Le roi Saone tonna, sa voix résonnant dans la salle du trône :
- Elios ! Je te dispense de tout le savoir nécessaire pour devenir un bon roi, et tu oses t'adonner à la rêverie ! Quel fils indigne je suis contraint d'avoir !
Je baissai la tête, sous le regard foudroyant de mon père :
- Mais Père..., tentai-je de protester.
- Je te l'ai déjà dit, ne m'appelle pas Père mais Mon Seigneur ! me cria-t-il, sa fureur faisant trembler les chandeliers.
- Mon Seigneur, je vous en prie, écoutez-moi... Ma voix se brisait, mais je tentai de garder mon calme face à sa colère.
Saone me coupa sèchement :
- Il n'y a rien à écouter, Elios. Tu dois apprendre à te comporter en roi, pas en rêveur ! Son visage buriné par les années ne trahissait aucune affection, ses yeux d'un bleu glacial perçant mon âme.
Je levai les yeux au ciel, implorant silencieusement une échappatoire à cette tension suffocante. Saone, mon père, roi redouté du royaume des Nuages, était un homme imposant, sculpté dans le marbre et l'acier.
La porte de la salle du trône s'ouvrit soudainement et ma mère entra, sa présence délicate contrastant avec l'austérité de la scène.
- Saone, je t'en prie, laisse-le s'exprimer, dit-elle doucement, sa voix un baume apaisant.
Le roi se tourna vers elle, son regard durcissant encore davantage.
- Ne t'immisce pas, Aeloria. C'est une affaire entre mon fils et moi.
Ma mère, en revanche, était comme un délicat papillon aux ailes argentées, une mèche bleue vibrant au-dessus de son œil droit tel un éclair dans un ciel d'été.
- Il a besoin de comprendre, mais aussi de rêver, Saone. Laisse-le être un enfant encore un peu.
Saone serra les poings, puis se détourna brusquement.
- Faites ce que vous voulez. Mais ne venez pas vous plaindre quand il échouera, il quitta la salle, sa cape royale flottant derrière lui.
Ma mère posa une main réconfortante sur mon épaule.
- Viens, Elios. Allons sur le balcon.
Nous partagions un secret refuge sur le balcon, où nous échafaudions des rêves d'un monde plus doux et plus libre.
- Ne te laisse pas abattre, mon fils, murmura-t-elle. Un jour, tu pourras faire la différence.
Je regardai les jardins luxuriants s'étendant à perte de vue.
- Je veux régner avec justice et compassion, maman. Pas comme lui.
Elle sourit doucement.
- Et tu y parviendras. Mais pour cela, il te faut du courage et de la patience.
Soudain, une silhouette furtive traversa le jardin en contrebas. Intrigué, je scrutai la pénombre.
- Regarde maman, chuchotai-je. La personne, vêtue d'une longue cape sombre, se faufilait silencieusement entre les statues, disparaissant rapidement dans un bosquet dense et obscur.
Ma mère fronça les sourcils.
- Qui pourrait être aussi imprudent pour se glisser ainsi dans les jardins royaux ?
Un frisson me parcourut l'échine.
- Je veux enquêter.
- Non, Elios. C'est dangereux, dit-elle, son ton inquiet trahissant sa protection envers moi.
Mais la curiosité et une pointe d'insouciance, rare chez moi en présence de la pression paternelle, me gagnèrent.
- Je dois savoir. Je ferai attention, je te le promets.
Ma mère voulut protester mais avant qu'elle est eut le temps d'ouvrir la bouche, je lui glissa :
- Tu n'as pas de quoi t'inquiéter tant que je reste dans l'enceinte du palais et je ne pars pas en mission, seulement je veux savoir quelque chose.
Elle me regarda encore des ses yeux inquiets mais je me leva d'un bond et partit en courrant en lui criant :
- Demain je serai là !
Attendant la tombée de la nuit, je me glissai hors de ma chambre, l'esprit embrasé par le mystère et une excitation frémissante. La pénombre enveloppait le palais, et je me dirigeai silencieusement vers les jardins, prêt à découvrir qui était cet intrus et ce qu'il voulait.
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Les héritiers du ciel
FantastiqueDans un monde où quatre royaumes coexistent et qu'un est oublié, un pouvoir ancien et mystérieux sommeille, attendant d'être révélé aux élus. Pao, Aveline, Soraya, Sunniva et Elios, cinq adolescents aux origines et aux personnalités diamétralement o...