Les héritiers du ciel

Pao

La nuit était tombée depuis un moment lorsque je me suis levé de mon lit. Je me glissai hors de ma chambre en essayant de ne pas faire crisser le plancher. Dans le palais, seul le bruit des gardes qui faisaient leur ronde résonnait. Ils se découpaient des ténèbres par leur haute carrure. Je me dirigeai vers la bibliothèque en essayant d'être le plus discret possible. Il ne restait plus que quelques mètres lorsque j'entendis du bruit. Je suis entré dans une chambre vide tandis que les soldats avançaient en discutant. Lorsque qu'ils furent loin, je suis ressorti pour arriver dans une nouvelle pièce. La bibliothèque était immense, de grandes fenêtres faisaient passer la lumière. Les meubles s'allongeaient jusqu'au plafond, contenant divers livres colorés. Dans la lueur froide que la lune dégageait, je me suis mis à la recherche d'un coffre. Il était normalement caché derrière une porte dans le bureau du bibliothécaire. Une fois trouvé, je l'ai ouvert avec difficulté pour trouver des parchemins de toutes sortes. Il s'agissait des courriers royaux, une lettre attira notamment mon attention.

Roi Astérion,

Je vous contacte pour parler de l'Éclipse. Ce royaume étant de plus en plus puissant, il serait conseillé de mettre fin à cette menace. Le royaume nuageux a accepté cette idée, tout comme celui de la Lune. Je vous propose à présent de vous joindre à cette alliance afin de préserver la paix dans nos royaumes. Évidement, mon clan et celui du monarque Saone seront tenus officiellement responsables dans vos royaumes. Veuillez me recontacter lorsque votre décision sera prise.

Cordialement

Hêlios

Mon sang se figea dans mes veines. Mon oncle m'avait menti, avait menti au royaume entier. Il avait bien participé à cette guerre, comme je m'y attendais. Si quiconque l'apprenait, alors il pourrait y avoir une guerre civile. En voulant sortir pour aller me coucher, une voix interrompit mon geste.

-J'espère que vous avez une bonne raison de vouloir me parler dans cette pièce lugubre.

C'était le roi Arcturus. Je le reconnus grâce à son ton grave.

-Oui, vous me voyez navré de vous accueillir dans ces conditions mais je voulais vous parler de votre fille.

Il parlait donc avec mon oncle. Leur sujet de conversation semblait être l'adolescente qui me fixait du regard lorsque l'autre famille royale a débarqué.

-Aveline ? Que se passe-t-il ? Demanda Arcturus, soudainement inquiet.

-Rien de grave, n'ayez crainte. Je suis heureux de voir que vous avez accepté mon idée. Keda s'occupe de tout.

-Votre fils cadet ?

Mon cousin était donc mêlé à cette affaire. Je tendis l'oreille pour entendre la conversation correctement.

-Il s'occupera bien d'elle, soyez-en sûr, j'ai pleinement confiance en lui. Il a d'ailleurs invité Aveline à visiter les jardins avec lui cette nuit. Il connaît son rôle et fera tout ce qui est nécessaire pour que nos deux royaumes deviennent plus puissants.

-Je ne suis toujours pas convaincu par votre plan visant à piéger ma fille, commença le monarque allié.

-Vous auriez préféré l'obliger ? Dans ce cas faites comme bon vous semble. Les gardes vont vous aider à retrouver votre chambre.

Ils partirent et je pus enfin sortir du bureau. Cet accord semblait important, malgré le fait qu'ils jouaient avec les sentiments d'une jeune fille. Je suis parti dans l'autre direction afin de ne pas tomber sur mon oncle. Je suis sorti dehors pour sentir la fraîcheur de la nuit apporté par le vent. Lors de ma traversée des jardins royaux, je pus apercevoir au loin la silhouette d'Aveline. J'ai avancé dans sa direction en comptant l'éviter pour ne pas avoir à subir un interrogatoire. Au dernier moment, je vis du mouvement derrière elle. Sans hésiter, je m'élançai vers elle avant de la plaquer au sol. Étrangement, la chute était plus longue que prévu, je me suis donc tourné pour être le premier à percuter le sol pour amortir sa chute. Aveline criait et se débattait, pensant sûrement que j'étais l'agresseur. La dernière chose que je vis fus le regard de trois adolescents avant de percuter le sol, tête la première.