Chapitre 27-1

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Lee

    L'air est chaud, presque étouffant sans la plus infime brise pour le rafraîchir, si bien que je laisse glisser la cape de mes épaules pour la déposer sur l'un des transats avant de suffoquer. Je plisse les paupières pour tenter de discerner la silhouette d'Emery dans l'obscurité. J'ai beau tendre le cou, je ne le vois nulle part, du moins, jusqu'à ce qu'un mouvement fugace dans mon champ de vision périphérique attire mon attention. J'avance de quelques pas et distingue Emery, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon de costume, observant la multitude d'étoiles scintillant au-dessus de nos têtes.

    — Besoin d'air ? l'interrogé-je en le rejoignant.

    Il ne prend pas la peine de me regarder, maintenant son attention sur la voûte céleste.

    — Tu n'es pas censée profiter de ta fête ? rétorque-t-il du tac au tac.

    — Je voulais voir comment tu allais.

    Il lâche un rire froid.

    — Quoi, j'ai pas le droit de quitter un anniversaire digne d'un môme de huit ans rempli de mecs et de nanas qui n'ont pas dépassé le stade de l'ado prépubère sans que tu penses que quelque chose ne va pas ? Désolé, Lee, j'ai passé l'âge de ces conneries.

    — C'est vraiment ce que tu penses ? m'enquiers-je, piquée au vif.

    Oui, je suis fan d'un univers qui a fait rêver des milliers d'enfants, mais est-ce une raison pour se montrer si méprisant envers ce qui me passionne ? Et envers mes amis ? Emery et moi, on fait partie de deux mondes on ne peut plus différents, c'est clair, et je ne suis pas certaine qu'un jour ils se rejoignent sans entrer en collision et se briser mutuellement...

    — Ouais.

    — T'es vraiment trop con.

    Je fais aussitôt volte-face, mais sa voix qui claque dans mon dos me stoppe net.

    — C'est ça, allez, retournes-y, je suis sûr que Kane se fera un plaisir de tester ton nouveau jouet avec toi.

    Mes paupières papillonnent un instant. Alors, c'est ça le problème ? Que mon amie m'ait offert un foutu sextoy ? Que j'ai apprécié le cadeau d'Oliver ou que je sois toujours proche de lui ?

    — Qu'est-ce que Oliver vient faire là-dedans ?

    — Rien. N'oublie juste pas que le concept de mariage inclut la fidélité.

    J'ouvre la bouche pour rétorquer, mais aucun son n'en sort tant je suis scandalisée par ce qu'il ose sous-entendre.

    — Je te rappelle au passage que c'est toi qui m'as bien fait comprendre que tu n'avais pas signé une telle clause.

    — Et je t'ai promis de ne plus voir aucune autre femme ! s'emporte-t-il en se tournant soudain vers moi. Sauf que ça n'a pas l'air d'être ton cas !

    Bien que la pénombre ambiante masque les traits de son visage, je perçois tout de même la flamme inquiétante qui brille au fond de ses pupilles. Pourtant, je ne me démonte pas. C'est lui qui a sauté une autre nana sous mon nez, et c'est moi qui me prends une remontrance concernant la fidélité ? Le culot ne l'étouffe pas le moins du monde.

    — J'ai dû rater l'épisode où je me suis envoyée en l'air avec un mec dernièrement, réponds-je avec un sarcasme manifeste.

    — Tu crois que je ne remarque pas la façon dont tu regardes Kane ? Tes yeux le supplient de te baiser.

    La colère qui émane d'Emery est palpable, mais la mienne n'est pas en reste. OK, il arrive que je repense parfois au passé commun que je partage avec Oli, cependant, je ne dois rien à Emery, absolument rien ! D'autant que ce n'est pas moi qui ai risqué de me retrouver en une des magazines people en flagrant délit d'adultère !

    — Mes yeux le supplient de me baiser, carrément ? Mais c'est quoi ton putain de problème, Em ? hurlé-je en plaquant mes paumes sur son torse pour le repousser sous l'effet de la rage. Et même si j'avais envie qu'il me baise, qu'est-ce que ça pourrait te foutre, hein ?

    Son visage se ferme, son regard est aussi sombre que cette nuit qui nous enveloppe. Il saisit d'emblée mes poignets et m'attire si brusquement à lui que ma poitrine s'écrase contre son buste. Lorsque je parviens à rétablir mon équilibre, je relève la tête et plonge dans ses iris d'obsidienne qui me dévisagent comme s'ils passaient au crible chacune de mes expressions faciales.

    — Mon putain de problème, c'est que je veux que tu me regardes comme tu le regardes lui.

    Il a prononcé ces mots avec tant de précipitation que je ne peux pas affirmer qu'ils sont réellement sortis de sa bouche. Mais cette façon qu'il a de me regarder... non, je n'ai rien inventé, et je ne sais foutrement pas comment les interpréter.

    — Qu'est-ce que ça signifie ? lâché-je dans un murmure.

    Il libère mes poignets qu'il retenait toujours pour enrouler ses bras autour de ma taille afin de me plaquer davantage contre lui. Je sens les battements de son cœur qui cognent contre sa cage thoracique, son souffle de plus en plus rapide qui s'échoue sur mes lèvres.

    — Que je veux que tu me regardes comme si je n'étais pas qu'un sale con, comme si... Comme si tu éprouvais quelque chose pour moi.

    J'ouvre la bouche, telle une carpe ayant sauté hors de l'eau et qui manque terriblement d'air tant je suis abasourdie par ce qu'il vient de me révéler. Mais le temps que je prenne la pleine mesure de ses propos, ses lèvres heurtent durement les miennes. Sa langue se fraye un chemin entre mes dents, prend aussitôt possession de la mienne. Son baiser est vorace, si intense que mon cœur pulse avec violence dans ma poitrine au point que j'ai l'impression qu'il pourrait cesser de battre d'un instant à l'autre. Mais quand Emery m'embrasse, avec cette façon bien à lui de me rendre dingue et de me griller les neurones, je me fiche pas mal que mon cœur s'arrête. Je le désire au-delà du raisonnable. Je sais qu'il n'y a rien de rationnel dans ce que je ressens. Un homme comme lui ne m'apportera jamais ce que j'attends du foutu prince charmant que je recherche, qu'il ne m'offrira jamais ma fin heureuse. Emery est trop rude, distant émotionnellement, handicapé des relations sociales, et pourtant, je suis là à me perdre dans ses bras, à lui rendre son baiser, car j'ai la sensation que s'il venait à abandonner mes lèvres, j'en mourrai.
    Je me presse davantage contre lui, mes doigts fourragent dans ses cheveux, l'incitant à insuffler plus d'ardeur dans notre étreinte. Ses mains se glissent sous mes fesses dénudées, me soulèvent, et à l'instar du moment que nous avons partagé dans la piscine, j'enroule mes jambes autour de sa taille. Une fois encore, il n'y a que de malheureux bouts de tissus qui nous séparent et il suffirait que ses doigts se faufilent sous mon string afin de m'en délester, ou vers un endroit de mon corps qui palpite d'anticipation...
Mon dos percute soudain quelque chose de dur, et je comprends que Emery vient de me caler contre le tronc d'un arbre. Bien trop obnubilée par sa bouche qui me dévore, je n'ai même pas senti qu'il nous déplaçait, et maintenant que je suis immobilisée, il peut explorer mon corps sans vergogne. Ses mains dévalent ma taille, la courbure de mes hanches puis s'invitent sous ma jupe pour remonter le long de mes cuisses.     Ma peau se couvre de chair de poule sous la pulpe de ses doigts, et bien que la chaleur de ce soir de juin soit suffocante, je frissonne, et il n'y a vraiment que Emery qui soit capable d'avoir un tel effet sur moi.

    — Lee..., ahane-t-il sur mes lèvres. Arrête-moi tout de suite avant que...

    Son front se pose contre le mien, ses paumes se crispent sur ma chair. Il mord ma lèvre, si fort que la marque de ses dents perdurera sans doute demain.

    — Avant que ? parviens-je à chuchoter.

    — Avant que j'arrache le putain de string qui te couvre encore.

6 mois avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant