Soraya

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Je le fixais intensément, cette voix... cette voix... je l'avais déjà entendue. Une vague d'émotions contradictoires m'envahit; de la peur, de la colère et une profonde tristesse. Je cherchais un ancrage dans ce tourbillon, et mes yeux se posèrent sur Pao, celui qui semblait le plus débrouillard ici. Il tourna lentement la tête vers moi, et ses yeux violets, brillants d'incertitude, rencontrèrent les miens. Une demi-seconde suffit pour comprendre que ni lui ni moi ne savions quoi faire.

Mais Sunniva, toujours aussi intrépide, brisa le silence avec assurance :

- Qui êtes-vous ?

L'homme mystérieux esquissa un sourire hésitant, comme s'il pesait ses mots avec soin avant de répondre :

- Je suis..., il marqua une pause dramatique, vous le saurez bientôt, mais pour l'instant, tout ce que je peux vous dire, c'est que quelqu'un ici me connaît, me connaît bien.

Un frisson glacé parcourut la pièce. Nous échangeâmes des regards anxieux, cherchant à deviner qui parmi nous pouvait bien le connaître. Au fond de moi, une certitude grandissait : c'était moi, mais je n'arrivais pas à mettre un nom sur ce visage.

Le silence devint oppressant, chaque seconde s'étirant en une éternité. La lumière vacillante des torches jetait des ombres inquiétantes sur les murs de pierre, ajoutant à l'ambiance déjà tendue. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles, comme un tambour de guerre annonçant une bataille imminente.

- Nous sommes ici pour une bonne raison, n'est-ce pas ? osai-je dire, la voix tremblante.

Sunniva, avec son habituelle désinvolture, répondit immédiatement, sa voix tranchante comme une lame :

- Non, pour lancer des bananes ! railla-t-elle avec un sourire narquois.

C'était une question rhétorique, madame je-ne-sais-pas-tenir-ma-langue ! J'espérais qu'il nous en dirait plus !

Elle leva les yeux au ciel et éclata de rire, moqueuse.

- Oh la la, Madame je-sais-tout veut encore faire ses preuves, dit-elle en appuyant sur le "je sais tout" et en levant les yeux au ciel.

Elios, agacé par l'attitude de Sunniva, donna un coup de coude à cette dernière, qui lui lança un regard noir, ses yeux flamboyant de colère contenue. L'air semblait chargé d'électricité, prêt à éclater à tout moment.

L'homme à la capuche prit alors la parole, sa voix résonnant avec une autorité qui imposait le silence :

- Si je peux me permettre, j'ai quelque chose à vous dire. Je ne vais pas tout vous révéler, mais sachez seulement que le royaume est en danger : la zizanie va s'installer.

Il abaissa alors sa capuche, révélant un visage marqué par le temps et les épreuves. Les rides racontaient une histoire de luttes et de secrets enfouis. La révélation me frappa de plein fouet. Ses traits, maintenant éclairés, réveillèrent des souvenirs douloureux enfouis.

Je me sentis vaciller, comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Mes pensées tourbillonnaient, des fragments de mémoire émergeant à la surface de ma conscience. Je voyais des scènes floues, des moments avec cet homme, des pleurs, beaucoup de peur et de la colère dans ce monde injuste. Mais après arrivait souvent les remerciements et les rires de joies ou une tristesse immense, profonde.

L'homme nous laissa là, perdus dans nos pensées, assaillis par une multitude de questions sans réponses. Il recula lentement, toujours face à nous, et la porte derrière lui s'ouvrit miraculeusement, comme si une force invisible avait anticipé son départ. Sans un mot de plus, il disparut.

La porte se referma derrière lui avec un claquement sec, laissant un silence lourd et oppressant. Je sentais les regards de mes compagnons peser sur moi, chacun attendant que je mette des mots sur ce que nous venions de vivre.

Je ne pus retenir un murmure, une vérité que j'avais refoulée :

- Edros...

Les héritiers du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant