Soraya

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Nous arrivâmes devant la tente d'Ajou, et je m'arrêtai brusquement, laissant ma mère passer devant moi. Elle écarta le tissu d'un geste assuré et entra. Je la suivis de près, mon cœur battant toujours la chamade.

La scène à l'intérieur n'avait pas changé, mais la présence de ma mère apportait une lueur d'espoir. Elle s'agenouilla auprès de Nisha et prit immédiatement son pouls. Son visage était grave, mais déterminé.

- Ajou, écoute-moi, dit-elle d'une voix calme mais ferme. Ta mère est très mal en point. Nous devons agir vite.

Elle tourna la tête vers moi et, d'un signe, m'ordonna d'aller chercher de l'eau et des bandages. Je me précipitai hors de la tente, laissant derrière moi le tableau déchirant d'Ajou, agenouillé auprès de sa mère, le regard perdu.

Je courus vers le puits au centre du campement, attrapant une cruche en route. En revenant, je fis un détour par la tente de guérison pour prendre des bandages et quelques herbes médicinales que je savais apaisantes.

Quand je revins, ma mère avait déjà déchiré un morceau de sa propre robe pour en faire des bandages de fortune. Elle les prit de mes mains et commença à nettoyer la blessure de Nisha avec une délicatesse surprenante. Ajou, à genoux à côté d'elle, semblait maintenant plus calme, peut-être apaisé par la présence rassurante de ma mère.

- Soraya, prépare une infusion avec ces herbes, ordonna ma mère sans lever les yeux de son travail. Ajou, apporte-moi plus de lumière, il me faut voir précisément où elle est blessée.

Nous obéîmes sans un mot, chacun concentré sur la tâche qui nous était assignée. Le campement, alerté par mon appel à l'aide, s'était réveillé et les gens commençaient à se rassembler autour de la tente, offrant leur soutien en silence.

Lorsque j'eus préparé l'infusion, je la tendis à ma mère qui l'administrait doucement à Nisha. Elle murmura des paroles apaisantes tout en appliquant des compresses imbibées de l'infusion sur les plaies.

La nuit tombait rapidement, et des torches furent allumées autour de nous, projetant des ombres dansantes sur les parois de la tente. La tension était palpable, chaque respiration semblait plus lourde, chaque mouvement plus mesuré.

- Ajou, murmura ma mère d'une voix douce mais ferme, va chercher le guérisseur maintenant. Nous devons stabiliser ta mère jusqu'à ce qu'il arrive.

Ajou hocha la tête, et pour la première fois depuis que nous étions entrés, je vis une lueur de détermination dans ses yeux. Il se redressa, essuya rapidement ses larmes, et sortit de la tente en courant.

Je restai auprès de ma mère, observant ses gestes précis et assurés. Elle était le pilier de notre famille, et dans ces moments de crise, sa force tranquille était notre plus grand réconfort.

Les minutes s'écoulaient comme des heures, et l'attente du guérisseur semblait interminable. Mais ma mère ne faiblissait pas. Elle restait concentrée, surveillant chaque signe de vie chez Nisha.

Enfin, Ajou revint avec le guérisseur, un homme âgé au visage marqué par les années et les batailles. Il s'agenouilla immédiatement auprès de Nisha, prenant le relais de ma mère avec une compétence évidente.

- Vous avez bien fait, Lyra, dit-il après un moment. Elle est stable pour l'instant, mais elle a perdu beaucoup de sang. Nous devons la surveiller de près cette nuit.

Ajou se laissa tomber à côté de moi, épuisé mais soulagé. Je posai une main réconfortante sur son épaule, lui offrant un sourire timide.

- Elle va s'en sortir, Ajou, lui dis-je doucement. Ta mère est forte !

Il hocha la tête, les yeux encore humides, mais une lueur d'espoir commençait à renaître dans son regard.

Tout à coup, ma vision se brouilla et je ressentis une sensation de chute sans fin. Lorsque je rouvris les yeux, je crus avoir perdu connaissance par épuisement. Avant même que je puisse saisir ce qui m'arrivait, je remarquai une jeune fille qui me fixait, assise sur un lit.

Les héritiers du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant