Chapitre 17

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Alors qu’elle empilait et préparait ses bagages, Jamie eût le cœur serré. Tant d’événements mémorables, des personnes chaleureuses et de tranquillité, tout cela n’allait plus être qu’un souvenir qu’elle aurait eût le plaisir d’ancrer dans son esprit. Quand elle eût fini, elle s’assit sur le lit et eût un regard vide avant de fixer le bouquet d’anémone qu’elle avait posé sur la table.

C’était en effet le même bouquet que Collin lui avait offert avant d’avoir fui la librairie. Elle ne savait pas quoi en faire. Entre l’emmener avec elle à Green Hill et le laisser ici, elle ne pouvait choisir. Ce bouquet représentait certes une valeur sentimentale. Elle lui rappelait Collin ainsi que sa relation avec lui, mais sa détérioration le long du trajet serait inévitable. En quoi garder un bouquet détérioré serait-il bon ? Dans son indécision, elle aurait espéré pouvoir trouver une solution d’ici le jour-j.

Dès les dernières marches de l’escalier, elle pouvait déjà entendre le son d’une guitare et des voix chantonnant au rythme de la musique. Arrivée sur la terrasse, elle ne vit que Janice, Rose, Terrence (un des serveurs et fidèle barman par intérim de Collin) et deux autres personnes qu’elle n’eût pas encore le plaisir de rencontrer.

Aucune trace de Collin. Peut-être était-il tout simplement à la cuisine ? Ou qu’il n’est pas encore là ? Ou qu’il ne viendra pas tout court. Elle senti une pointe d’inquiétude et de déception venir s’emparer d’elle au fur et à mesure qu’elle se dirigeait vers les autres.
Janice lui tendit une bière, puis lui présenta le reste des personnes qui lui était encore inconnues. Il s’agissait de Nick, son mari et de leur fille, Raphaëlle âgée de deux ans. Jamie fit leur connaissance et complimenta le joli minois de leur fille avant de s’installer sur un des sofas auprès de Rose alors que Nick lui retournait vers le parapet pour s’amuser avec la lune et les étoiles pour le plaisir de sa fille.

Terrence, lui, était responsable de l’ambiance musicale avec la guitare qu’il manipulait d’une fluidité professionnelle. Alors que les heures passaient et qu’ils entamaient leur troisième chanson, Collin fit enfin son apparition. Il était bien, toujours bien, dans sa personne comme dans sa dégaine, à l’exception de l’autre jour. Il salua tout monde y compris Jamie. Sa présence était un soulagement pour elle. Rien que le sourire qu’il lui offrait été suffisant pour emballer son cœur en proie contre sa raison. A la vue de son oncle, Raphaëlle le réclama et accouru vers lui pour qu’il la prenne dans ses bras, ce qu’il fit d’ailleurs.
Janice habitait presque en centre-ville, mais étant donné que Collin ne sortait de Chaston que pour réapprovisionner la libraire et le lunch-bar et ce, une fois par mois, il la voyait donc très rarement, y compris Nick.
Ses mains étant invalidées par sa nièce, Janice lui décapsula une bouteille de bière et tous se réunirent autour de la table ou différents en-cas avaient été prédisposés.

Terrence entama ensuite une chanson de « Blind melon – No rain » qu’ils avaient tous chantonné en chœur, rythmés par le tapement de leurs mains. Ils chantaient, se taquinaient entre eux, riaient à en pleurer, s’amusaient parfois avec Raphaëlle à tour de rôle pour éviter que l’alcool ne prenne le contrôle de leur corps. C’étaient un moment de joie, de partage et encore une fois mémorable pour chacun d’entre eux. Dans cette multitude d’émotions, Collin et Jamie s’échangèrent parfois de brefs regards tantôt tendres, tantôt timides, comme de jeunes adolescents ayant découverts pour la première fois leur attraction réciproque. Ce dû être dans ce concept que le fameux adage « L’amour n’a pas d’âge » ait vu le jour, se disait-elle. Que les autres les ait remarqué ou non les importaient peu ; ils voulaient ancrer l’image de l’un comme de l’autre dans chacun de leur esprit parce que dans quelques heures ils n’en auraient peut-être plus l’occasion.

Elle (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant