Chapitre 21

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Les jours passèrent et Chaston redevînt une ville aussi normale et standard que toute autre. Le soleil brillait d’aplomb, les gens suivaient leurs propres routines habituelles, routines dont Collin ne faisait pas exception. Il s’occupait de sa librairie, gérait le bar, animait les soirées open mic avec ses exquis goûts musicaux. Tout semblait normal et léger même après les jours et semaines suivant le départ de Jamie. Il parlait peu voire jamais d’elle, il s’en tenait à son travail et semblait tranquille. Mais à travers cette façade d’homme joyeux et d’insensible, Janice, elle, le connaissait bien. Dans cette éviction siégeait une envie irrépressible d’évacuer, d’exprimer pleinement ses états d’âme et de s’alléger. Mais Collin était un homme ; peut-être ce qui le permettait de rester debout derrière ce masque c’était sa fierté et son égo, les deux péchés que sa sœur ne manquait pas de remarquer.

Elle avait décidé de passer un week-end après-midi chez lui. Assise sur la véranda en compagnie de son frère, elle ne manqua pas de lui faire part un élément ayant interpellé sa curiosité à son arrivée.

- Tu ne l’as toujours pas ouvert ?

- De quoi ?

- Ton cadeau.

Il se tu, ne voulant pas poursuivre la conversation, même s’il savait que Janice serait persistante sur le sujet.

- Pourquoi tu ne l’as jamais ouvert ?

- Janice je vais bien, si c’est là où tu veux en venir.

- Collin, on t’attribue beaucoup de qualificatifs, mais « menteur » n’en fait pas partie.

- Il y a des choses dont je n’aime pas discuter, mais ça ne veut pas dire que je mens.

- M’inquiéter pour toi n’est pas un péché.

- Tu as raison c’est une vertu au contraire.

- Vous vous êtes appelés depuis ?

- Du tout.

- Et pourquoi ?

- Occupés, je suppose.

- Vraiment ?

- Je ne sais pas. Et de toute évidence tu me connais  appelez pour ne rien dire ce n’est pas trop mon délire.

- Hm. Et la connaissant elle, je ne doute pas non plus qu’elle pense la même chose que toi, elle conclut avant de prendre une gorgée de son thé. Faut croire que les grandes âmes se rencontrent enfin. Ce que vous pouvez être têtus vous les jeunes d’aujourd’hui.

- Hé, t’es ma petite sœur je te rappelle, il lui donna un gentil coup de pied à la jambe alors qu’ils étaient assis l’un en face de l’autre sur les canapés opposés.

- En année civil oui, tu me dépasses de trois ans.

- Qu’est ce tu me racontes encore…

- Bah oui ! Tu ne savais pas ?

- Savoir quoi ? 

- Qu’il y a l’âge mental et l’âge civil. On peut avoir trente ans d’âge civil, mais cinq ans d’âge mental.

- Donc selon toi, j’ai un QI de gosse ?

- Et un retard de développement psychique.

- Je ne savais pas que le thé et l'alcool te faisaient le même effet.

- Va chier, Collin.

Leur petit échange taquin leur apporta une brève atmosphère détendue. 

- D’une part, c’est bien qu’elle soit partie. On a besoin de cette distance pour mieux réfléchir. Ça nous fera du bien, enfin j’espère.

Elle (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant