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ADRIANO SANTINO




























Je me gare dans le parking souterrain du Santino Building. Les murs de béton brut suintent d'humidité, tandis que les néons clignotants jettent des ombres difformes sur le sol taché d’huile. Chaque pas que je fais résonne, lourd et menaçant, comme une promesse silencieuse de ce qui va suivre. Je sors de la voiture, le cuir de mes gants crissant légèrement tandis que je referme la portière avec une lenteur délibérée. Le calme sinistre du lieu n’est troublé que par mes pas, qui résonnent dans le vide.

À l’intérieur, l’air est glacial, presque clinique, chargé d’une odeur de cire et de désinfectant. Le hall est vaste, froid, dominé par une luxueuse sobriété. Les employés m’ignorent ostensiblement, sachant pertinemment que croiser mon regard pourrait signer leur arrêt de mort. Mais elle, la réceptionniste, elle n’a pas ce luxe. Elle me repère immédiatement, son visage se fige un instant avant qu’elle ne se redresse d’un mouvement nerveux. Ses talons claquent sur le marbre, chaque pas résonnant dans l’espace vide comme un battement de cœur anxieux. Je la regarde s’approcher, ses hanches oscillant dans une tentative désespérée de capturer mon attention. Son regard, d’un bleu fade, cherche le mien, un sourire affuté se dessinant sur ses lèvres peintes. Mais pour moi, elle reste insignifiante.

Elle se plante devant moi, sa poitrine frôlant presque mon torse, comme si elle espérait que son parfum bon marché suffirait à m’attirer. Elle me fixe, ses yeux en amande sondant les miens, espérant y déceler un brin d’intérêt. Mais je ne suis pas là pour ça. Elle n’est rien d’autre qu’un obstacle en talons hauts.

Enfin, elle se décide à ouvrir la bouche, sa voix sucrée dégoulinant de fausse confiance :

— Monsieur Santino, votre père m’a demandé de vous interdire l’accès à son bureau.

Mon regard la transperce, glacé, impitoyable. Pour certains, elle pourrait paraître imposante avec sa taille et ses talons, mais pour moi, elle n’est qu’une ombre parmi d’autres. Je la dévisage de haut en bas, le mépris flottant dans mes yeux, une indifférence polaire enracinée dans chaque pore de ma peau. Elle soutient mon regard, puis flanche, ses yeux glissant vers le sol comme une putain prise en faute. Je me penche légèrement, mes lèvres à quelques centimètres de son oreille, mon souffle caressant sa peau tendue. Le silence entre nous devient pesant, lourd de menaces non formulées. Je fais durer l’instant, mes mains enfoncées dans les poches de mon pantalon, me délectant de sa tension palpable. Elle se ratatine, sachant que l'ordre de mon père n'était qu'une invitation à ma colère.

Je la toise, mes mots s'écoulant avec une lenteur volontaire, chaque syllabe découpée avec soin :

— Est-ce que je t’ai demandé d’ouvrir ta putain de gueule ?

Il faut savoir que quand je parle à une femme, c’est soit pour lui cracher au visage, soit pour lui enfoncer ma bite dans la gorge. Le reste, c’est du folklore. Elle recule, son visage se décomposant sous l’effet de la peur, ses grands yeux bleus se remplissant d’une incompréhension teintée de terreur. Ses lèvres tremblent, et je savoure ce spectacle, chaque détail de sa déchéance. Elle ravale difficilement sa salive, son cou se contractant sous l’effort, son corps tout entier criant sa faiblesse.

— J’aime pas me répéter, dis-je d’une voix douce, presque caressante, un sourire cruel étirant mes lèvres.

Elle est figée, comme un animal pris au piège, incapable de formuler la moindre réponse. Je l’observe, jouant avec son angoisse, puis me détourne avec une indifférence glaciale, me dirigeant vers l’ascenseur. Je sens son regard désespéré sur mon dos, mais je n’en ai rien à foutre. La porte de l’ascenseur s’ouvre devant moi, et je m’y glisse avec une fluidité calculée. À peine ai-je posé un pied à l’intérieur que je sens sa main se refermer sur mon bras. Elle ose me toucher. Le geste est si ridicule que j’en rirais presque.

Adriano Où les histoires vivent. Découvrez maintenant