclata de rire, et je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard noir.

"Pas drôle, Jean-Philippe..." grommelai-je, ce qui ne fit qu'intensifier son hilarité.

En fin de journée, je me préparai à quitter le bureau, déterminé à trouver Gabriel et à lui parler. J'envoyai un dernier message.

> "Gabriel, je suis vraiment désolé pour tout. J'aimerais qu'on puisse parler, face à face. S'il te plaît, donne-moi une chance de m'expliquer."

Je ne savais pas s'il allait répondre. Peut-être qu'il m'ignorerait encore, ou peut-être qu'il accepterait. Mais au moins, j'aurais essayé. En sortant du bureau, la nuit commençait à tomber, et je savais que demain serait un autre jour, une autre bataille.

A suivre...

ℛ𝑒𝓁𝒶𝓉𝒾𝑜𝓃 𝓈𝑒𝒸𝓇𝑒𝓉𝑒 - 𝒜 ℬ𝒶𝓇𝒹𝒶𝓉𝓉𝒶𝓁 𝓈𝓉𝑜𝓇𝓎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant