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Rose avait très peu dormi cette nuit. Elle n'arrivait toujours pas à digérer la trahison de son frère et de ses parents. Celle de ses parents passait toutefois mieux que celle de son aîné car jamais de toute son existence, elle ne l'aurait pensé capable de lui cacher quelque chose d'aussi important.
Elle avait passé la journée enfermée dans sa chambre à se morfondre sur son lit ou à lire pour essayer d'échapper à la triste réalité et au malheureux destin qui l'attendait.
Soudain, alors qu'elle était allongée sur son lit, regardant fixement le plafond, elle entendit quelqu'un toquer à sa porte. Pensant que cela ne pouvait être que sa femme de chambre, elle donna l'autorisation d'entrer et c'est son grand frère qui entra et non Margaux.
⸺ Rose ?
À l'énoncé de son prénom, elle s'assit sur son matelas et fut surprise de constater que ce n'était pas Margaux face à elle mais bien son «traître» de frère.
⸺ Vous ? Que faites-vous donc ici ? Dans mes appartements et dans ma chambre ?
⸺ Je suis venu vous parler puisque vous ne m'en avez pas donné l'occasion hier matin.
⸺ Je ne veux pas vous parler. Vous m'avez trahi et c'est tout ce que j'avais besoin de savoir.
⸺ Laissez-moi au moins plaider ma cause... s'il vous plaît Rose. Cette situation me tue à petit feu de l'intérieur. Je n'arrive pas à admettre que nous soyons fâchés.
⸺ Bien, mais faites vite, j'ai beaucoup à faire avant d'aller au bal de ce soir.
Le jeune homme s'avança vers sa sœur et prit place à côté d'elle sur son lit. Il saisit de ses grandes mains celles de Rose avec douceur, avant de la regarder dans les yeux d'un regard profondément désolé.
⸺ Écoutez... Je ne l'ai su que deux jours avant vous. Père et Mère m'ont mis au courant lorsque je rentrais du White. Je leur ai tout de suite exprimé mon désaccord mais ils s'en fichaient. Je leur avais dit que ce n'était pas une bonne idée et que c'était mauvais pour vous et votre anxiété mais ils ne voulaient rien entendre, surtout une en particulier. C'est en partie à cause de Mère que vous êtes promise à cet homme, Père n'était pas des plus déterminés à le faire, c'est elle qui l'a poussé. Cela dit, elle ne l'a pas menacé mais vous connaissez son caractère et sa personnalité. Père se contente seulement de laisser couler et de lui donner raison, de peur de prendre un soufflant.
⸺ Cela ne m'étonne pas. Elle se fiche que je sois heureuse, ce qui l'importe, c'est que je parte de la maison au plus vite. Elle me méprise avec tant d'ardeur que cela ne devrait être permis. Savez-vous ce qu'elle m'a dit la dernière fois que nous nous sommes disputées ?
