Chapitre 06

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Depuis son arrivée à Chaston, voilà maintenant quelques jours, Jamie eût l'occasion de faire connaissance avec certains résidents, qu'ils aient été jeunes ou âgés. Et tous partageaient deux points communs avec Collin : ils étaient à la fois serviables et plaisants de compagnie. De temps à autres, elle recevait des coups de fil de ses collègues ou de son père ou même de ses amis extra-professionnels avec lesquels elle pouvait raconter ses découvertes locales et partager ses états d'âmes. Elle s'y plaisait, c'était pleinement flagrant et rien que de penser au fait qu'elle n'allait plus y séjourné pour longtemps lui fendait le cœur.

Pour la journée, elle se décida à faire un tour à la librairie du coin, un endroit parmi tant d'autres qu'elle se devait de visiter. Elle poussa la porte d'entrée, regarda de droite à gauche à la recherche d'une quelconque présence autre que la sienne avant qu'une voix féminine et enthousiaste l'accueillit.

- Bonjour ! Bienvenue, que puis-je faire pour ...Oh mais vous êtes Jamie ! Jamie Allen ! Oh mon Dieu ! Je n'arrive pas à croire que vous êtes à Chaston !

Dans sa surprise, Jamie ne put que lui offrir un humble sourire. Elle avait croisé bon nombre de gens déjà et aucun d'entre eux n'avait réagi de la même façon que cette femme. Pour d'autres, sa personne leur disait quelque chose - écrivaine, chanteuse, présentatrice d'émission, et tant d'autres formes de célébrités - et elle se devait de les rectifier humblement pour ne pas prêter à confusion, mais l'histoire s'arrêtait là.

- Excusez-moi, je ne voulais pas non plus vous mettre mal à l'aise, la libraire poursuivit. Oh je suis trop contente de faire enfin votre connaissance pour de vrai ! Ce doit être un rêve. S'il vous plaît, pincez-moi que je sache si je suis en train de tout imaginer ou pas.

- Je ne pense pas qu'on aie besoin d'aller jusque là pour confirmer que c'est belle et bien la réalité.

- Oh mon Dieu ! C'est juste que ce n'est pas tous les jours qu'on reçoit la visite d'une personnalité telle que vous à Chaston, d'autant plus que je suis une grande amatrice de vos œuvres.

Une personnalité telle qu'elle ? Pour être plus honnête, Jamie n'était pas non plus Frida Kahlo ni Cindy Sherman. Elle n'était qu'une piètre peintre connue certes pour le surréalisme de ses œuvres, mais pas au point de faire trembler le monde.

- Je suis très flattée, ça me fait vraiment plaisir d'entendre ça, fut tout ce que Jamie pu répondre.

- Où sont mes manières ! Bref ! Dites-moi comment je peux vous aider ? la jeune femme reprit en regagnant son professionnalisme.

- Je cherche des romans policiers, je me demandais si vous en vendiez ici.

- Oui bien entendu ! Vous êtes au bon endroit ! Venez, je vous montre où c'est, la libraire la dirigea vers le rayon correspondant. Voilà ! J'espère que vous trouverez ce dont vous avez besoin. Vous cherchez un roman en particulier ?

- Non, pas tout à fait. Je suis aussi amatrice dans le domaine. Je vais juste y aller à l'instinct si vous voyez ce que je veux dire.

- Bien sûr. Je serais au comptoir si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- C'est noté, merci beaucoup, la peintre répondit en lui rendant son sourire.

Jamie scrutait les livres les uns après les autres, lisant les synopsis de ceux qui lui semblaient intriguant. Elle explora de rayon en rayon chaque catégorie et ce ne fut qu'au bout de quelques minutes de réflexion, d'indécision et d'hésitation qu'elle empoigna trois des livres qu'elle avait survolé avant de rejoindre la libraire.

- Alors ? Vous avez trouvez ce qu'il vous fallait ?

- Oui ! Je l'avoue j'ai eu du mal, mais je m'en suis sortie, Jamie répondit avec une pointe de fierté en posant les livres sur comptoir.

Alors que la libraire faisait les comptes, une autre voix, masculine cette fois-ci, surgit.

- C'est bon ! J'ai fini mon inventaire.

Jamie se retourna pour mettre un visage à la voix qui lui semblait familière et quelle fut sa surprise quand la carrure qui se dirigeait vers elle n'était autre que celle de Collin, certes dans une tenue plus décontractée que celle d'il y avait trois jours : un bermuda de couleur bleue marine, une chemise en laine blanche sur le col duquel était accrochée ses lunettes de soleil et une paire d'espadrilles assortie à son bermuda. Il était bien dans cette tenue, pour ne pas dire qu'il était toujours bien peu importe ce qu'il portait.

Collin de son côté pouvait clairement lire l'ébahissement qui occupait la totalité du massif facial de Jamie. Etait-ce peut-être parce qu'ils ne s'étaient pas croisés depuis leur dernière rencontre ou peut-être aussi qu'elle ne s'attendait tout simplement pas à le recroiser dans cette librairie et dans une tenue aussi fraîche.

Elle (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant