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LUNE

Deux jours. Deux misérables jours que je croupis dans cette cave, recroquevillée sur moi-même, enchaînée comme un animal. Le froid mord chaque parcelle de ma peau, et mes tremblements ne cessent pas. Je suis vêtue d'un tee-shirt bien trop grand, mais rien ne cache l'ignominie de ma condition. Mon sang coule entre mes cuisses tremblantes, une honte supplémentaire dans cette obscurité glaciale. Mes paupières sont lourdes, mes yeux rougis par l'insomnie, chaque minute ici s'étire en une éternité insupportable. J'ai fui un enfer pour en rejoindre un autre, plus sordide encore.

Des hommes viennent parfois me nourrir, si tant est que l'on puisse appeler cela nourriture. Les portions qu'ils m'apportent sont si dérisoires qu'un chat s'en plaindrait. La faim me ronge les entrailles, et l'idée de m'enfuir me traverse l'esprit, mais je n'ai jamais été assez forte pour ça. La faiblesse me dégoûte, elle me révulse. Je me bats pour survivre, mais ce que je veux, c'est rentrer chez moi, retrouver ma mère, mon père, mes sœurs... et peut-être même lui, si seulement je pouvais.

Je tente de me redresser, mais une douleur aiguë me cloue au sol. Mon anus est pris de crampes violentes, et mon ventre se tord sous l'effet des règles. Je déteste ces putains de règles. À douze ans, je les attendais avec impatience pour faire comme les autres filles, et maintenant je les maudis de toute mon âme.

Je crois que cela fait un ou deux jours que je suis ici. Cette cave est une vision d'horreur, les murs sont couverts de moisissures, l'odeur est pestilentielle. Du sang séché macule le sol, et dans un coin, des ossements humains reposent, sinistres témoins de la cruauté qui règne en ces lieux. Je n'ose même pas les regarder, je détourne la tête, m'accrochant désespérément à l'idée que ma meilleure amie doit être morte d'inquiétude. Je suis convaincue qu'elle a alerté la police, qu'ils me cherchent. Cette pensée, aussi fragile soit-elle, me donne une lueur d'espoir, et un sourire amer se dessine sur mes lèvres. Mais les larmes commencent à couler, silencieuses, ininterrompues. Je lève une main tremblante pour les essuyer, mais elles reviennent, encore et encore, me laissant suffoquer sous le poids de ma propre impuissance.

Je ferme les yeux et inspire profondément, tentant d'ignorer la douleur qui lacère mon bas-ventre. Une gêne insupportable m'oppresse le vagin, et je me couche sur le drap sale qui me sépare du sol froid et ensanglanté. Je me recroqueville sous mes bras dans une tentative dérisoire de réchauffer mon corps gelé.

Qu'adviendra-t-il de moi ?

Je te hais, Adriano... Un jour, je te tuerai de mes propres mains.

Et sur ces mots, l'épuisement me submerge, m'emportant dans un sommeil trouble et douloureux.




















ADRIANO















22H30














— Il y a quelque chose qui me ronge, Adriano.

Je fixe Elio, une cigarette entre les doigts, essayant de deviner où il veut en venir. L'inquiétude, la peur, le doute se lisent dans ses yeux, des émotions qu'il laisse rarement transparaître. Adossé au capot de ma voiture, je tourne lentement la tête pour le regarder. Je tire une longue taffe avant de jeter ma clope, puis je croise les bras, aspirant une dernière fois cet air vicié, avant de l'expirer dans un soupir.

— Sois direct. Je ne suis pas un devin pour deviner ce qui te bouffe.

Il se redresse, me fixant comme s'il attendait que je devine ses pensées. Il soupire, se redresse encore, et se place face à moi.

Adriano Où les histoires vivent. Découvrez maintenant